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Liaison, 4 mai 2006

 

 
Les professeurs Ferdinand Bonn, Donald Thomas, Suzanne Comtois et Olivier Thomas ont pris part au débat sur l'avenir du parc national du mont Orford.  

Les professeurs Ferdinand Bonn, Donald Thomas, Suzanne Comtois et Olivier Thomas ont pris part au débat sur l'avenir du parc national du mont Orford.

Photo : Roger Lafontaine

 


Privatisation d'une partie du mont Orford

Des profs réclament un temps d'arrêt

ROBIN RENAUD

Des professeurs de plusieurs facultés estiment qu'un temps d'arrêt est nécessaire pour évaluer les impacts potentiels de la privatisation d'une partie du parc national du mont Orford. Le gouvernement provincial souhaite vendre à des intérêts privés les terrains de la station de ski et du golf, et promet en contrepartie d'agrandir le parc. Or, les conséquences environnementales de cette décision ne sont pas connues, ont laissé entendre les participants à un débat sur l'avenir du parc, le 21 avril. La rencontre était organisée par l'Observatoire de l'environnement et du développement durable.

Protéger des écosystèmes

Le doyen de la Faculté des sciences, Donald Thomas, a exprimé son opposition au projet à titre d'écologiste. «Le dossier Orford n'est ni émotif ni strictement régional. Si la privatisation d'une partie du parc va de l'avant, les conséquences risquent de se répercuter dans d'autres régions. Le mont Orford est l'une des plus hautes montagnes de l'Estrie et donc, l'une des seules à présenter des transitions de végétation et de géographie qui est typique de cette région. Les terrains en basse altitude qui sont proposés en échange n'ont certainement pas les mêmes caractéristiques de gradation verticale.» À titre individuel, le professeur Thomas juge donc indéfendable la proposition de vente de terrains au privé et se demande quelle est la valeur d'une loi qui défend les parcs si elle peut être contournée par une loi spéciale.

Un choix social

Le géographe Ferdinand Bonn estime pour sa part que les Québécois sont placés devant un dilemme, à l'égard de la redéfinition même des parcs nationaux. «On a toujours fonctionné avec un système qui prévoit l'existence d'une part de parcs de conservation et d'autre part de parcs de récréation, explique le professeur. Orford est un parc qui a les deux vocations. Or, les activités de récréation que sont le ski et le golf sont très destructives pour la nature. L'aménagement des pentes de ski amène une érosion plus rapide et la sédimentation des cours d'eaux, tandis que le golf emploie des quantités importantes de pesticides. Bref, on est placé devant un choix social quant au type de parc que l'on veut privilégier.»

La professeure de droit Suzanne Comtois, qui milite au sein de la coalition SOS parc Orford, demande de son côté le respect de la loi qui protège le parc national. «Le parc Orford a été créé à l'initiative de gens de la région en 1938. Le gouvernement a tous les pouvoirs pour défendre l'intégrité écologique du parc et c'est le rôle qu'il doit tenir. Il doit garder une attitude cohérente dans la défense des réserves naturelles. En ouvrant la porte à une privatisation, il risque de faire en sorte que nos richesses collectives deviennent l'enjeu de pressions commerciales.»

Conséquences environnementales

Le directeur de l'Observatoire de l'environnement et du développement durable, Olivier Thomas, a appelé lui aussi le gouvernement du Québec à une plus grande cohérence politique, en rappelant l'adoption récente de la loi 118 sur le développement durable. «Cette loi, dit-il, établit le principe de la participation et de l'engagement des acteurs concernés en matière de développement durable. Or, dans le dossier Orford, il est clair que la décision est unilatérale et ne tient pas compte du point de vue de plusieurs des acteurs concernés.»

Le débat a aussi été l'occasion de se questionner sur les conséquences environnementales de la construction de centaines de condominiums au pied des pentes de ski. En réponse à une question du public, le professeur Ferdinand Bonn a laissé entendre qu'un tel projet risquait fort de contribuer à l'étalement urbain, de compliquer la gestion des eaux de surface et d'augmenter la circulation automobile. Olivier Thomas a plus tard évoqué que les coûts environnementaux avaient été ignorés jusqu'à maintenant. «Si on tenait compte des coûts environnementaux de la vente de la montagne et de la construction des condos, on verrait rapidement que ce bilan serait très négatif, pas pour tout le monde, mais pour la société certainement. Si on avait les moyens de faire une étude, je crois qu'on pourrait le démontrer facilement.»

Temps d'arrêt demandé

À la suggestion d'un spectateur membre d'une association environnementale, les participants à la rencontre ont tablé sur la nécessité d'amener le gouvernement québécois à prendre un temps d'arrêt pour éclairer davantage le débat et mûrir la décision. Dans sa conclusion, Ferdinand Bonn a semblé rallier l'opinion de plusieurs participants. «La question du mont Orford est complexe et mérite une réflexion saine. Notre rôle d'universitaires nous engage à prendre part à cet exercice et nous pouvons certainement contribuer à évaluer les conséquences du projet, et amener la collectivité à prendre une décision réfléchie et objective.»

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