Liaison, 13 avril 2006
La ténacité d'un athlète olympique
STÉPHANIE RAYMOND
Difficile de croire qu'Emanuel Parris ne courait pas encore il y a cinq
ans, alors qu'il vient de gagner une médaille de bronze aux Jeux du
Commonwealth au relais 4 x 100 m. Difficile de penser qu'il ne parlait
presque pas français à son arrivée à l'Université en 2004. Et difficile de
concevoir qu'il est peut-être le seul athlète de ce niveau en athlétisme à
étudier à temps plein. Volontaire, l'étudiant au baccalauréat en
enseignement en éducation physique et à la santé? Comme un athlète
olympique.
Le spécialiste du 200 m a débuté l'athlétisme en 2001, comme
passe-temps. «Je voulais battre ma sœur, qui gagnait toutes les
compétitions régionales, car elle courait plus vite que moi.» C'est
seulement en 2004 qu'il a commencé à prendre la compétition au sérieux.
Originaire d'Etobicoke en Ontario, Emanuel a d'ailleurs connu
l'Université de Sherbrooke en participant aux championnats NACAC en 2004.
«J'avais fait auparavant une année universitaire aux États-Unis, mais on
me traitait seulement comme quelqu'un qui pouvait accumuler des points
pour l'équipe. J'ai décidé de venir à Sherbrooke pour avoir plus de
contrôle sur mes études et sur mes entraînements, et parce que mon
entraîneur à Toronto connaissait Richard Crevier, coordonnateur du
programme d'athlétisme du Vert & Or.»
C'est aussi pour avoir un diplôme en français qu'Emanuel Parris a
déménagé ses pénates ici. «En tant qu'anglophone, cela me donne un plus»,
explique-t-il. Et il ne regrette pas son choix : «Richard Crevier m'a
accueilli les bras grand ouverts. Ici, je suis traité comme une personne,
et on veut que je réussisse mes études et ma vie en général aussi bien que
mes performances sur la piste. Et j'ai un pouvoir de décision sur la façon
dont je m'entraîne.» Cette méthode a porté fruit. «Je me suis beaucoup
amélioré. Je suis moins lourd et j'ai un meilleur départ. Les gens qui
nous entourent peuvent avoir une grande influence, positive ou négative,
sur nous. Ici, ce fut toujours positif», a souligné l'étudiant.
Malgré ses succès répétés, les commanditaires ne se bousculent pas à la
porte. «Je suis étudiant à temps plein, alors pour eux je n'ai pas assez
de temps pour me consacrer à mon sport. Sauf pour les compétitions
universitaires, je n'ai rencontré personne dans les compétitions de haut
niveau en athlétisme qui étudiait à temps plein comme moi.»
Étudier en français lorsqu'on est anglophone
Après un certificat multidisciplinaire qui lui a permis de maîtriser le
français, Emanuel Parris a commencé en septembre 2005 un baccalauréat en
enseignement en éducation physique et à la santé. «Tout va bien, même si
je trouve encore difficile de prendre des notes quand le professeur parle
vite. Mais je comprends tout, et je pense même en français maintenant.»
Les ambitions professionnelles d'Emanuel? «Je veux entraîner des
athlètes de haut niveau en athlétisme : chercher de nouvelles recrues, les
développer. J'ai vu comment on traitait les athlètes aux États-Unis, et je
voudrais améliorer les façons de faire.»
Objectif : une médaille aux Jeux olympiques de 2008… et de 2010
Après son expérience de médaille aux Jeux du Commonwealth, Emanuel ne
rêve que d'une chose : une médaille aux Jeux olympiques de 2008 à Pékin.
«J'irai aux Olympiques pour gagner une médaille, affirme-t-il. Si je n'ai
pas de chance d'en remporter une, je ne sais pas si ça m'intéressera d'y
aller.»
Et comme si ce n'était pas suffisant, l'athlète rêve également de
représenter le Canada aux Jeux olympiques d'hiver de 2010 à Vancouver… en
bobsleigh. Car il fait aussi du bobsleigh? «Non, mais je m'y mettrai. Les
gars qui poussent derrière sont souvent d'anciens champions d'athlétisme.»
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