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Liaison, 23 mars 2006
Entrevue avec le doyen Marc Dumas
La Faculté de théologie, d'éthique
et de philosophie ouvre ses portes
au changement
KARINE BERNIER
D'abord enseignant à l'Université du Québec à Trois-Rivières, Marc Dumas
a fait le grand saut à l'Université de Sherbrooke en 1994 pour y enseigner
la théologie fondamentale et la christologie. Professeur émérite et
chercheur reconnu, il est devenu doyen par intérim de la Faculté de
théologie, d'éthique et de philosophie (FATEP) en 2001 et en 2003, pour
ensuite en prendre les rênes en juin 2005. Depuis, on peut dire que le
nouveau doyen n'a pas perdu de temps. En plus d'avoir implanté une
restructuration administrative majeure à la Faculté dite tricéphale, il a
instauré de nouvelles façons de procéder afin d'améliorer sa gestion et sa
position. Que ce soit le secrétariat, les dossiers étudiants, les axes de
recherche, le corps professoral ou les programmes d'études, tout a été
remanié afin de donner un nouvel envol à la Faculté. «Il faut se
repositionner à l'intérieur de l'Université», explique le doyen.
À ce sujet, le doyen mise principalement sur le recrutement. Avec presque
la moitié du corps professoral qui s'est renouvelé depuis cinq ans, on peut
imaginer que ces nouvelles ressources dynamiseront la FATEP. D'ailleurs, la
récente relance en recherche de la Chaire d'éthique appliquée a permis le
recrutement de nouveaux professionnels. «L'éthique est bien plus qu'un sujet
d'actualité, c'est un domaine d'avenir, indique le doyen Marc Dumas.
L'intervention en éthique se fait de plus en plus voir, car dans une société
continuellement en changement, il faut modifier certaines pratiques
sociales.» En somme, formation, recherche et milieu sont devenus les trois
mots-clés de la Faculté.
Des idées naissent
Plusieurs projets sont présentement à l'étude, notamment celui de la
recherche et de la collaboration interfacultaire. L'éthique professionnelle
s'applique à plusieurs grandes disciplines comme la médecine, le droit,
l'éducation, par exemple. Actuellement, la FATEP reçoit une forte demande
pour des cours qui se donnent présentement à l'extérieur des campus. Ces
cours pourraient être offerts sur le Campus principal, en collaboration avec
d'autres facultés, notamment la Faculté d'éducation. Déjà, un projet de
microprogramme d'éthique et de culture religieuse en collaboration avec la
Faculté d'éducation est le sujet de pourparlers. Selon le doyen, accentuer
les collaborations interfacultaires permettrait de nombreuses retombées pour
la Faculté.
Par ailleurs, la direction facultaire songe à lancer un doctorat basé sur
l'étude du phénomène religieux contemporain. Ainsi, les candidats pourraient
étudier davantage comment le religieux interfère dans la société et comment
il se recompose alors que l'on croyait, il n'y a pas si longtemps encore,
qu'il mourrait de sa belle mort. Le religieux change sa physionomie et les
différentes disciplines facultaires peuvent développer un regard croisé sur
le religieux contemporain.
En fait, la FATEP désire lancer son propre doctorat afin d'acquérir une
plus grande notoriété. «Au départ, il était beaucoup moins compliqué
administrativement de le proposer en extension, mais aujourd'hui la Faculté
est en mesure d'offrir un doctorat réputé», explique le doyen.
Des projets se lèvent
Sur la scène internationale, la Faculté a fait le «grand ménage» dans
plusieurs de ses projets en collaboration avec d'autres universités
européennes. «C'était lourd et compliqué à gérer, explique le doyen. On a
mis fin à certains partenariats afin de mieux cibler les besoins et d'offrir
de meilleures formations.» D'ailleurs, la Faculté va prochainement former
plusieurs enseignants au Québec. En effet, la direction facultaire a
récemment conclu une entente unique avec la Fédération des établissements
d'enseignement privés du Québec. Selon les termes de cette entente, elle
doit offrir une formation spécifique aux professeurs en enseignement
religieux et en animation pastorale et spirituelle des 170 écoles privées
primaires et secondaires de la Fédération. Ce sont donc un microprogramme
aux enseignants du primaire et un diplôme de 2e cycle aux
enseignants du secondaire qui sont offerts depuis l'automne 2005.
En ce qui concerne la formation continue, la Faculté reçoit plusieurs
demandes de l'extérieur, notamment pour des programmes de 2e et 3e cycles.
Dans ce sens, elle a été pressentie pour former en éthique plusieurs
fonctionnaires du Québec. Par ses nouvelles formations, la FATEP veut
réaffirmer son rôle. «Nous ne sommes pas là pour apprendre aux gens comment
penser, mais bien pour leur enseigner à faire des liens, lance le doyen.
Notre but est de participer à l'enrichissement culturel de la population en
lui offrant une grille de lecture, des paramètres de réflexion et des pistes
pour mieux comprendre ce qui se passe actuellement dans la société.»
Une faculté contemporaine
Dernièrement, le baccalauréat en philosophie a été complètement
restructuré. Avec une base commune en philosophie, les étudiants peuvent
désormais choisir un cheminement spécialisé ou un cheminement incluant une
mineure dans une autre discipline connexe. Ce programme propose donc trois
grands blocs de cours à option axés sur les questions de société, le
développement personnel et la formation à l'enseignement philosophique. De
plus, ce programme fait place à de nouvelles approches pédagogiques qui
favorisent l'apprentissage par problèmes, par projets et par coopération
basée sur l'entraide. Il devient ainsi le seul baccalauréat en philosophie
en son genre au Québec.
Dans le but constant d'améliorer les formations selon les préoccupations
contemporaines, la Faculté a développé un nouveau diplôme de 2e cycle
de théologie. Ce programme vise la formation d'accompagnateurs auprès des
personnes malades et en difficulté. En collaboration avec le Centre
hospitalier universitaire de Sherbrooke et l'Institut universitaire de
gériatrie de Sherbrooke, les étudiantes et étudiants pourront suivre un
stage en éducation pastorale clinique supervisé par l'Association canadienne
pour la pratique et l'éducation pastorales. Selon Marc Dumas, les
professionnels sont appelés de plus en plus à œuvrer auprès de personnes en
difficulté, notamment dans le milieu de la santé et dans le milieu carcéral.
Par conséquent, les professionnels doivent faire l'acquisition de
compétences personnelles et professionnelles avant de pouvoir pratiquer. «Il
faut sortir les éléments cachés dans les programmes de la Faculté et les
mettre en valeur», conclut le doyen.
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Marc Dumas
Photo : Roger Lafontaine |