Liaison, 23 février 2006
Suzan Lafleur, lauréate d'une
bourse d'excellence du millénaire
De la mécanique à la musique
STÉPHANIE RAYMOND
Suzan Lafleur, étudiante au baccalauréat en musique, semble
être née pour défricher des chemins broussailleux. L'une des rares
mécaniciennes en machines fixes au Québec pendant 20 ans, puis la toute
première personne à s'inscrire dans le cheminement en multimédia du
baccalauréat en musique, cette femme passionnée n'a pas froid aux yeux. Ses
projets audacieux lui ont d'ailleurs valu récemment une bourse d'excellence
du millénaire du gouvernement fédéral, d'une valeur de 10 000 $.
Pendant plus de 20 ans, les doigts de pianiste de Suzan Lafleur
ont manipulé des machines de centrales thermiques. «J'ai fait mon cégep en
piano classique, raconte-t-elle. Mais des circonstances familiales m'ont
amenée à devoir gagner ma vie. J'ai donc choisi une formation qui me
donnerait un métier, et vite.»
Ce métier : celui de mécanicienne en machines fixes. La jeune
diplômée était alors l'une des sept femmes au Québec à posséder cette
qualification : «J'étais décidée à aller vers un métier non traditionnel par
défi, moi qui n'avais jamais touché à un outil de ma vie. Et j'ai beaucoup
aimé. J'étais bien dans cet univers d'hommes.» Après avoir gravi les
échelons jusqu'à mécanicienne en machines fixes de classe 1, titre rare,
Suzan est devenue responsable d'une centrale thermique à Cowansville. Elle a
également travaillé quelques années pour la centrale de l'Université de
Sherbrooke.
Si son métier la comblait, la musique l'habitait toujours.
«J'ai toujours eu de petits contrats en rapport avec la musique, que ce soit
pour jouer dans des house bands, enseigner le piano ou faire
des arrangements musicaux, dit-elle. Et je savais depuis l'adolescence que
je ferais un jour un baccalauréat en musique. Mon rêve peut se réaliser
maintenant que mes enfants ont grandi.»
Suzan s'est donc inscrite en septembre 2004, à 40 ans, dans le
nouveau cheminement en multimédia du baccalauréat en musique de l'École de
musique, avec concentration en piano jazz : «Je suis la première à
m'inscrire dans ce cheminement. Je suis aussi la première femme à l'École de
musique à choisir la concentration piano jazz.»
Rapidement, Suzan a offert ses services pour développer
davantage le cheminement en multimédia : «Comme j'ai de l'expérience dans le
domaine, je donne mes conseils pour le développement de nouveaux cours, pour
l'achat d'équipements…» L'étudiante compose de plus la trame sonore de la
future vidéo promotionnelle de l'UdeS.
Des projets en veux-tu, en voilà!
L'étudiante est membre de plusieurs comités : Camestrie
(Collectif des arts médiatiques de l'Estrie), Kino-Sherbrooke, le c.a. de
l'Association des professeurs de musique de l'Estrie, etc. Suzan prévoit
d'ailleurs faire connaître aux professeurs de l'Association des œuvres
composées par des étudiants de l'École de musique.
Et ses autres projets? «Il y a le projet Ensemble on
enregistre avec l'école primaire Notre-Dame-de-Liesse. J'ai rassemblé un
groupe de jeunes intéressés à chanter et leur ai fait répéter des chants
populaires, que nous avons enregistrés dans un vrai studio. Je prépare aussi
la réalisation d'un album avec les 200 élèves de l'école du Jardin-des-Lacs.
Les profits des ventes de l'album iront à l'organisme Médecins sans
frontières au Niger.»
Suzan a également réalisé en 2005 un court-métrage avec une
douzaine d'adolescents de Saint-François-Xavier de Brompton, en
collaboration avec le Club Optimiste. Ce court-métrage a été présenté lors
du festival de Kino-Sherbrooke en août dernier.
Pas étonnant que Suzan Lafleur ait remporté une bourse du
millénaire, elle qui dit avoir «la tête bourrée de projets». L'étudiante
songe maintenant à faire une maîtrise en musique de film après son
baccalauréat.
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