Programme d'échange Europe-Canada
Un dépaysement formateur pour de futurs enseignants
ISABELLE HUARD
Le programme de formation internationale WISE (Wider Interdisciplinary
Systems in Education), reconnu et financé conjointement par l'Union
européenne et le gouvernement canadien, organise des échanges entre l'Europe
et le Canada à l'intention de 48 étudiants européens et canadiens. Ces
étudiantes et étudiants de 1er et de 2e cycle se
destinent principalement à une carrière en enseignement au primaire ou au
secondaire. Ils participent à des stages outre-Atlantique d'une durée de
quatre à six mois.
C'est ce que trois étudiants de la Faculté d'éducation ont la chance de
vivre depuis le 6 janvier, alors qu'ils se sont envolés pour l'Angleterre
afin de conduire leur stage à la Cheam Farm Park Primary School, dans le
comté de Kent, à 20 minutes au sud de Londres. D'une durée de trois mois, ce
stage leur permettra d'améliorer leur pratique d'une langue étrangère, de
connaître d'autres cultures et de savoir travailler en équipe dans des
contextes internationaux.
Éric Lavoie, étudiant au baccalauréat en enseignement de l'anglais langue
seconde, ainsi que Sarah Boisvert et Véronique Tremblay, toutes deux
étudiantes au baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire,
ont choisi de vivre l'expérience britannique pour mieux développer leur
niveau linguistique et ainsi s'ouvrir à d'autres réalités humaines et
sociales.
Dans la même lignée, quatre étudiants britanniques sont venus explorer le
système scolaire québécois dans le cadre d'un stage s'étendant du 20 octobre
au 13 janvier à l'école secondaire du Phare de Sherbrooke.
Les étudiants britanniques ont pleinement compris l'importance de mieux
connaître les milieux éducatifs pour agir sur leur propre réalité
professionnelle. Au terme de leur stage, ils ont d'ailleurs présenté une
conférence sur les différences et les similarités culturelles dans les
écoles québécoises et anglaises.
Adrian Glasspool a surmonté avec flegme les difficultés reliées à la
barrière linguistique : «Mon choc culturel a été de comprendre l'accent
québécois des adolescents!» Fabienne Pendant, quant à elle, a apprécié son
séjour riche en interdisciplinarité et a observé une grande différence dans
les rapports enseignant-élèves, qui sont beaucoup plus familiers au Québec
qu'en Angleterre : «J'ai même été choquée au début, mais en y réfléchissant
bien, je me suis rendu compte que ce type de pratique avait ses avantages.»
Ce côté informel entre les enseignants et les étudiants a beaucoup plu à
Anna-Marie Christodoulides, qui considère les étudiantes et étudiants
sherbrookois comme privilégiés d'avoir accès au transport gratuit sur simple
présentation de leur carte étudiante. Zoulikha Louali, pour sa part, a été
très surprise par le comportement des gens en général : «Les gens ici sont
si gentils. Se faire dire bonjour à Sherbrooke en montant dans l'autobus ou
en faisant ses courses, c'est très différent de ce que l'on peut observer à
Londres!»
Un plus pour nos futurs enseignants d'anglais
La professeure Lynn Thomas, responsable du baccalauréat en enseignement
de l'anglais langue seconde à la Faculté d'éducation et responsable du volet
canadien, fait partie des formateurs qui accordent beaucoup d'importance au
fait de mettre en commun les expertises personnelles et professionnelles en
matière de formation à distance. Initier, concevoir et gérer en partenariat
des projets internationaux s'avère extrêmement stimulant. «Nous observons
une pénurie d'enseignants de l'anglais langue seconde au Québec
actuellement, accentuée par l'introduction de l'anglais langue seconde au
premier cycle du primaire, explique-t-elle. Cependant, la situation en
Estrie n'est pas du tout catastrophique puisqu'on prévoit un manque à
combler de seulement 26 enseignants de l'anglais langue seconde pour l'année
scolaire 2006-2007. Le fait que les enseignants d'anglais langue seconde au
Québec soient majoritairement francophones démontre encore plus l'importance
que nous devons accorder à notre programme de formation. Une simple
connaissance de la grammaire et un certain vocabulaire ne peuvent être
suffisants.»
La mobilité étudiante s'articule autour de stages d'observation et de
pratique accompagnée, effectués dans des établissements scolaires
transatlantiques de langue différente de la langue première du stagiaire.
Ces stages, en milieu scolaire, donnent lieu à la réalisation d'un mémoire
problématisé dans lequel les stagiaires analysent, avec l'aide d'un tuteur
universitaire du pays d'attache, leurs pratiques et les pratiques
professionnelles interdisciplinaires observées dans le pays d'accueil.
«Les étudiantes et étudiants doivent détenir la capacité de s'exprimer
aisément dans la langue cible, souligne la professeure Thomas. Un programme
d'échange dans un pays anglophone, comme le programme WISE, leur permet
d'améliorer leurs capacités linguistiques, lesquelles auront un grand impact
sur leurs capacités d'enseignement.»
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