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Liaison, 13 octobre 2005
Le secret de la fontaine de jouvence?
Psychologue invitée : JOHANNE BERNATCHEZ
J'aimerais vous parler de mon oncle Gaëtan. De l'une de ses
particularités plus précisément. Quand nous allons le visiter, la
conversation finit toujours par bifurquer sur son activité favorite : la
chasse. Il sort alors ses «portraits» de chasse. Il parle du beau buck
que son gendre a tué pour la première fois. Il parle de son arbalète, des
salines qu'il prépare dans son petit coin de Gaspésie pour mieux attirer
ses proies, et j'en oublie. Obsessif, me direz-vous? Je vous répondrai :
non, passionné! Quand il parle de sa chasse, il devient plus loquace, ses
yeux pétillent, il devient plus vivant. On dirait même qu'il rajeunit.
Nous pouvons éprouver une impression semblable lorsque nous rencontrons
une personne qui vit une vraie passion. Recherchez, parmi les personnes
que vous avez déjà rencontrées, celles qui vous ont impressionnés, pas
tant par l'objet de leur flamme, mais par l'état dans lequel cet
engouement les amène, et combien cela a de l'effet sur vous. C'est alors
que l'on s'aperçoit qu'avoir une passion dans la vie est une richesse.
Transformer son travail en passion?
Je ne voudrais pas vous laisser longtemps avec les attentes qu'une
telle question pourrait soulever. Disons que, lorsque nous nous engageons
dans une profession, un travail ou même un programme d'études, c'est qu'au
départ, nous éprouvons un intérêt ou du moins un attrait pour l'activité
en question. Mais notre intérêt se heurte rapidement à des contraintes
incontournables : horaire strict, conciliations avec collègues et patron,
évaluations, pour ne nommer que celles-là. Au fond, c'est un peu comme une
passion amoureuse : l'amour pour notre travail, aussi passionnant soit-il,
doit savoir s'adapter aux aspects très terre à terre de la vie au
quotidien. Je lisais un jour, dans un magazine, qu'un photographe de
réputation internationale avait choisi d'exercer son art en dilettante
plutôt que d'en vivre, afin de préserver sa passion pour son art. C'est un
choix.
Notre travail peut-il devenir une passion? Cela n'est pas impossible.
Mais il est peut-être plus réaliste de se donner des moyens pour maintenir
notre intérêt vivant et de tenter d'agir sur les irritants qui nous font
oublier parfois qu'au fond, on aime ce que l'on fait.
Une petite place, S.V.P.
Alors, comment vivre de la passion dans notre vie? Eh bien, comme
dirait mon beau-père : «Il n'y a pas que le travail dans la vie!» Quand
notre travail ne suscite pas les émois escomptés, c'est ailleurs qu'on
trouvera. C'est parfois au hasard de la vie qu'on fait la précieuse
découverte. Mais bien souvent, il faut donner un petit coup de pouce pour
créer l'occasion.
Une passion, je ne vous apprendrai rien, se vit avec le cœur. Réfléchir
à ce que l'on aime n'est pas une mauvaise idée au départ. Mais chercher
avec notre «tête» une «affaire de cœur» donne rarement de bons résultats.
Aussi bien chercher au nord ce qu'on ne peut trouver qu'au sud! Alors il
faut bien souvent expérimenter, essayer de nouvelles choses, oser, aller
hors de nos sentiers battus pour faire une découverte passionnante. Mais
surtout, il faut se mettre à l'écoute de ce que notre cœur nous dit. Être
attentif aux remous qui se passent dans la poitrine. Considérer tout élan
spontané même, et surtout, s'il n'a rien de rationnel. Car les signaux du
cœur sont assez souvent discrets, mais pas aussi secrets quand on se donne
la peine de les entendre.
Et par la suite, quand on sent avoir trouvé une activité qui nous
passionne, il s'agit de lui faire une place, un espace-temps dans notre
vie. Cela constitue la partie facile. Car lorsque nous éprouvons une
véritable passion, nous n'avons pas à forcer pour lui faire de la place.
Nous portons constamment en nous le désir de s'adonner à notre passion et
de ressentir la vitalité qu'elle nous procure. Et combien cette énergie
est nourrissante, et peut être source d'une éternelle jeunesse…
En collaboration avec le Service de psychologie et d'orientation
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