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Liaison, 8 décembre 2005
Le conflit israélo-palestinien : enjeux et lueur
d'espoir
Marc Attali, consul général d'Israël pour le Québec et les Maritimes,
est venu discuter du conflit israélo-palestinien avec les étudiantes et
étudiants du baccalauréat en études politiques appliquées le 22 novembre.
Une étude de cas concret pour ces étudiants, dans le cadre du cours Les
systèmes politiques du Moyen-Orient donné par Sami Aoun, professeur au
Département d'histoire et de sciences politiques.
Selon le consul, le conflit israélo-palestinien découle du fait que
l'État palestinien ne reconnaît pas la légitimité de l'existence d'un État
d'Israël au Moyen-Orient, malgré que l'ONU ait officialisé la création de
cet État en 1948 : «Une fois que la légitimité de l'État et des pouvoirs
d'Israël aura été reconnue par les autorités palestiniennes, on pourra
réellement discuter. Pour l'instant, le plan de partage de 1947, qui a
légitimé les deux États, demeure toujours ambigu.»
La légitimité des pouvoirs palestiniens est également ou du moins a été
longtemps une question controversée au sein même de la population
palestinienne, affirme Marc Attali. Selon lui, la population palestinienne
ne se reconnaissait pas dans la tête du pays du temps de la présidence de
Yasser Arafat, en raison de sa stratégie de terrorisme. Mais le nouveau
président Mahmoud Abbas a maintenant carte blanche pour amener la paix et
est soutenu par la communauté internationale. Il lui reste selon le consul
à bien asseoir son pouvoir afin de ne pas se laisser vaincre par le
«terrorisme».
Mur de séparation et retrait de la bande de Gaza : les motifs
En attendant des ententes de paix, Israël doit faire face à une vague
de terrorisme sans précédent, indique Marc Attali. Le dilemme d'Israël, un
État démocratique, est d'assurer la sécurité des Israéliens tout en
préservant la qualité de vie des Palestiniens, ce qui n'est pas une tâche
facile puisque les terroristes se cachent au sein de la population
palestinienne. D'où l'implantation du mur de séparation, ou barrière de
sécurité, comme le nomme le consul, barrière qui a contribué,
affirme-t-il, à réduire de 90 % le nombre d'attentats.
Pour relancer le processus de paix, Israël a retiré en août les
implantations juives de la bande de Gaza, qui est maintenant gérée par les
autorités palestiniennes (sauf les frontières maritimes et aériennes).
«Céder la bande de Gaza était un compromis de l'État d'Israël, mais il
doit aussi y avoir des compromis du côté de l'autorité palestinienne : un
compromis territorial mais aussi idéologique, sans quoi on ne sortira pas
de l'impasse. C'est une opportunité que les autorités palestiniennes
doivent saisir pour s'engager dans des discussions avec Israël.»
De plus, la bande de Gaza servira en quelque sorte de cobaye. «Si le
gouvernement de ce territoire par l'État palestinien s'avère un succès,
cela servira d'exemple à suivre pour l'avenir, poursuit le consul. Mais si
ce territoire devient une base pour le terrorisme, le processus de paix
s'éloignera. C'est pourquoi la communauté internationale doit s'engager
dans les domaines du développement gouvernemental et juridique de la bande
de Gaza.»
Espoir à l'horizon
Selon le diplomate, il y a de l'espoir à l'horizon : «Le Moyen-Orient
vit présentement un moment historique. Des élections israéliennes et
palestiniennes sont prévues cet hiver. Cela nous permet d'espérer que les
nouveaux dirigeants relanceront le processus de paix et mettront en branle
les actions de la «feuille de route pour la paix» établie par le quartet
États-Unis, Russie, Europe et Nations Unies. Cela ne sera pas facile. Mais
heureusement les rapports humains entre Israéliens et Palestiniens n'ont
jamais été rompus complètement.»
Débat des étudiants
Un débat a ensuite été amené par les étudiantes et étudiants, qui ont
davantage présenté la position palestinienne. L'encouragement par Israël
des colonies juives en Cisjordanie constitue-t-il un message
contradictoire par rapport au retrait de la bande de Gaza? «Israël n'a
rien construit en Cisjordanie depuis des années; l'État a bien des projets
de construction, mais dans des villages qui sont déjà sous contrôle
israélien et qui ont des besoins en construction», a répondu Marc Attali.
Plusieurs appellent la bande Gaza une prison à l'air libre. Qu'en est-il?
«Depuis quelque temps, les problèmes d'approvisionnement en vivres dans la
bande de Gaza ont été réglés», a indiqué le consul. Sur la question de la
bombe nucléaire détenue par Israël, Marc Attali a affirmé que ce domaine
ne relevait pas de ses compétences.
S.R.
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