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Liaison, 26 janvier 2006
Nouveauté livre
Critique invitée : LISE COUTURE
Secrétaire au Service des communications
Et
si c'était ça le bonheur?, Francine Ruel
Francine Ruel est une femme aux multiples talents : après des
études au Conservatoire d'art dramatique de Québec où elle a obtenu un
premier Prix de comédie moderne, elle a joué sur scène, à la télévision et
au cinéma. Elle a fait partie de l'équipe qui a écrit le grand succès
Broue; de plus elle a créé des sketches et des chansons pour des
séries télévisées, ainsi que plusieurs chansons pour des interprètes.
Depuis quelques années, en plus d'enseigner la scénarisation, elle anime
une série télévisée estivale à Radio-Canada. Comme elle a plusieurs cordes
à son arc, elle a aussi produit des textes pour le cinéma et signé deux
romans jeunesse. Son dernier livre, Et si c'était ça le bonheur?,
semble une suite logique à une belle carrière qui a toujours touché, de
près ou de loin, à l'écriture.
Le livre de Francine Ruel se lit comme on déguste un bon café
au lait : installé confortablement dans son fauteuil préféré, par un beau
matin d'hiver, on se laisse transporter par son appétit de beauté, de paix
et de tranquillité. L'auteure nous invite à découvrir sa philosophie : les
petits bonheurs quotidiens compensent souvent pour l'idée que l'on se fait
du «grand bonheur», soit l'amitié, les bonnes bouffes avec les copains,
retrouver la beauté de la nature environnante, apprécier chaque moment qui
passe. Elle nous amène dans le monde d'Olivia, femme dans la jeune
cinquantaine, qui décide de faire un virage important dans sa vie :
délaisser sa vie à Montréal et faire l'achat d'une maison à la campagne.
On sourit à l'évocation des hauts et des bas qu'entraînent
les aléas de l'achat de la maison dont Olivia a longtemps rêvé. Mille et
un petits incidents, racontés avec humour, jalonnent les semaines menant à
l'achat de la propriété. Tous les acheteurs peuvent se reconnaître lorsque
l'auteure dépeint de façon amusante ses déboires avec l'entrepreneur, les
ouvriers ou la livraison du matériel nécessaire pour les rénovations. En
effet, la propriété d'Olivia doit être «rafraîchie», et Olivia, malgré des
vérifications et l'aide de ses amis, doit faire face à bien des surprises,
comme une isolation déficiente à certains endroits ou un système
électrique qui doit être pratiquement tout refait.
Olivia doit recomposer avec une nouvelle vie, et même si sa
décision de quitter Montréal pour la campagne suscite la désapprobation de
son entourage, elle persiste et finit par vaincre toutes les embûches qui
se présentent.
L'auteure prend aussi quelques petits détours pour nous faire
revenir en arrière dans la vie d'Olivia, et nous parle avec tendresse
d'une amie française qui a marqué sa jeunesse. Elle évoque aussi le
plaisir de vivre des moments privilégiés avec la joyeuse faune qui
l'entoure : ses amis gais, ses «chums de filles», et aussi de la belle
relation qu'elle entretient avec son fils. L'amitié tient beaucoup de
place dans la vie d'Olivia et on le voit clairement tout au long du
récit : elle fait partie intégrante de ses petits bonheurs.
On perçoit tout de même chez Olivia des allusions bien
senties sur son manque d'amour, et sur son envie de partager des moments
avec un homme tendre, un partenaire qui serait aussi un complice et un
ami. Un premier mariage malheureux lui a enlevé pas mal d'illusions, et
des relations subséquentes n'ont en rien amélioré sa perception de
certains hommes. Elle sait ce qu'elle ne veut plus et assume sa vie de
célibataire d'âge mûr. Malgré tout, les amis d'Olivia, dans leurs
tentatives de lui trouver un «chum», lui feront vivre des situations à la
fois amusantes et embarrassantes.
L'auteure nous amène à découvrir une femme qui apparaît
parfois toute en demi-teintes. À certains moments, elle ressent quand même
des remises en question : sa vie ne sera plus la même. Heureusement, le
bonheur est simple : dans son nouvel environnement, elle nous fait
connaître une nature magnifique et des personnages sympathiques. Olivia a
bien conscience que tout ce qui l'entoure, elle l'a acquis grâce à son
travail, sa persévérance et l'amour de ses amis.
Sans être réellement autobiographique, il est clair que ce
livre est inspiré de plusieurs expériences personnelles de Francine Ruel.
Mais il faut aborder ce récit comme on choisit un passe-temps agréable :
pour se faire plaisir, en toute simplicité. Pour ma part, c'est très
réussi.
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