Un campus durable au cœur de la mission universitaire
ROBIN RENAUD
À l'heure où l'Université compte faire du développement durable une
priorité, le Groupe étudiant pour un campus durable s'apprête à déposer un
mémoire où il suggérera des gestes à poser afin de passer de la parole aux
actes. Les conclusions de ce groupe seront présentées lors d'une séance
publique de consultation qui se tiendra à l'Agora du Carrefour de
l'information, le 29 mars (voir notre texte en page 3). Cette consultation
s'inscrit dans le plan d'action découlant de l'adoption de la Politique
de développement durable de l'Université, adoptée l'automne dernier.
Le mémoire du groupe Campus durable s'orchestre selon les objectifs
établis dans cette politique, dont le premier est d'intégrer le
développement durable à la mission d'enseignement et de recherche.
En activité depuis l'automne 2004, le groupe a été officiellement
constitué à l'automne 2005 pour appuyer les initiatives de développement
durable sur le campus, pour sensibiliser la communauté étudiante au
développement durable et pour favoriser la concertation entre les groupes
étudiants présents à l'UdeS. Le mémoire qui sera déposé est réalisé en
collaboration avec les regroupements environnementaux de l'Université, dont
Uni-Vert, Génie-vert et l'Association de la maîtrise en environnement ainsi
que certains étudiants indépendants. «Notre groupe compte une vingtaine de
membres actifs qui voient à appuyer les initiatives de développement durable
sur le Campus. Il peut s'agir de travaux, de recherches dans le cadre de
cours ou de projets communs réalisés par les associations étudiantes. Notre
mission est de faire en sorte que les différents acteurs travaillent dans le
même sens et partagent leurs expériences», soutient Maryève Charland-Lallier,
coordonnatrice du groupe et étudiante à la maîtrise en environnement.
Ainsi, poursuit-elle, la notion de développement durable va bien au-delà
des seules préoccupations environnementales : «Le développement durable doit
intégrer à la fois les aspects social, économique et environnemental.
Historiquement, ce discours émergeait des groupes environnementaux. Le
développement durable demeure trop associé à l'environnement : les gens
œuvrant dans les domaines social et économique ne se sentent pas toujours
interpellés pour cette raison. Je crois au contraire qu'il faut que les
gestionnaires d'entreprises réalisent par exemple que la qualité de vie de
leur personnel peut être un investissement rentable.»
Vœux pieux et engagements réalistes
Le groupe Campus durable proposera donc des moyens pour permettre
l'intégration du développement durable dans la vie quotidienne de
l'Université. Au moment d'aller sous presse, il était trop tôt pour
connaître le détail des propositions qui seront faites puisque les équipes
de travail qui préparent les différentes sections du mémoire n'avaient pas
encore mis en commun le fruit de leurs démarches. Maryève Charland-Lallier
lance toutefois quelques pistes qui pourraient être suivies dans les
recommandations : «Nos propositions iront sans doute dans le sens de donner
plus de place au développement durable dans les cours que suivent les
étudiants, peu importe leur cheminement. Les membres du personnel pourraient
aussi recevoir de la formation pour intégrer des notions de développement
durable dans leur travail.» Il faut s'attendre également à ce que les
notions d'investissement responsable, de développement social et de commerce
équitable fassent partie des éléments soulevés par Campus durable. Une chose
est sûre, l'amélioration de la qualité de vie sera à l'avant-plan. Par
exemple, le mémoire pourrait avancer des moyens de rendre la vie culturelle
plus accessible sur le Campus, et suggérer l'adoption d'une politique
d'achat de biens et services auprès d'entreprises responsables.
Maryève Charland-Lallier est confiante que l'Université va prendre en
compte les propositions de son groupe, et que l'exercice ne sera pas vain :
«On sent que l'administration a une volonté ferme d'aller dans ce sens-là.
Elle se montre à l'écoute des étudiants et favorise un processus de
concertation. C'est la bonne voie à suivre puisque sans l'adhésion de la
communauté, le processus ne serait pas viable. À plusieurs niveaux,
l'administration a intérêt à bien mener l'exercice et il y a là une preuve
de leadership importante. Les avantages sont aussi profitables au plan
économique, social ou environnemental. L'Université qui forme des leaders –
des décideurs de demain – a tout intérêt à bien mener un processus comme
celui-là.»
Pour convaincre l'Université du bien-fondé de ses propositions,
Campus durable compte présenter des scénarios qui tiennent la route. «Nous
allons avancer des idées réalisables. C'est selon nous de cette façon qu'on
pourra vraiment faire évoluer les choses. Certains individus prônent parfois
l'idée que les changements sont possibles seulement en employant des
méthodes radicales; je ne suis pas d'accord avec cette approche. Il faut
d'abord que la communauté comprenne où se trouve son intérêt. Il faut
qu'elle réalise que des petits gestes peuvent avoir un impact significatif.
C'est seulement au moment où cette certitude est acquise que les réels
changements peuvent s'opérer», conclut Maryève Charland-Lallier.
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