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Liaison, 13 avril 2006
Pierre Hébert lance le Dictionnaire de la censure au
Québec
Censurés pour motifs politiques, religieux ou moraux, plusieurs
publications et films se sont vu interdire en partie ou en totalité au
cours de l'histoire du Québec. Le professeur de littérature Pierre Hébert
a lancé le 7 avril à Montréal son dernier ouvrage, le Dictionnaire de
la censure au Québec – Littérature et cinéma. Véritable somme de
toutes les publications ainsi que des principaux films censurés de 1625 à
nos jours, ce dictionnaire s'adresse à tous les amoureux de la littérature
et du cinéma, bien sûr, mais aussi aux amateurs d'histoire, de sociologie
et de politique.
«Le sujet de la censure nous met au confluent des forces sociales et
économiques régissant une société, indique Pierre Hébert. L'ouvrage fait
état de tous les cas connus de censure en littérature au Québec, ainsi que
d'un choix de cas de censure en cinéma, et finalement des cas
incontournables de censure culturelle, par exemple l'exposition Corridart
bannie par le maire Jean Drapeau lors des Jeux olympiques de 1976 à
Montréal, explique le professeur. En tout, nous traitons environ 300 cas.»
Le projet de dictionnaire de la censure, débuté en 2000, fait suite à
deux publications de Pierre Hébert, Censure et littérature au Québec –
Le livre crucifié 1626-1919 et Censure et littérature au Québec –
Des vieux couvents au plaisir de vivre, 1920-1959. Le dictionnaire a
été réalisé en collaboration avec Yves Lever, spécialiste du cinéma
québécois, et Kenneth Landry, spécialiste de littérature.
Les entrées du dictionnaire comportent les titres des œuvres censurées,
les noms de certains joueurs importants – censeurs ou auteurs censurés –
et même des motifs, ou thèmes, de censure. Sous chaque titre d'œuvre se
trouve une description de l'œuvre et l'histoire de cette censure. Une
chronologie de toutes les œuvres recensées complète l'ouvrage.
La censure, c'est quoi?
Qu'entend-on exactement par œuvre censurée? «Cela signifie que
l'ouvrage a été interdit par l'Église ou mis au ban par les pouvoirs
politiques, qu'il a été coté mauvais par la revue Lectures
entre 1946 et 1965 ou, enfin, qu'il a fait l'objet de poursuites
judiciaires, le plus souvent pour obscénité, explique Pierre Hébert.
Aujourd'hui, la censure a toujours lieu, mais elle s'exerce de manière
plus locale, par des groupes de pression divers, des groupes politiques,
des groupes de parents, etc.»
Le Dictionnaire de la censure au Québec rejoint ses homologues
publiés aux États-Unis et en France notamment. Une soixantaine de
collaborateurs ont contribué à donner naissance à l'ouvrage, dont
plusieurs étudiants des cycles supérieurs.
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