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Liaison, 9 mars 2006
Découvertes disques
Critique invité : DANIEL DEROME
Aide technique en audiovisuel au Service de soutien à la formation
CéU,
CéU
Maria do Céu Whitaker Poças a choisi de ne conserver que la syllabe «Céu»
pour s'identifier comme artiste. Issue d'une famille comptant plusieurs
grands noms de la musique brésilienne, elle est pour ainsi dire tombée
dedans étant petite, et cela ne fait pas si longtemps, car cette
merveilleuse auteure-compositrice-interprète est au début de la vingtaine.
Elle signe la presque totalité de cet album éponyme aux accents
purement brésiliens : bossa-nova, douce samba rythmée à la guitare
acoustique et percussions typiquement locales. Le tout verse avec aisance
dans des sonorités beaucoup plus urbaines : jazz, funk et électronique
subtiles. L'album incarne aussi cette nouvelle vague de musiciens au
Brésil qui utilisent les séquences électroniques en boucles de façon si
efficace qu'on croit avoir affaire à de vrais musiciens.
Signalons la participation de DJ Marco que l'on retrouve sur plusieurs
plages de ce disque et qui, avec ses platines, crée un scratch très
esthétique et efficacement musical. On y entend une étonnante
interprétation de Concrete Jungle de Bob Marley et un superbe O
ronco da cuica de Joao Bosco.
Les pièces de son propre cru nous balancent à travers diverses
ambiances et influences musicales toutes ancrées à un même canevas
typiquement brésilien. On y ressent la chaleur et la volupté d'un bord de
mer et je lui réserve l'espace qui lui revient auprès de grands tels Joao,
Bébel, Gilberto, Astrud et cie. Je profiterai de cette brise légère et si
inspirée.
Bïa,
Cœur vagabond
De toute évidence, avec son Cœur vagabond, Bïa s'est fait un
immense plaisir d'interpréter quelques monuments de la chanson française
dans une relecture audacieuse. Traduire en portugais Rivard, Le
Forestier, Voulzy, Souchon, Salvador, Brassens et quelques autres relève
du défi, et à mon avis c'est gagné.
À l'écoute de Belle île en mer de Laurent Voulzy, qui donne
Ilha do Mel, j'ai immédiatement aimé ce disque, et voilà que ça ne
s'arrête pas là. Jardim pour Jardin d'hiver, qui est surtout
connu par l'interprétation d'Henri Salvador, est un pur plaisir. A Mà
Reputaçao pour La mauvaise réputation de Brassens nous offre à
travers cette voix féminine une autre texture d'insolence et d'insouciance
tout à fait rafraîchissante. L'eau à la bouche de Gainsbourg
devient portugais et me donne l'impression de comprendre cette langue à la
perfection. Àgua na Boca j'vous dis!
À l'inverse, Bïa a complété son choix de titres en traduisant en
français quelques chansons de grosses pointures brésiliennes. En effet,
les Caetano Veloso et la chanson titre de cet album, Coraçao Vagabundo,
qui devient Coeur vagabond.
Tom Jobim, Chico Buarque, Baden Powell et quelques autres, qui ont tous
des titres tout aussi enveloppant les uns que les autres, peuvent dormir
bien tranquilles si leurs œuvres sont entre les mains de leur jeune
compatriote qui semble très attachée à ses racines. Quelle gentillesse de
m'offrir le sens de ces textes que je fredonne depuis un temps.
Café
Méliès, volume 4
Dans la tradition des compilations de musique underground, jazz,
world beat avec en avant-plan de plus en plus d'influence latines,
le nouveau Café Méliès trouve sa place avec une sélection de 12 pièces
toutes produites par des artistes de la scène musicale montréalaise. On a
connu les Saint-Germain, Hotel Costes et Buddah Bar, qui nous ont tous
donné des ambiances élégantes, feutrées et confortables, mais dans un
format trop souvent répétitif et redondant avec des montages de séquences
parfois linéaires.
Sur ce volume 4 de Café Méliès on peut entre autres entendre la voix de
la chanteuse Athésia, et des compositions de DJ Ram, Stefie Shock
accompagné au violon par Mara Tremblay, Joshua Lebofsky, Gaïa, Marcia
Sebaran, Soltribe, Danny Lutz, Deadbeat, Lo and the Magnetics, Voice et
Isabelle St-Antoine, qui nous offrent tous des créations très originales
qui ne contiennent pas de repiquage de grand classiques jazz trop souvent
reconnaissables sur certaines compilations.
Les averses de Stefie Shock, remixé par Cosmo Palermo, et toute la
sélection qui suit, donnent une production qui n'est pas aussi bien
ficelée que les trois volumes précédents, mais qui vaut quand même le
détour pour les belles voix et les arrangements très pointus.
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