Liaison, 10 novembre 2005
Deux nouvelles chaires de recherche du Canada
Recherches sur un ARN à l'origine de la vie et sur de
nouvelles cibles thérapeutiques
GILLES PELLOILLE
Deux professeurs de la Faculté de médecine et des sciences de la santé
ont été nommés le 10 novembre titulaires de chaires de recherche du Canada.
Ainsi, Jean-Pierre Perreault, professeur au Département de biochimie,
étudiera les mystères des acides ribonucléiques (ARN) catalytiques qui
pourraient le conduire à découvrir l'origine de la vie. Pour sa part,
Christine Lavoie, professeure au Département de pharmacologie, développera
de nouvelles cibles thérapeutiques pour combattre une multitude de maladies.
Chaire de recherche du Canada en génomique et ARN catalytique
En tant que titulaire de la nouvelle Chaire de recherche du Canada en
génomique et ARN catalytique, Jean-Pierre Perreault travaillera à élucider
les mécanismes moléculaires des ribozymes et des viroïdes. Les résultats
aideront à mieux comprendre comment les ARN, produits des gènes, forment des
structures essentielles à la cellule. La recherche du professeur conduira à
la mise au point d'outils diagnostiques et de nouveaux médicaments, ainsi
qu'à des applications en recherche médicale.
Les humains sont tous susceptibles de contracter une infection virale ou
encore un cancer au cours de leur vie. Un grand espoir pour le traitement de
ces maladies pourrait se trouver dans l'ARN, les molécules qui transportent
les messages génétiques. Ces molécules sont une source de questions qui
fascinent les scientifiques depuis des générations.
Biochimiste et spécialiste de l'ARN, Jean-Pierre Perreault consacrera une
partie de son temps comme titulaire de la chaire à examiner le
fonctionnement des ribozymes, c'est-à-dire d'ARN capables d'accélérer une
réaction chimique. Un projet important de l'équipe du professeur est l'étude
du ribozyme delta, qui provient du virus delta de l'hépatite humaine. Les
résultats de cette recherche pourraient permettre de mieux comprendre
comment le bon fonctionnement d'une cellule est déterminé par les milliers
d'ARN qu'elle contient.
D'autres projets étudieront des organismes très simples, des viroïdes,
afin de mieux comprendre comment l'ARN détermine leur développement. La
connaissance du cycle de vie de l'ARN pourrait permettre de contrôler la
propagation de ces viroïdes. Les résultats pourraient également confirmer
une hypothèse excitante, qui consiste à penser que l'ARN pourrait avoir été
la première molécule biologique sur terre.
La recherche pourrait conduire à la mise au point de nouvelles
technologies en thérapie génique. Par exemple, des ribozymes pourraient
servir de médicaments pour contrôler la propagation du virus de l'hépatite
C, ou pourraient permettre de réparer des gènes dont l'altération est
responsable de pathologies comme la maladie d'Alzheimer et le cancer du
sein. D'autres applications sont visées dans le domaine agroalimentaire : la
fabrication de ribozyme afin d'augmenter la production de pommes de terre,
et la préparation de bactéries qui servent à la fabrication du yogourt.
Chaire de recherche du Canada en pharmacologie cellulaire
Christine Lavoie, titulaire de la nouvelle Chaire de recherche du Canada
en pharmacologie cellulaire, approfondira les connaissances sur les
protéines G hétérotrimériques afin d'améliorer de nombreux médicaments
existants et d'en élaborer de plus efficaces.
Au Canada, la majorité des médicaments sur le marché ont pour cible une
famille de récepteurs à la surface des cellules (RCPG), récepteurs qui sont
couplés aux protéines G hétérotrimériques. Ces protéines sont d'importants
commutateurs moléculaires qui ont une responsabilité dans le relais de
signaux extracellulaires vers des effecteurs intracellulaires. Ces protéines
jouent un rôle clé dans le contrôle d'une multitude de processus biologiques
aussi divers que la neurotransmission, le métabolisme, la croissance
cellulaire et la vision. Par conséquent, les dérèglements des RCPG et de ces
protéines G sont impliqués dans un grand nombre de pathologies.
Déjà la professeure a contribué à mettre à jour un rôle non traditionnel
des protéines G hétérotrimériques, soit leur participation à la régulation
du transport intracellulaire. Cet aspect des protéines G est encore très peu
étudié au Canada. Grâce à des techniques de biologie cellulaire et à des
méthodes d'imagerie biologique sophistiquées (microscopie confocale),
Christine Lavoie explorera le rôle précis et les mécanismes d'action des
protéines G dans la régulation du transport intracellulaire, la
signalisation au niveau des compartiments intracellulaires et dans la
cascade de signalisation de récepteurs autres que les RCPG.
La Chaire de recherche du Canada en pharmacologie cellulaire se démarque
par l'intégration des méthodes de pharmacologie moléculaire et de biologie
cellulaire. Dans un domaine de recherche dominé par les pharmacologistes
moléculaires et les biochimistes, l'utilisation de méthodes de biologie
cellulaire pour analyser la localisation et la fonction des protéines G
hétérotrimériques est innovatrice.
Finalement, la Chaire de recherche permettra de définir des interactions
fonctionnelles entre les processus de signalisation et de transport
intracellulaire, ce qui se traduira éventuellement par le développement de
nouvelles cibles thérapeutiques et l'amélioration des soins de santé pour la
population.
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