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Liaison, 10 novembre 2005

 

 
Goze Bertin Bénié, professeur au Département de géomatique appliquée à la Faculté des lettres et sciences humaines, est l'un des deux chercheurs principaux de l'ambitieux projet Campylogis.

Goze Bertin Bénié, professeur au Département de géomatique appliquée à la Faculté des lettres et sciences humaines, est l'un des deux chercheurs principaux de l'ambitieux projet Campylogis.

Photo : Roger Lafontaine

 


Le géomaticien à la rescousse de l'humain

SOPHIE PAYEUR

Passionné des sciences de la terre, Goze Bertin Bénié effectue ses recherches aux quatre coins du globe. Les systèmes d'information géographique qu'il a développés servent notamment à combattre les feux de forêt ou à contrer les effets de la sécheresse dans les pays en voie de développement. Le professeur au Département de géomatique appliquée emprunte maintenant une avenue peu fréquentée par la géomatique : la santé humaine.

La géomatique regroupe les techniques et les outils informatiques qui permettent de représenter, d'analyser et d'intégrer des données géographiques. «C'est une puissante technologie pour analyser une situation précise dans l'espace et dans le temps», souligne Goze Bertin Bénié. Après avoir passé de nombreuses années à développer des systèmes d'information géographiques appliqués à la gestion des ressources naturelles, ce professeur veut maintenant faire valoir le potentiel de la géomatique en santé publique : «On ne peut plus occulter les facteurs environnementaux des problématiques de santé publique. Les situations sont de plus en plus complexes et la géomatique fournit des méthodes d'analyse hautement rationnelles. Je crois qu'elle peut jouer un rôle de premier plan dans les décisions de santé publique.» Un phénomène particulier en Estrie lui offre aujourd'hui l'occasion de mettre en branle l'un des plus ambitieux projets de géomatique appliquée à la santé humaine au Québec.

Le projet Campylogis

Chaque année, on rapporte au Québec 3000 cas de diarrhées engendrées par des bactéries. La cause principale de ces maladies est la bactérie Campylobacter jejuni, qui niche dans la flore intestinale de plusieurs animaux et oiseaux. Les campylobactérioses sont généralement causées par la consommation de volaille mal cuite ou de fromage au lait cru. L'eau non traitée ou mal traitée serait aussi un milieu propice pour Campylobacter jejuni; la contamination de l'eau serait favorisée par les déjections animales des exploitations agricoles. Or, Sophie Michaud et son équipe ont détecté en 2001 deux fois plus de cas de campylobactériose dans la MRC d'Asbestos que dans le reste de la grande région de l'Estrie. En effet, on répertorie 113 cas de campylobactériose pour 100 000 habitants dans la MRC d'Asbestos, alors qu'on trouve 63 cas pour l'ensemble de l'Estrie. La moyenne pour l'ensemble du Québec est de 44 cas pour 100 000 habitants. Alertés par la situation, les chercheuses et chercheurs veulent identifier avec certitude les sources de Campylobacter jejuni et vérifier si les souches de bactéries trouvées dans les cours d'eau ou les puits artésiens sont les mêmes que celles prélevées chez les malades.

Pour ce faire, Sophie Michaud et son équipe ont réussi à amasser le financement nécessaire à la réalisation d'un système d'information géographique (SIG) voué à la surveillance de la bactérie. Unique en son genre, le projet Campylogis implique la Régie régionale de la santé de l'Estrie et regroupe une vaste équipe de médecins et de géographes. Pour Goze Bertin Bénié, c'est l'occasion tout indiquée de démontrer le rôle social de la géomatique.

«Le projet intégrera une foule de données environnementales et humaines pour évaluer le risque d'infection relié à l'eau potable, explique Goze Bertin Bénié. À terme, Campylogis va générer des cartes géographiques illustrant les parcours empruntés par la bactérie via les humains, les élevages, l'eau, l'environnement. Les décideurs en santé publique auront accès à différentes couches d'information; c'est l'un des rares outils de surveillance sanitaire au Québec qui prennent en compte autant d'éléments à la fois.»

Plus concrètement, le projet Campylogis permettra de comparer les variations des concentrations de bactéries trouvées dans les rivières et leurs tributaires selon les saisons et les régions. Ces données seront par la suite comparées aux cas d'infections humaines selon les mêmes variations, saisonnières et régionales. Le système d'information géographique orientera également les chercheuses et chercheurs vers les sources environnementales de la bactérie (dans les fermes, par exemple) tout en associant ces sources à la répartition géographique des rivières, de leurs tributaires et des eaux de surface. En somme, le projet fera ressortir les endroits où les systèmes publics de distribution de l'eau sont potentiellement contaminés et permettra de tester l'hypothèse de la contamination de l'eau par les déjections animales.

«Toutes les données géographiques, sociales et médicales susceptibles d'éclairer la problématique seront intégrées au système d'information géographique, dit Goze Bertin Bénié. Nous illustrerons l'état physique des lieux en montrant où sont les fermes et en identifiant la nature et la topographie des sols.» Quels sont les types d'exploitations agricoles présentes dans la région étudiée et comment gère-t-on les résidus d'élevage? Quelles sont les habitudes de la population en ce qui a trait à la gestion et au traitement des eaux potables? Toutes ces informations seront mises en perspective des aspects épidémiologiques de la maladie, également documentés par les experts médicaux.

Le rôle des géomaticiens sera ensuite de développer un prototype de système de surveillance qui intègre l'ensemble de ces données, de façon à mettre en lumière l'influence réciproque des paramètres. «Campylogis n'est pas un simple projet de géomatique médicale, souligne Goze Bertin Bénié. C'est un véritable système de surveillance de santé publique dans l'espace et dans le temps. Il pourra éventuellement être appliqué à d'autres régions du Québec et être transposé à d'autres pathogènes aquatiques, tels que la bactérie E. coli

Mobilisée par le projet Campylogis pour une durée de trois ans, l'équipe de chercheurs émettra une série de recommandations à la Régie régionale de la santé, qui prendra les mesures appropriées pour améliorer la qualité de l'eau. L'équipe du projet Campylogis est pilotée par Sophie Michaud et comprend les chercheurs en géomatique Goze Bertin Bénié et Ferdinand Bonn, le biologiste moléculaire Eric Frosst, le directeur de l'Observatoire de l'environnement Olivier Thomas ainsi que Suzanne Ménard, de la Régie régionale de la santé de l'Estrie.

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