|
Liaison, 23 février 2006
La bonne humeur d'un bon leader
JOSÉE BEAUDOIN
Mardi matin, 9 h 30. On s'apprête à commencer l'entrevue. Une pression
sur le bouton et… rien. Niet. Le dictaphone est mort et la journaliste, bien
embêtée. «Passe-le moi, je vais regarder ça.» Du coup, ce n'était plus
seulement mon problème, c'était notre problème. En voyant Eddy
Fortin changer les piles de ma fichue machine en rigolant, j'ai tout de
suite saisi la bonne nature du personnage.
La fin du monde est à toute heure
Depuis bientôt quatre ans, Eddy Fortin est analyste au Service des
technologies de l'information (STI) et chef d'équipe à la division
Télécommunications et postes de travail. Entre autres tâches, il coordonne
et planifie l'entretien de l'équipement informatique des différents services
de l'Université ainsi que la mise à niveau des logiciels. Voilà pour la
description plus cérébrale. De façon plus émotive, disons que lorsque son
téléphone sonne, c'est souvent la fin du monde, du moins pour la personne à
l'autre bout du fil. Pour désamorcer les bombes, Eddy Fortin active son
système D et trouve rapidement des solutions ingénieuses. Pour faire baisser
la vapeur, il s'organise toujours pour agir sous le couvert de l'humour.
Bachelier en administration, profil gestion de l'information et des
systèmes (GIS), étudiant au MBA à temps partiel, chargé de cours en GIS…
Eddy Fortin est aussi tout ça, à l'Université de Sherbrooke. Puisque c'est
la concrétisation d'un rêve, travailler sur le campus est pour lui un
privilège. Questionnez les gens et les collègues qui le côtoient
quotidiennement et ils vous diront que tout le privilège est pour eux.
Il y a toujours beaucoup de service
au numéro que vous avez composé
En principe, l'analyste devrait rester sagement à son bureau. Dans les
faits, Eddy Fortin va où son désir d'aider l'entraîne. Aller remplacer une
souris d'ordinateur ne fait pas exactement partie de sa description de
tâche, mais soyez assuré que si tous les effectifs sont occupés, il sera sur
les lieux en moins de deux. Il ne le fera pas pour gagner la palme du plus
gentil. C'est juste plus fort que lui. «Je suis chef d'équipe d'un service
au service de tous les services. Il faut donc que je sois plus serviable que
les autres», explique-t-il en riant.
L'esprit d'équipe, c'est souvent ce qui fait la différence entre rentrer
chaque matin de bonne humeur et attendre chaque jour qu'arrive cinq heures.
Pour Eddy Fortin, le plaisir n'est pas qu'une simple valeur ajoutée, c'est
sacré. Il en répand donc partout où il passe. Son sens de l'humour inspire
la franche camaraderie et son sens de l'écoute, la franche discussion.
«Quand je suis arrivé en poste, j'ai rencontré tous les membres de l'équipe
individuellement et je leur ai demandé ce qu'ils attendaient de moi. Je leur
ai aussi demandé quels étaient les problèmes qu'ils rencontraient et quelles
seraient leurs suggestions pour les régler. Souvent, les gens ont déjà les
solutions, mais personne ne les écoute.» Commencez-vous à comprendre
pourquoi les postulants sont si nombreux lorsque qu'un emploi s'affiche dans
cette division?
Faire partie de l'équipe de Eddy Fortin comporte son lot d'avantages
marginaux et estivaux, dont celui d'être invité chez lui, sur les rives du
petit lac Magog, pour s'initier au wakeboard. Des photos fièrement
affichées à l'intérieur des bureaux témoignent d'ailleurs de ce rite de
passage. Le sport, pour Eddy Fortin, c'est non seulement libérateur, c'est
rassembleur. À l'heure du dîner, deux fois semaine, il retrouve ses
collègues au Centre sportif pour jouer au hockey. On sent d'ailleurs
l'influence du sport national lorsque Jocelyn Pilon, le chef de division,
décrit le travail de son analyste et chef d'équipe : «Quand Eddy refile une
rondelle à quelqu'un, soyez certain qu'il s'est d'abord assuré que le gars
savait patiner et qu'il saurait où aller compter.»
La théorie de la poule et du cochon
Et quel genre de leader est-il au quotidien? «Eddy, il prêche par
l'exemple. Il ne se contente pas de participer, il s'implique», explique
Jocelyn Pilon. Et quelle nuance voyez-vous entre ces deux verbes d'action?
En guise de réponse, il dégaine la théorie de la poule et du cochon : «Si on
vous sert un déjeuner «deux œufs, bacon», dites-vous que la poule a
participé et que le cochon s'est impliqué…»
Cette savante théorie n'est pas bête du tout, mais n'en
ressortez qu'une chose : Eddy Fortin donne toujours le meilleur de lui-même.
Retour à la une |
|
|