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Liaison, 9 mars 2006
Entrevue avec le doyen Donald Thomas
Quand les sciences passent au vert
KARINE BERNIER
L'été dernier, le biologiste Donald Thomas a fait le grand saut.
Spécialiste de l'écophysiologie au curriculum bien étoffé, il a
choisi de faire une pause dans sa carrière de chercheur. Le 1er juillet,
il est devenu le 6e doyen de la Faculté des sciences, succédant à
l'informaticien Jean Goulet, en poste depuis 1998. «On s'attendait à ce que
je devienne le directeur de mon département, mais j'ai préféré relever des
défis administratifs au niveau facultaire», explique le professeur Thomas.
Des défis qu'il entrevoit nombreux.
Le nouveau doyen entend faire des Sciences une faculté plus verte,
ouverte et pratique. «Je ne serai pas différent comme administrateur de ce
que j'ai été comme chercheur, lance-t-il. Je suis bien déterminé à mettre à
profit ma créativité et ma vision, deux qualités qui, je crois, ont toujours
marqué mes recherches.» Si l'on se fie au parcours du biologiste, lui qui
est auteur de nombreuses publications scientifiques et récipiendaire de
nombreux prix pour la qualité de son enseignement, on peut s'attendre à voir
la Faculté connaître un développement exceptionnel.
Une faculté verte
«L'un des défis que je me suis donnés, explique Donald Thomas, c'est de
travailler à changer l'image du scientifique. À l'heure actuelle, on a de la
difficulté à attirer les jeunes en sciences, notamment parce que la personne
même du scientifique n'a pas bonne presse. Il faut briser cette image du
chercheur en sarrau blanc, enfermé dans son laboratoire, déconnecté du reste
du monde. On peut le faire, par exemple, en démontrant que les sciences sont
en fait des solutions à de multiples problèmes de société, dont les
problèmes environnementaux.»
À ce sujet, Donald Thomas vise notamment à développer ce qu'il appelle
«la chimie environnementale». En matière environnementale, plus souvent
qu'autrement, la chimie est associée à ce qu'il y a de mauvais, à la
pollution, par exemple. «Or, la chimie n'est pas un problème en soi,
indique le doyen, c'est la solution aux problèmes environnementaux.» Et à
ce propos, loin de lui l'idée de faire de cette chimie verte un frein au
développement. «On peut développer en respectant l'environnement, en
réduisant l'empreinte de l'homme sur la terre», poursuit-il.
Une faculté ouverte
Conséquent avec son virage vert, le doyen refléchit sur la possibilité
d'offrir un baccalauréat en environnement dans plusieurs pays, et ce en
français, en anglais, en espagnol et en portugais. Le projet pourrait bien
se faire en collaboration avec d'autres universités, avec l'Université
Bishop's, par exemple. Dans un tel programme d'études, l'étudiant ferait par
exemple une première année à Bishop's, la deuxième à l'Université de
Sherbrooke, suivie par une année en France, en Argentine ou au Brésil, avant
de retourner à Sherbrooke pour consolider ses connaissances pendant la
dernière année.
«Il y a une très grande clientèle venant d'autres pays pour ce genre de
programme, lance Donald Thomas, en raison particulièrement de la
mondialisation des actions environnementales. En travaillant avec d'autres
facultés, on peut offrir quelque chose de très novateur.»
Ainsi, il entend bien développer les compétences de la Faculté des
sciences sur le plan international. Plusieurs programmes d'études sont déjà
offerts à Longueuil et au Maroc. Le doyen vise maintenant à établir des
collaborations avec la France, la Roumanie, le Liban et peut-être même avec
la Chine! C'est dans cette même perspective que le doyen Thomas souhaite
lancer prochainement un programme d'études de quatre ans qui vise à recevoir
des étudiantes et étudiants des États-Unis.
Une faculté pratique
En déployant ses collaborations à l'échelle internationale, Donald Thomas
vise également à positionner l'Université de Sherbrooke sur la scène
internationale dans le domaine des technologies de l'information. Créé en
novembre 2005 dans le but de mieux répondre à la demande croissante de
formation continue, le Centre de formation en technologies de l'information
(CEFTI) de la Faculté des sciences est présentement en pleine expansion. En
outre, il offre plusieurs programmes d'études, dont le diplôme de
développement du jeu vidéo. En collaboration avec Ubisoft, ce programme est
unique en son genre au Canada. Le doyen prévoit actuellement de développer
le CEFTI en un centre universitaire renommé en invitant ses collègues de
Génie, d'Administration et des Lettres et sciences humaines à l'intégrer.
Grâce au partenariat entre facultés, le programme de droit avec
cheminement en biotechnologie a récemment pris un nouvel envol. Sous la
responsabilité de la Faculté de droit en collaboration avec le Département
de biologie de la Faculté des sciences, ce programme est dorénavant de type
«bacc-maîtrise». Ainsi, il conduit à deux diplômes, soit un baccalauréat en
droit avec un cheminement en biotechnologie et une maîtrise en biologie de
type cours avec un cheminement de biotechnologie moléculaire et droit. Ce
nouveau programme s'étale sur seulement neuf sessions d'études et présentera
sa première cohorte de diplômés dès la fin de l'année 2005-2006.
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Le doyen de la Faculté des sciences, Donald Thomas.
Photo : Roger Lafontaine
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