Refaire une santé à la planète
Quatre étudiants à la recherche de
solutions au Forum social des Amériques
CHANTAL NORMANDIN
Refaire le monde peut sembler une tâche impossible, mais pas pour quatre
étudiantes et étudiants de l'Université de Sherbrooke. Tous inscrits au
baccalauréat en études politiques appliquées, Geoffroi Bruneau, David
Lanneville, Émilie Breton et Valérie Provost sont partis le 15 janvier pour
Caracas, au Venezuela, dans le cadre du Forum social des Amériques. Des
milliers de personnes tenteront là-bas de faire la lumière sur plusieurs
questions d'actualité. Au menu : éducation, santé, droits des femmes,
jeunesse et environnement.
Une jeunesse engagée, partout dans le monde
Événement polycentrique se déroulant en même temps au Mali, en Inde et au
Venezuela, le forum social se veut un lieu d'échanges et de réflexion.
Travailleuses et travailleurs, membres de syndicats, étudiantes et
étudiants, représentants du milieu communautaire, les horizons touchés sont
multiples. On estime à plus de 80 000 le nombre de personnes qui sont
réunies à Caracas à la fin janvier. Des plénières ont été prévues afin
d'engager des discussions et d'élaborer des pistes de réflexion. Il s'agit
de construire des relations entre communautés, organisations et même pays
afin d'améliorer le sort de la planète.
Les quatre étudiantes et étudiants de l'Université de Sherbrooke qui s'y
rendront ont d'abord participé au Forum social de la jeunesse estrienne en
juin. Il s'agissait d'un des premiers forums du genre au Québec. En
compagnie d'autres jeunes, les étudiants y ont abordé des enjeux importants
pour la jeunesse, particulièrement en rapport avec le statut des femmes,
l'environnement et l'éducation. Encouragés à trouver des pistes d'action
tangibles, ils ont décidé de former une délégation pour se rendre à Caracas
et élargir ainsi leurs perspectives et leur réseau. Ce projet s'inscrit pour
eux dans le cadre d'un microprogramme de stage.
C'est en réaction au Forum économique de Davos que se sont organisés les
premiers forums sociaux. Désireux de créer une mondialisation plus juste et
équitable, les organisateurs souhaitaient aussi donner la parole aux pays
moins développés. L'implication de ces derniers dans la mondialisation doit
se faire au même niveau que celle des pays plus développés : «Nous voulons
abolir les frontières entre les nations et permettre une libre circulation
de l'information», souligne Valérie Provost.
Des réflexions qui portent du fruit
De plus, une initiative très particulière permettra de renforcer encore
plus les valeurs des participants au forum : un campement jeunesse
s'organise sur le site de l'événement. «Le campement sera une construction
physique écologique, mentionne Émilie Breton. Nous visons le travail par
consensus et tenterons par tous les moyens d'intégrer chacun et chacune dans
le processus. C'est de même une manière d'explorer l'autogestion, une façon
de faire que nous entretenons déjà dans la délégation.» Les étudiants
sherbrookois se sont d'ailleurs rendus plus tôt à Caracas pour participer à
l'édification des installations. Cela s'insère tout à fait dans l'idéologie
du mouvement altermondialiste : favoriser le développement communautaire, la
discussion et la démocratie, tout en préservant l'environnement.
La situation politique distincte du Venezuela offrira en outre un
contexte significatif au déroulement du forum. Le président Hugo Chavez
s'est prononcé contre plusieurs actions du gouvernement états-unien et
préconise des politiques socialistes dans plusieurs domaines, entre autres
l'éducation et la santé. L'Amérique latine possède de plus une tradition de
lutte des classes. De nombreux précédents s'y sont créés alors que les
populations de divers pays se sont organisées afin de réclamer le pouvoir ou
combattre les injustices sociales. Plusieurs participants ont donc espoir de
parvenir à réellement développer un mouvement communautaire mondial à partir
de ces forums sociaux.
De retour à Sherbrooke, les quatre étudiants ont bien l'intention de
mettre en pratique les multiples idées conçues à Caracas. Soutenus par le
Carrefour de solidarité internationale, ils devront produire de la
documentation et transmettre les informations acquises durant leur séjour en
Amérique du Sud. Ils désirent créer des liens entre les organisations
communautaires et ouvrir les perspectives des gens sur la situation
politique, sociale et environnementale du monde. Ils envisagent aussi de
participer à un campement jeunesse en sol québécois à l'été 2006, campement
qui pourrait bien se transformer en premier forum social au Québec.
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