Aider les personnes atteintes de la
maladie d'Alzheimer à se souvenir
NADINE FORTIN
Nathalie Bier, doctorante en sciences cliniques, a reçu le 25 octobre le
prix Anne-Lang Etienne de l'Ordre des ergothérapeutes du Québec (OEQ). Il
s'agit d'un prix remis à un étudiant de 3e cycle dont le projet
de recherche est prometteur pour l'avancement de l'ergothérapie. La
présidente de l'OEQ, Françoise Rollin, la représentante du commanditaire de
la bourse, Lucie Labbé, quelques amies et collègues ainsi que ses
directrices ont pris part à la cérémonie.
Nathalie Bier travaille sous la supervision de Johanne Desrosiers,
professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé, de Lise
Gagnon, professeure à la Faculté des lettres et sciences humaines, et de
Martial Van der Linden, de l'Université de Genève. Elle s'intéresse à la
maladie d'Alzheimer et, plus particulièrement, à la possibilité d'aider les
personnes atteintes à se souvenir de nouvelles informations.
Le but de son projet de doctorat est d'utiliser des capacités préservées
de la mémoire afin de favoriser l'apprentissage d'une petite quantité
d'informations utiles pour fonctionner dans la vie quotidienne. Nathalie
Bier ne vise pas à redonner aux participants leur mémoire d'antan ou
d'empêcher la maladie de progresser, mais plutôt à aider les personnes en
début de maladie à apprendre à utiliser un four à micro-ondes, à retenir
leurs rendez-vous ou le nom des personnes de leur entourage.
Différentes méthodes, qui visent à favoriser l'apprentissage de ces
informations, sont développées pour répondre spécifiquement aux besoins et
aux difficultés de la personne atteinte de la maladie d'Alzheimer. Ces
méthodes sont appliquées par un proche ou un intervenant et non par la
personne qui est atteinte de la maladie. Ce type d'intervention pourrait
être utilisé en conjonction avec une médication et une adaptation de
l'environnement, afin d'aider la personne atteinte de la maladie d'Alzheimer
à demeurer le plus longtemps possible à domicile. Trois méthodes ont été
étudiées et se sont avérées efficaces. Cependant, davantage de participants
ont profité de la méthode de récupération espacée qui consiste à demander à
la personne de retrouver l'information dans sa mémoire après des délais de
temps de plus en plus longs (après 10 secondes, 20 secondes, 30 secondes,
1 minute, 1 minute 30, et jusqu'à 5 minutes).
Actuellement, l'équipe de recherche poursuit l'étude afin de mieux
comprendre le fonctionnement de ces méthodes et pourquoi la méthode de
récupération espacée semble être celle à privilégier.
Un autre volet de l'étude explore l'efficacité des méthodes auprès de
personnes âgées qui ne présentent pas de trouble de mémoire. Il s'agit d'un
domaine de recherche novateur. Une meilleure compréhension de ces méthodes
permettra d'améliorer les interventions faites auprès des personnes
atteintes de la maladie d'Alzheimer et de leur famille proche.
«L'originalité, la pertinence, l'applicabilité des résultats de recherche
en ergothérapie, la clarté des objectifs poursuivis, les résultats obtenus,
la qualité de la langue et des présentations sont tous des critères qui ont
contribué au choix de la lauréate», précise Françoise Rollin, de l'OEQ.
D'ailleurs, l'excellence des travaux de recherche de Nathalie Bier a déjà
été reconnue à de multiples occasions. L'étudiante a reçu le prix
Réjean-Hébert en 2003 et le prix d'excellence du Fonds de la recherche en
santé du Québec en 2005. Elle est également boursière des Instituts de
recherche en santé du Canada et du Fonds de la recherche en santé du Québec
(à partir du printemps prochain).
«L'implication de Nathalie Bier dans son milieu de travail est également
considérable», a mentionné l'ergothérapeute Johanne Desrosiers, chercheuse
au Centre de recherche sur le vieillissement (CDRV) et elle-même
récipiendaire du prix de l'OEQ, en 1990. «Elle représente les étudiants au
comité d'éthique du CDRV, elle a joué un rôle majeur au sein du comité du
programme des sciences cliniques et du comité organisateur de la journée
scientifique 2004 du CDRV.»
«Nathalie a développé plusieurs collaborations sur le plan
international», a ajouté la neuropsychologue Lise Gagnon, chercheuse au CDRV.
En effet, le projet de recherche de Nathalie Bier comporte un volet
académique en Belgique et en Suisse. De plus, Lise Gagnon et Nathalie Bier
ont invité des professeurs européens afin d'offrir des formations de pointe
aux neuropsychologues et aux ergothérapeutes de la province.
Nathalie Bier complétera ses travaux de doctorat l'automne prochain. Par
la suite, elle entreprendra des études postdoctorales portant plus
particulièrement sur la façon de mesurer l'impact de la rééducation
cognitive de la mémoire et du langage sur les habitudes de vie et les rôles
sociaux de personnes atteintes de troubles cognitifs.
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