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Liaison, 8 décembre 2005

 

 
Le professeur André Carpentier et son équipe cherchent à comprendre les mécanismes à l'origine du développement du diabète chez les personnes ayant un très haut risque de développer cette maladie.

Le professeur André Carpentier et son équipe cherchent à comprendre les mécanismes à l'origine du développement du diabète chez les personnes ayant un très haut risque de développer cette maladie.

Photo : Robert Dumont

 


Chercher la cause du diabète

André Carpentier est spécialiste en médecine interne et surspécialiste en endocrinologie. Il est également directeur adjoint du Centre de recherche clinique du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) et directeur du Centre de recherche en endocrinologie, métabolisme et signalisation (CREMS), un centre d'excellence de l'Université de Sherbrooke. Professeur au Campus de la santé et chercheur passionné, il s'intéresse au diabète.

KARINE VACHON

C'est en soignant de nombreux patients diabétiques à l'hôpital qu'André Carpentier a décidé de consacrer ses recherches à cette maladie. «C'est une maladie très sévère : la première cause de cécité, d'insuffisance rénale et d'amputation, explique-t-il. Le diabète augmente aussi énormément le risque de maladie cardiaque. Et il est en constante augmentation.»

Lorsqu'au cours des années 90, André Carpentier se lance dans la recherche sur le diabète, on ne retrouve alors pas dans le milieu médical l'engouement actuel pour cette maladie. Convaincu de la pertinence de la recherche dans ce domaine, le chercheur a rapidement fait son nom. «Travailler sur le diabète était un défi intéressant, car les impacts de la maladie sur le métabolisme sont très complexes», affirme-t-il.

Le laboratoire : la crème du CREMS

André Carpentier arrive à l'Université de Sherbrooke à l'été 2001. Une subvention de recherche de 115 000 $ par année des Instituts de recherche en santé du Canada, pour une période de quatre ans, lui permet de mettre sur pied son laboratoire. En deux ans, il réussit à monter toute l'infrastructure pour la recherche métabolique in vivo. Durant cette période, il engage une assistante de recherche, Frédérique Frich, et des infirmières de recherche qui s'occupent aujourd'hui des patients participants, qui doivent parfois même passer la nuit au Centre de recherche clinique du CHUS pour certaines études. Les techniques utilisées au laboratoire sont nouvelles – seulement quatre ou cinq centres au monde les appliquent – de sorte que le personnel a dû être formé.

Viva les recherches in vivo!

Le médecin et son équipe cherchent à comprendre les mécanismes à l'origine du développement du diabète chez les personnes ayant un très haut risque de développer cette maladie. «Les gens dont les deux parents sont diabétiques ont de 60 à 70 % de risque de développer la maladie», précise-t-il.

Grâce à des études ex vivo déjà exécutées par d'autres chercheurs, André Carpentier savait au départ que l'augmentation des acides gras dans des cellules du pancréas diminuait les sécrétions d'insuline. Ce qui n'est pas sans importance puisque la difficulté du pancréas à sécréter de l'insuline est l'un des défauts provoquant le développement du diabète.

Puis des groupes de recherche d'Italie et des États-Unis ont tenté l'expérience, cette fois in vivo, mais les conclusions des deux équipes se sont avérées contradictoires. Le chercheur de Sherbrooke a donc décidé de s'attaquer au problème en utilisant des méthodes plus poussées. «Résultat : l'augmentation prolongée des acides gras dans le sang crée une résistance à l'insuline que les humains n'arrivent pas à compenser», conclut-il.

Des articles ont été publiés sur le sujet, lesquels ont été grandement cités dans la littérature médicale. André Carpentier essaye maintenant de voir ce qui peut amener les gens qui développent le diabète à acheminer plus de gras à leurs cellules. Pour ce faire, par des études métaboliques très complexes où du gras est perfusé dans les veines, le chercheur étudie précisément la période après les repas, car il y a constaté des anomalies. Cette approche est différente puisque la période de jeûne est celle qui fut le plus souvent étudiée lors des études antérieures.

Les chercheuses et chercheurs de l'Université de Sherbrooke ont également développé en tomographie un traceur de gras chez les animaux, qui pourra ultimement être utilisé chez les humains lorsque Santé Canada autorisera son utilisation. Il s'agit d'un projet très innovateur : ils seront les premiers au Canada à utiliser ce scanner, qui produit des images radiographiques en trois dimensions très précises, afin d'examiner le métabolisme du gras organe par organe.

Comprendre les mille facettes du diabète

Une subvention de l'Association canadienne du diabète permet à André Carpentier de se consacrer à un second projet : celui d'étudier les effets du gras sur les cellules du système immunitaire.

Il y a quelques années, des chercheurs ont découvert que les gens ayant un taux d'inflammation dans le sang plus élevé couraient plus de risque de développer le diabète. Puis les recherches d'André Carpentier ont prouvé que l'augmentation du gras dans le sang produit effectivement un impact sur le système immunitaire. Cependant, il s'avère que la modulation est beaucoup plus complexe qu'il ne le pensait, et le médecin souhaite ultimement en comprendre les impacts à long terme. À ce sujet, un article a récemment été accepté dans la revue American Journal of Clinical Nutrition.

Un projet chez l'animal pour aller au cœur du problème

Un troisième projet sur lequel travaille présentement André Carpentier est financé par la Fondation des maladies du cœur, puisque les maladies cardiovasculaires emportent 80 % des diabétiques, ceux qui font un infarctus ayant de deux à trois fois plus de risque de mourir que les personnes non diabétiques. Une raison possible pour cette augmentation du taux de mortalité pourrait être que le cœur des diabétiques carbure au gras plutôt qu'au sucre.

À l'aide d'un modèle animal, le professeur tente de découvrir à quel point le cœur des diabétiques pige dans le gras plutôt que dans le sucre et à quel point cette première source altère le métabolisme du sucre. Pour ce faire, le Centre de recherche clinique du CHUS dispose de l'un des seuls tomographes par émission de positrons pour les petits animaux en Amérique du Nord. La source de radiation vient en fait d'un traceur infusé dans le sang.

En 2004, ces recherches ont permis à André Carpentier de remporter le prix Jonathan-Ballon de la Fondation des maladies du cœur du Québec pour le meilleur projet par un nouveau chercheur. Le médecin nucléiste François Bénard, le physicien Roger Lecomte et le radiopharmacologue Johan van Lier collaborent avec lui.

Après les recherches, la notoriété…

Toujours en 2004, André Carpentier a reçu le Prix d'excellence à la recherche médicale de la Fondation du CHUS assorti d'une bourse de 20 000 $. Plus récemment, le 27 avril 2005, il a été nommé chercheur de la semaine par les Canadiens pour la recherche médicale, un organisme national à but non lucratif dont l'objectif est entre autres d'aider la population canadienne à comprendre les problèmes de recherche médicale.

Pour atteindre les connaissances nécessaires à l'excellence de ses recherches, André Carpentier, qui est diplômé de l'Université de Sherbrooke, a d'abord complété un baccalauréat en médecine, puis une résidence en médecine interne et une spécialisation en endocrinologie. Ensuite, à différents endroits du Québec, il a suivi une formation supplémentaire en lipidologie. Finalement, des études postdoctorales au Toronto General Hospital dans le laboratoire de Gary Lewis, spécialiste du métabolisme des lipides dans le diabète, sont venues clore ses longues années d'études.

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