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Liaison, 24 novembre 2005

 

 
À Machu Picchu : Jean-Charles Perron, Jean-François Lebeau et Julie Tremblay.

À Machu Picchu : Jean-Charles Perron,
Jean-François Lebeau et Julie Tremblay.

 


Béton et coca

JULIE TREMBLAY

Nous sommes maintenant au Pérou depuis deux mois. Que le temps a passé vite! La construction du centre de services sociaux pour les femmes victimes de violence avance à la vitesse de l'éclair. L'arrivée d'un nouveau contremaître de 28 ans d'expérience nous a été profitable. Tant de choses ont changé, les murs se sont élevés et pratiquement toute la structure est maintenant terminée. Le rêve de la «Casa» prend forme pour nous et nos partenaires péruviens.

La grève pour la coca

Une grève a menacé l'avancement des travaux. Pendant près d'une semaine, les manifestants empêchaient quiconque de travailler dans toute la région de la Convención. Les plus téméraires le faisaient discrètement. La ville devenue un village fantôme s'éveillait d'un coup avec une foule de manifestants hurlant leur désir de garder le droit de cultiver la feuille de coca. Les grévistes réagissaient aux pressions américaines pour éradiquer la culture de la coca, légale actuellement au Pérou à des fins «traditionnelles et médicinales». Le Pérou est le second producteur mondial de coca après la Bolivie. La province de la Convención produit annuellement 4880 tonnes de coca. Un homme m'expliquait que dans les montagnes, des milliers de campesinos cultivent la feuille de coca pour leur subsistance et de manière traditionnelle, car le climat est peu propice à d'autres types d'agriculture. Dans la culture populaire, la coca n'a rien à voir avec la drogue. Utilisée depuis des milliers d'années par les peuples andins, elle se mastique pour soulager la faim, donner force au travail et contrer le mal des montagnes.

Nous avions choisi de poursuivre les travaux la porte fermée durant les jours de grève, comme le maestro nous le recommandait, puisque le temps nous était compté pour terminer la construction. Heureusement pour nous, les manifestants ont été pacifiques lorsqu'ils ont passé devant le chantier. Nous sommes allés marcher avec eux pour calmer les ardeurs. Ils nous ont fait brandir leur drapeau et étaient fiers que des étrangers soient à leur côté.

Le grand jour, le coulage de la dalle de béton

Après cette grève, nous avons redoublé nos efforts en travaillant des heures supplémentaires avec nos employés. Dans le temps qu'il faut pour le dire, tous les coffrages et les poutres furent érigés pour permettre la coulée de la dalle du premier étage d'une superficie de 250 m2. Pour cette journée inoubliable, tous étaient au poste et la majorité mâchaient leur feuille de coca. Dix pelleteurs alimentaient les mélangeurs à béton pendant que 26 autres montaient sans arrêt sur le toit en courant, chargés de chaudières de béton.

Le maestro et l'équipe du Groupe de collaboration en ingénierie de l'Université de Sherbrooke (GCIUS) veillaient à la qualité et à la coordination du travail. Le coulage de la dalle est un point crucial de la construction puisqu'elle finalise la structure. Il s'en est fallu de peu pour que la date soit retardée en raison de problèmes de livraison, typique en région isolée comme Quillabamba. En respect des traditions péruviennes, une bouteille de champagne avec des fleurs a été accrochée au mur, et Jean-Charles a eu l'honneur d'être parrain de la construction après avoir cassé la bouteille. Ensuite, nous avons fait la fiesta et fraternisé avec nos employés. Après ce fut le temps de prendre des vacances bien méritées! Le béton fraîchement coulé doit sécher pendant deux semaines. Nous sommes donc partis à l'aventure vers le Machu Picchu pour un petit cinq jours.

Machu Picchu

Pour nous rendre à la cité perdue des Incas, plusieurs chemins sont proposés par les agences touristiques. Pour gravir le chemin inca, les «locaux» passent plutôt par Santa Teresa, et c'est tout une aventure. Un ami nous a offert d'embarquer dans la boîte de son pick-up jusqu'au petit village de la région. Sur cette route cahoteuse et isolée, la coutume est d'embarquer ceux qui demandent le passage. Au départ six, nous nous sommes donc vite retrouvés à 12 dans cette camionnette paraissant avoir fait son temps. J'ai eu la peur de ma vie lorsque nous nous sommes mis à reculer à deux pieds d'une falaise, car le camion manquait de puissance pour monter la côte avec tout ce monde.

Le village de Santa Teresa porte les cicatrices du phénomène El Niño, qui avait complètement détruit le village et la voie ferrée il y a huit ans. Pour traverser la rivière Vilcanota, aucun pont n'a été reconstruit, et le seul moyen de traverser est à l'aide d'une nacelle suspendue à un câble. Les investissements sont absents pour la reconstruction de ces lieux et l'intérêt économique des propriétaires de la voie ferrée s'arrête à la station hydroélectrique proche du Machu Picchu. Après trois heures de marche sur un ancien chemin inca transformé en voie ferrée, nous sommes arrivés au village d'Aguas Calientes, station balnéaire où restaurants et hôtels attendent des milliers de touristes du monde entier.

Taillée à même la pierre d'un sommet de 2400 mètres d'altitude, «la vieille montagne», ou Machu Picchu en quechua, servait principalement au rite religieux. Cette ville fut construite en altitude afin de se rapprocher des cieux. Elle prend la forme d'un condor, animal mythique représentant le contact entre les hommes et les dieux. Malgré leur coutume un peu barbare d'offrir en sacrifice la plus belle des jeunes filles du village, les Incas restent un peuple fascinant. Leurs connaissances en astronomie leur permettaient de connaître les saisons et un temple dédié au soleil laissait entrer la lumière uniquement au solstice de chaque année. Cette cité fut oubliée pendant très longtemps. Elle fut cachée aux Espagnols et abandonnée par les Incas durant les années de colonisation, pour être finalement redécouverte au début du siècle par l'explorateur Hiram Bingham. Après ce ressourcement de quelques jours, l'équipe du GCIUS est retournée au chantier.

Nous entamons maintenant l'étape de la finition. Dans moins d'un mois, ce beau projet se sera concrétisé et nous léguerons la Casa Communitaria de Servicios sociales de la Convención aux femmes victimes de violence. À notre départ, nous aurons légué une salle d'urgence pour donner des soins médicaux, deux bureaux de consultation et trois chambres avec cuisine et buanderie qui serviront à accueillir des petites familles dans le besoin.

Manifestation lors de la grève de la coca dans les rues de Quillabamba.
Manifestation lors de la grève de la coca
dans les rues de Quillabamba.

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