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Liaison, 23 mars 2006
Guy Cournoyer : la commission Gomery,
un exercice d'imputabilité démocratique
STÉPHANIE RAYMOND
La commission Gomery a soulevé l'indignation de tout un pays. Guy
Cournoyer, procureur associé de la Commission, a préféré présenter cette
commission d'enquête sous un angle positif dans le cadre d'une conférence
destinée aux étudiantes et étudiants de la Faculté de droit qui avait lieu
le 15 mars. «Au-delà du scandale lui-même, la commission Gomery consistait
en un exercice d'imputabilité démocratique», a affirmé Guy Cournoyer.
Le procureur, qui a consacré 20 mois de travail à la Commission à raison
de sept jours par semaine et de 15 heures par jour, a loué un système qui
permet de découvrir les imperfections et de les gérer de façon
démocratique : «L'être humain n'est pas parfait; il ne l'est donc pas non
plus dans la conduite des affaires du pays, a-t-il dit. Mais le Canada est
un pays où l'on peut faire comparaître l'ancien premier ministre et le
premier ministre en poste; ceux-ci ont dû rendre des comptes, ont été
contraints de répondre à des questions et ont dû s'expliquer devant la loi.
Si cela n'était pas un bon calcul pour Paul Martin au plan électoral, ce
l'était au plan démocratique. Cela ne se serait pas vu aux États-Unis par
exemple; Bush n'a jamais comparu dans le cadre de la commission d'enquête
sur l'existence ou non d'armes de destruction massive en Irak.»
Le client des avocats d'une commission d'enquête : la vérité
Une commission d'enquête est menée différemment d'un procès habituel : on
n'impute pas de fautes, et la seule contrainte imposée aux «accusés» est de
déposer, donc de dire la vérité oralement ou par écrit afin que la lumière
sur une situation donnée soit faite. «C'est dans un sens moins stressant
d'être avocat dans le cadre d'une commission d'enquête que dans un procès,
car notre client représente alors la vérité et non les intérêts d'une
personne ou d'un groupe, a affirmé le procureur. L'important est de fournir
au commissaire l'information dont il a besoin.» Ainsi une commission
d'enquête ne produit pas de conclusion légale, donc n'incrimine personne au
civil ou au criminel, mais fait état de l'opinion du commissaire sur les
faits.
Ces faits, ce fut dans le cadre de la commission Gomery, 28 millions de
pages de documents qu'une dizaine de juricomptables ont dû résumer, pour
produire à la fin des documents totalisant 158 000 pages.
«Le rapport émis à la fin était donc la suite de l'enquête de 20 mois.
S'il n'y avait rien de nouveau, c'est que ce rapport a été construit à
partir des découvertes faites au fur et à mesure», a conclu Guy Cournoyer.
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Le 15 mars, Guy Cournoyer, procureur à la commission Gomery, est
venu parler aux étudiants de la Faculté de droit de son cheminement
professionnel et de son expérience dans le cadre de cette
commission.
Photo : Roger Lafontaine |