Liaison, 10 novembre 2005
Voyage dans l'imaginaire de Jean-Sébastien
Dubé
Il était une fois… un coordonnateur conteur
CHANTAL NORMANDIN
Même s'il n'est âgé que de 32 ans, Jean-Sébastien Dubé sait ce qu'il fera
à la retraite : il sera conteur. Coordonnateur de l'animation au Carrefour
de l'information et chargé de cours à la Faculté des lettres et sciences
humaines, il perfectionne déjà son talent pour cette passion peu commune.
Dernièrement, il s'est produit dans le cadre du festival Les jours sont
contés, en duo avec Marc-André Caron, un étudiant à la Faculté d'éducation.
Conter comme cuisiner
Il y a quelques années, Jean-Sébastien Dubé rencontre Petronella Van Dijk,
directrice des Productions Littorales, elle-même conteuse. Son intérêt est
immédiatement piqué. Une deuxième rencontre, avec Marc-André Caron, étudiant
en enseignement, fut tout aussi décisive. Les deux hommes partageant une
passion mutuelle, ils ont décidé de créer un duo, une rareté dans le domaine
du conte.
Amateur depuis longtemps de Donjons et Dragons, de théâtre et
d'improvisation, Jean-Sébastien Dubé a le regard brillant dès qu'on lui
parle de conte. Il apprécie avant tout le contact avec le public. La
réaction est instantanée et souvent vive. Le décor dépouillé, sans artifice,
permet de mettre toute son énergie dans le lien établi avec les spectateurs.
Jean-Sébastien a aussi constaté à quel point les contes traditionnels des
aînés constitue une richesse. Pour lui, il est primordial de ne pas laisser
disparaître cette sagesse et ce patrimoine. L'uniformisation culturelle est
aussi un phénomène qui l'effraie.
Pour le jeune conteur, l'art de conter lui permet de faire découvrir des
mondes riches et captivants à son public. Il compare d'ailleurs les contes à
la cuisine : «Essayer des recettes, c'est s'immerger dans une culture, la
découvrir, pas la voler. Il s'agit de la même chose pour les conteurs qui
reprennent les fables d'autres pays.»
Les multiples personnalités du conte
Sa passion pour l'univers du conte a également réconcilié Jean-Sébastien
avec celui de la création. Ses études l'ayant conduit vers la recherche, le
conte a fait renaître en lui le plaisir d'écrire. Son répertoire, très
varié, se divise en deux : les contes traditionnels, qui proviennent
d'endroits aussi différents que la Russie, le Tibet et l'Afrique, d'une
part, et ses propres créations, d'autre part.
Plusieurs thèmes récurrents se retrouvent dans celles-ci : l'au-delà, le
rapport avec la mort, les anges… Le public s'attendant à des textes plus
comiques ou légers, ces textes souvent tristes ou poétiques en surprennent
plus d'un.
Jean-Sébastien Dubé considère cependant que le conte n'a aucune limite :
«Ce n'est pas toi qui choisis le conte, c'est le conte qui te choisit.»
Entendue d'un autre artiste, cette phrase l'a fortement marqué. Elle
influence maintenant ses choix créatifs.
Le duo qu'il forme avec Marc-André Caron façonne la technique et les
contes du chargé de cours. Leurs univers respectifs se rejoignent malgré les
différences de leur répertoire. Chacun récupère des détails des histoires de
l'autre. Les textes de l'étudiant en enseignement racontent des histoires de
dépanneur. Jean-Sébastien Dubé reprend ce lieu dans quelques-unes de ses
créations. Les deux hommes partagent des personnages, des événements, comme
si leurs contes se répondaient l'un à l'autre. Leurs performances, souvent
entrecoupées de chansons, donnent une allure réelle à leur création. Comme
si on pouvait croiser leurs personnages au coin de la rue.
Pour le moment, Jean-Sébastien a participé au festival Les jours sont
contés, une initiative annuelle des Productions Littorales. Des conteurs de
partout sont venus faire preuve de leurs talents dans divers endroits de la
ville. Très unis, les conteurs ne se privent pas de se réunir le plus
souvent possible. On les considère souvent comme des ambassadeurs de la
culture et ces derniers se réjouissent de s'ouvrir et de la partager.
Jean-Sébastien construit présentement son spectacle avec Marc-André
Caron. Il espère pouvoir le présenter d'ici l'an prochain. Il s'agit encore
d'un tout début pour l'homme, lui qui a l'espoir d'attiser de plus en plus
l'intérêt des gens à cet art fascinant qu'est le conte.
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