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Liaison, 25 mai 2006
Honorée par la section régionale de l'Ordre des
ingénieurs
Bénédicte Thérien, femme de valeurs
ROBIN RENAUD
Les femmes doivent investir davantage la profession d'ingénieur, et les
ingénieurs eux-mêmes doivent être plus sensibles aux questions sociales et
environnementales. Voilà qui résume la pensée et les valeurs que défend
Bénédicte Thérien, coordonnatrice de la maîtrise en environnement et chargée
de cours, qui vient de recevoir le Prix distinction-Femmes en ingénierie
remis par la section des Cantons-de-l'Est de l'Ordre des ingénieurs du
Québec. Flattée par une telle reconnaissance, Bénédicte Thérien y voit aussi
une opportunité de sensibiliser ses collègues aux valeurs qui lui tiennent à
cœur.
Engagement social
Bénédicte Thérien s'est distinguée parmi quelques centaines d'ingénieures
de la région en actualisant de façon exceptionnelle les valeurs de
l'ingénieur qui sont la compétence, la responsabilité, l'engagement social
et le sens de l'éthique. Lors de la remise du Prix, on a souligné sa
participation en haut lieu dans la gestion de projets de coopération
internationale en Amérique latine, ainsi que sa gestion de trois centres de
compostage et de valorisation de matières résiduelles. Au-delà de sa
profession, la lauréate est aussi très engagée socialement. Elle a œuvré à
titre de bénévole au sein de plusieurs organismes tels Estrie Zone Verte, la
maison d'hébergement des jeunes la Source Soleil, le Carrefour solidarité
internationale, Amnistie internationale et Oxfam-Québec. Elle a aussi
participé à l'organisation du premier salon de l'environnement qui a eu lieu
à l'Université de Sherbrooke.
Femmes en génie
Recevant son prix, Bénédicte Thérien a exprimé le souhait de voir plus de
femmes dans les métiers du génie. «Actuellement, il y a environ 10 % des
ingénieurs qui sont des femmes. Pourtant, on a la chance de vivre dans un
pays qui offre la possibilité aux femmes d'étudier et de choisir le métier
qui leur plaît. Dans certains pays, les jeunes filles n'ont même pas accès à
l'école», souligne-t-elle. Elle croit qu'il faut encourager les filles à
s'intéresser à la profession, et elle estime que la situation est en voie de
s'améliorer : «On voit de plus en plus de femmes choisir des métiers qui
traditionnellement étaient considérés comme des bastions masculins. C'est le
cas en droit et en médecine. De plus, les filles occupent de plus en plus de
place dans les effectifs étudiants à l'Université. On peut donc espérer une
augmentation de leur nombre en génie.»
Sources d'inspiration
Quand elle parle d'engagement environnemental, Bénédicte Thérien dit
prendre exemple sur Laure Waridel du groupe Équiterre. Elle a d'ailleurs
invité ses collègues à prendre connaissance des écrits de cette dernière.
«Un ouvrage comme Acheter, c'est voter nous sensibilise à
l'importance du partage de la richesse et du développement social à travers
des gestes concrets. On entend abondamment parler de développement durable
ces temps-ci. Il faut toutefois aller plus loin que des simples discours.»
Elle prône donc l'intégration des valeurs sociales et environnementales dans
la pratique des ingénieurs. «Selon moi, un ingénieur qui travaille, par
exemple, à un projet dans un pays en voie de développement, devrait prendre
en compte la sécurité et la santé des populations locales si les lois du
pays sont peu sévères.» Les actions concrètes et l'ouverture aux autres
comptent beaucoup pour Bénédicte Thérien, qui conclut son propos en citant
deux fois le grand physicien Albert Einstein : «Il est plus facile de
désintégrer un atome qu'un préjugé», disait-il, et «les grands problèmes de
notre ère ne seront pas résolus par la même pensée que celle qui les a
créés».
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Bénédicte Thérien, coordonnatrice de la maîtrise en environnement a
été honorée récemment par la section régionale de l'Ordre des
ingénieurs du Québec
Photo : Roger Lafontaine |