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Liaison, 4 mai 2006
Découvertes livres
Critique invitée : CAROLINE PAUL
Étudiante en administration
Le siècle de Jeanne, Yvon Rivard
Avec ce roman, nous entrons dans l'univers d'Alexandre, un
écrivain de 50 ans. Une histoire que l'on pourrait qualifier de
questionnement de la cinquantaine, sans nécessairement dire que c'est une
crise.
Nous sommes témoins des nombreux questionnements d'Alexandre
sur la vie, l'amour et surtout sur la mort. Yvon Rivard a voulu nous faire
voyager à travers les mille et un visages de la mort qui entoure la vie d'un
être humain. Nous amener dans une quête existentielle de la vie pour
échapper à la fin; la fin de la vie, mais aussi la fin de l'amour, d'une
histoire, du passé. Alexandre semble bien malgré lui pris entre deux feux,
entre deux moments, deux histoires, finalement, entre son passé et son
futur. Il hésitera longuement avant de trouver le bonheur, la source, la
réponse dans l'amour et surtout dans les instants présents de sa
petite-fille Jeanne.
Alexandre, maintenant devenu grand-papa, apprend à aimer, à
vivre, à exister avec la petite Jeanne. Celle-ci se trouve à être le moteur
de cette remise en question, de cette lutte contre l'existence même. Cet
amour inconditionnel ramène Alexandre vers une prise de conscience
importante, sur les erreurs qu'il a commises et sur les gestes qu'il aurait
dû poser à tel moment ou avec telle personne.
Par exemple, Jeanne a tellement d'influence sur Alexandre que
par amour pour elle, malgré moult tentatives sans succès, il réussit à
cesser de fumer par affection profonde pour elle, pour pouvoir tout
simplement la regarder le plus longtemps possible grandir et devenir une
femme.
À travers le roman, on découvre les quatre femmes de sa vie :
Jeanne; Alice, sa fille; Françoise, la mère d'Alice et son ex; puis
finalement Clara, le deuxième grand amour de sa vie. Le point commun avec
toutes les femmes d'Alexandre, hormis sa petit-fille, c'est qu'elles sont
empreintes par la douleur, le mal-être et la proximité de la mort, avec
laquelle elles jouent. Alexandre, sans le vouloir, se sent responsable de
ses femmes, même jusqu'à s'oublier.
Le siècle de Jeanne d'Yvon Rivard a remporté le Grand Prix du
livre de Montréal 2005, mais ce n'est pas pour cette raison que vous devriez
prendre quelques heures pour déposer vos yeux sur ces 399 pages, mais bien
parce qu'il présente un voyage à travers l'intensité humaine. Après sa
lecture, vous aurez envie de retrouver l'enfant en vous pour vous remettre à
vivre dans l'instant présent, comme le fait si bien la petite Jeanne, pour
oublier que la mort nous guette et qu'elle est inévitable.
Le siècle de Jeanne fait partie d'une trilogie puisqu'il fait
suite aux Silences du corbeau (1986, Prix du Gouverneur général) et
au Milieu du jour (1995, Grand Prix du livre de Montréal). Ce roman
est le cinquième de l'auteur.
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