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De Sherbrooke à… Bamako!
Voici le premier article d’une série qui sera publiée dans le cadre de
notre placement d’un an avec Ingénieurs sans frontières Canada. Tout
récemment diplômés, nous ne ressentons pas encore le besoin de nous lancer
dans une carrière conventionnelle en ingénierie. Des intérêts communs pour
le développement et un goût marqué pour les voyages nous ont plutôt amenés
vers notre nouveau pays d’accueil, le Mali. Ce pays d’Afrique compte 12
millions d’habitants, 13 langues officielles, et près de la moitié de sa
population a moins de 15 ans.
VÉRONIC FRANCOEUR-CASTILLOUX
JEAN-LUC RATTÉ-BOULIANNE
Diplômés en génie mécanique et génie informatique (2005)
est à la suite d’une formation d’un mois traitant des enjeux du
développement et des défis qui nous attendaient outremer et administrée par
les membres du bureau national d’Ingénieurs sans frontières que nous avons
atterri à Bamako le 9 février. Nous avons alors profité de notre première
semaine pour visiter la région de Mopti avec d’autres membres d’Ingénieurs
sans frontières. Maintenant installés à Bamako, la capitale d’environ un
million d’habitants entourée de cinq montagnes que nous nous promettons de
visiter sous peu, nous avons commencé à travailler dans nos organisations
non gouvernementales (ONG) respectives le 14 février.
Région de Mopti
La visite de la région de Mopti a été pour nous très instructive et d’une
importance inestimable dans nos placements. En effet, dans tous ces petits
hameaux qui constituent en fait la porte d’entrée du désert du Sahel, nous
avons été brutalement, le mot n’est pas trop fort, introduits aux réalités
de la vie malienne. Accueillis par un volontaire qui est déjà au pays depuis
un an, nous avons eu un aperçu des fondements qui se cachent derrière des
actions apparemment anodines. Par exemple, bien que n’étant pas un des pays
les plus touchés par ce fléau, le Mali voit près de 2 % de sa population
affectée par le VIH/sida. Or, notre étonnement a été grand d’apprendre
qu’une croyance populaire veut que le virus n’existe pas et qu’il consiste
en fait une invention des Blancs afin de maintenir leur joug sur les pays en
voie de développement. Ça nous fait une belle jambe non?
Néanmoins, la région de Mopti est tout simplement magnifique. On y a vu
des paysages africains comme nous n’avions même pas osé en rêver : des
grands champs désertiques parsemés d’énormes baobabs, d’immenses rizières en
pleine exploitation, des marchés où grouille une activité pour le moins
chaotique. Des zébus, des chèvres, des moutons, des caméléons et des lézards
se partagent l’ombre disponible. Partout on voit des groupes de femmes
transportant des charges réellement impressionnantes sur leur tête. Très
grandes, sveltes, le visage racé, arborant des coiffures tressées hautement
stylisées et d’un raffinement extrême, portant les colorés vêtements
traditionnels, armées d’un sens de l’humour franchement attachant et d’un
sourire à craquer, les femmes font la fierté de ce noble peuple. L’ombre au
tableau, pour ceux qui se posent la question, l’excision est ici
systématique et c’est environ 90 % des femmes qui la subissent, à la
naissance, pendant l’adolescence ou bien avant le mariage.
Nos responsabilités
Véronic travaille avec l’ONG Amassa sur un projet d’appui à
l’amélioration des revenus des organisations économiques de femmes du
district de Bamako, par la transformation et la commercialisation des
produits agroalimentaires locaux. Ici, les femmes de 45 différentes
organisations viennent chercher de l’aide. Leurs besoins sont variés :
améliorer leurs méthodes de mise en marché, accéder au microcrédit,
améliorer la qualité de leur production (pour éventuellement faire une mise
en marché «équitable») ou simplement élargir leur clientèle. L’idée est de
développer les activités génératrices de revenus.
La principale tâche de Véronic consiste à renforcer les capacités de son
homologue, Coulibaly Adama Aïssa, une superwoman qui vaut en fait
deux ou trois travailleurs du développement. Entre le peaufinage d’un
rapport annuel et la rédaction d’une demande de fonds, elle est responsable
de la formation et de l’alphabétisation des femmes supportées par Amassa.
Elle est très motivée à améliorer ses méthodes de travail au maximum, et
Véronic lui transmet donc tout ce qu’elle sait à propos du développement.
Dès qu’elle aura terminé ses cours de bambara, elle sera en mesure d’animer
certaines sessions de formation et de faire le travail de terrain beaucoup
plus efficacement que maintenant. N’avez-vous pas déjà entendu quelque part
que les Africaines porteront l’Afrique sur leur dos?
Jean-Luc, ce Charlevoisien d’origine, ici aussi connu sous le nom
d’Ibrahim Sidibé, habitera très loin de sa campagne natale pour la prochaine
année. Son partenaire ici est FODESA, une ONG qui finance des microprojets
dans le milieu rural (ce qui comprend des puits, des plates-formes
multifonctionnelles, des parcs de vaccination, des périmètres maraîchers,
pour n’en citer que quelques-uns) et crée un réseau de banques
décentralisées. L’objectif? Trouver les plus pauvres des pauvres et leur
fournir les outils nécessaires pour s’en sortir. Tout un défi! Au cours du
prochain mois, Jean-Luc essaiera d’identifier les projets ayant le plus
grand potentiel d’impact. Avec monsieur Goïta, qui est le coordonnateur de
la région de Ségou, il essaiera aussi de trouver une manière de faire un
suivi efficace des microprojets.
Nous vous invitons, au cours des prochains mois, à suivre nos péripéties,
nos réflexions, nos anecdotes sur la vie à l’étranger dans le cadre d’un
projet de développement. En attendant, visitez le site Web d’Ingénieurs sans
frontières (www.ewb.ca) ou
encore la section de l’Université de Sherbrooke (www.USherbrooke.ewb.ca)
pour en savoir plus!
C’est Yussuf qui a construit la hutte, avec des matériels locaux : de la
paille, que de la paille et encore de la paille. Il a tout construit de
ses mains et il est l’un des rares hommes maliens à faire la cuisine! |
On m’a présenté la tresseuse comme étant une «professionnelle».
Ça avait l’air bien drôle pour eux d’utiliser ce mot-là… J’ai expliqué
en français au mari d’une dame (les femmes ne parlent pour la plupart
que le bambara) que son épouse était très jolie et que j’aimerais bien
avoir les mêmes tresses qu’elle. On a fait venir quatre femmes pour
analyser mes «cheveux mous» avant d’appeler la professionnelle en
question!
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Ce clan exploite une riziculture, dans la région de Sévaré.
Il cultive présentement un hectare et espère augmenter
la production à 3 ou 4 hectares d’ici un an.
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