Liaison, 24 novembre 2005
Récipiendaire des bourses d'excellence et d'admission
Fanny Moffette souhaite participer au développement d'une
société durable
ETIENNE SAMSON
Le 14 novembre se tenait au Centre culturel la cérémonie de remise de
bourses d'admission. À cette occasion, 187 bourses ont été remises à des
étudiantes et étudiants s'étant démarqués grâce à leurs résultats
académiques au cégep. Parmi ceux-ci, sept récipiendaires se sont vu
remettre, en plus, une bourse d'excellence pour l'engagement. C'est le cas
de Fanny Moffette, une étudiante en économique qui se distingue par son
parcours exceptionnel.
D'entrée de jeu, il est plutôt rare qu'une enfant quitte son école
primaire pour étudier dans un lycée français, à Rio de Janeiro. C'est ce
plongeon dans la culture latine qui l'a stimulée à partir en Italie pour sa
cinquième secondaire. «Je pense que j'ai façonné ma rigueur suite à
l'éducation européenne que j'ai reçue», résume Fanny, qui ne connaissait pas
un mot d'italien avant cette immersion.
Engagement artistique au collégial
Son parcours collégial est peut-être moins exotique, mais il n'en demeure
pas moins impressionnant. Inscrite en musique, la pianiste s'est impliquée
dans Cégep en spectacle durant les trois années de son passage au collège.
Participante au sein du groupe Lokazion la première année, elle se rend à
la finale nationale. Une performance exceptionnelle qui a permis au groupe
de participer à la tournée du Réseau intercollégial des activités
sociocuturelles du Québec. Huit spectacles dans autant de villes du Québec,
échelonnés sur deux mois. «Pas de repos pour les artistes : on arrivait à la
salle de spectacle, on montait les installations, on faisait les tests de
son, puis vite le souper avant de sauter sur scène et donner le meilleur de
nous-mêmes!» raconte l'étudiante.
Fortes de la synergie créée en tournée, Fanny et ses deux complices se
sont vu offrir l'année suivante la possibilité de pousser plus loin
l'expérience en tant qu'artistes invités durant la délibération du jury.
Cette responsabilité d'honneur s'ajoutait, pour Fanny, à son rôle de
pianiste du house band, groupe accompagnateur des chanteuses durant
la partie concours.
Enfin, l'année suivante, avec trois camarades, l'étudiante a assuré
l'animation de Cégep en spectacle, pour lequel elle a écrit des
textes unissant l'humour à l'engagement social.
Le capitalisme positif
Au printemps 2004, Fanny Moffette s'unit à un petit groupe qui visait la
création d'un café étudiant au collège. «On avait décidé de tenir tête aux
multinationales, dit-elle avec fierté. Le Cégep de Sherbrooke a cru en
nous.» Grâce à l'appui de la direction et au travail acharné du groupe
d'étudiants, le café L'Équitable a vu le jour, et a mérité au terme de sa
première année d'exploitation la plus haute distinction du concours
québécois en entrepreneuriat, catégorie collégial.
«Le café fonctionne comme une coopérative, explique-t-elle, c'est un
merveilleux lieu d'apprentissage de la démocratie et de l'économie.» C'est
cette implication significative au café L'Équitable qui l'a poussée à
s'inscrire en économique.
Actions durables
Motivée par son expérience au sein du café étudiant, diplôme d'études
collégiales en musique en poche, Fanny entreprend les cours nécessaires pour
être acceptée au Département d'économique de la Faculté d'administration.
«L'Université de Sherbrooke se démarque des autres par son système
coopératif, le libre accès de ses étudiants au transport en commun, sa
politique de développement durable, explique Fanny. On sent que ça bouge
ici.»
Durant son passage à l'UdeS, elle compte encore participer à la vie
parascolaire, mais cherche avant tout à s'associer à des étudiantes et
étudiants qui veulent promouvoir et agir en fonction de valeurs
environnementales et sociales. «Je n'ai pas envie de donner des coups d'épée
dans l'eau, illustre-t-elle. Je souhaite m'entourer de gens sérieux afin que
les projets sur lesquels je travaillerai aient toutes les chances possibles
de créer un impact durable.»
Côté académique, Fanny Moffette s'intéresse pour l'instant aux fonds
éthiques. «Si les investissements sont plus massifs dans les fonds éthiques,
les entreprises aux valeurs environnementales et sociales vont
nécessairement obtenir un bon coup de main, déduit-elle. Et les autres
devront changer leur fusil d'épaule pour demeurer dans la course, ou elles
disparaîtront.»
Enfin, l'étudiante ne cache pas que la maîtrise en développement des
coopératives pourrait l'intéresser. Elle souhaite toutefois considérer les
options une à une. «Si je sens que mon pouvoir d'action s'accroît plus
rapidement avec la maîtrise en poche, je vais la faire, évalue-t-elle. Si je
crois pouvoir faire avancer les choses sans, alors je la ferai plus tard,
tout simplement.»
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