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Du Saint-Laurent aux Caraïbes
ETIENNE SAMSON
La vie réserve parfois de ces cadeaux inattendus, des rencontres
exceptionnelles qui valent leur pesant d'or. Marc Drouin, du Service des
immeubles de l'Université, a eu l'occasion de réaliser un rêve de ce type en
rencontrant, le jour de ses 40 ans, Georges Leblanc, un navigateur de
renommée mondiale qui l'a accueilli sur son voilier pour une aventure de
trois jours sur le Saint-Laurent.
Marc Drouin est chef du secteur Santé, sécurité et environnement en
milieu de travail et d'études. De son bureau situé sous le mât du Campus
principal, la cheminée de l'édifice du Service des immeubles, il veille à la
santé et à la sécurité des personnes qui étudient et qui travaillent à
l'Université.
Comme pour la majorité des gens, sa passion lui permet de faire le vide
complètement, de s'évader. «Lorsque je fais de la voile, plus aucun souci
n'existe, explique-t-il. Mon cerveau tombe dans un autre mode et mes tracas
partent au vent.»
Georges Leblanc représente pour lui, comme pour la plupart des adeptes de
voile, sans doute, une espèce de modèle à suivre, une idole. Et ce n'est pas
par hasard. Comptant plus de 20 ans d'expérience, il a effectué dans le
cadre de compétitions plusieurs traversées de l'Atlantique, dont
quelques-unes en solo, ce qui représente en soi un défi d'une ampleur
exceptionnelle. Imaginez-vous devant faire une manœuvre seul alors que
l'océan en furie secoue violemment votre embarcation avec des vagues
déferlantes de 15 mètres. Lors d'une course océanique ou d'une traversée,
même en équipe, chaque manœuvre est importante et la survie de l'équipage en
dépend.
Une rencontre
Adepte de voile depuis maintenant deux ans, Marc Drouin a décidé
d'entreprendre des démarches pour rencontrer Georges Leblanc après qu'il eut
terminé la lecture d'Au delà des limites, le premier livre de Leblanc
relatant l'une de ses expéditions en mer en solo. Odyssée digne des
meilleurs films, même d'une légende, le bouquin raconte comment l'aventurier
a survécu à la rencontre d'une tempête tropicale et d'un ouragan qui
convergeaient vers lui, puis à l'emboutissage de son voiler par un pétrolier
venu le secourir.
À son grand étonnement, Marc Drouin fut invité à rejoindre le skipper à
La Malbaie pour un stage de voile sur le fleuve à bord du voilier de course
de 65 pieds L'Océan, un pur-sang que le propriétaire possède depuis
l'été seulement. «Une fois la marina derrière nous, il m'a dit “Marc, prend
la barre”, relate l'apprenti. En nous laissant manœuvrer, mon ami et moi, il
a pu tout de suite connaître nos capacités, voir où nous en étions et où
débuterait son enseignement.»
Le défi
Il existe un parcours partant de Cap-à-l'aigle et se rendant jusqu'à
Rimouski. Georges Leblanc a proposé à ses deux apprentis de tenter de battre
son meilleur temps en solo, un défi stimulant qu'ils ont décidé de relever.
Pour profiter de la marée, l'expédition s'est déroulée de nuit. Le coup
d'envoi a été donné à 18 h. «En navigation de nuit, on se fie au système GPS
et aux cartes marines sur l'ordinateur, explique Marc Drouin. À tout moment,
on connaît sa position, mais on ne voit absolument rien devant, surtout si
les lumières des villages côtiers nous cachent les bouées.»
Ils se sont donc lancés à l'aventure, sur un voilier gigantesque, en
compagnie du skipper qui agissait à titre de guide. «Ce qui m'a surpris au
plus au point chez cet homme, c'est la confiance qu'il nous a accordée dès
le début, se rappelle Marc. On ne s'attendait jamais à ce qu'il nous laisse
autant manoeuvrer le bateau.»
Les apprentis en ont vécu de toutes sortes. Changement de voile rapide en
pleine nuit, passage serré près de récifs, manœuvres à effectuer dans
l'obscurité totale, en laissant reposer sa confiance sur les instruments de
bord, les bouées et les phares de navigation qui longent le fleuve ainsi que
sur le capitaine, qui pouvait toujours intervenir en cas d'urgence. Les
apprentis sont finalement arrivés à Rimouski en 9 heures 20, soit 30 minutes
de plus que le temps en solo de Georges Leblanc. De quoi être fier!
La relâche dans les Caraïbes
Avec l'automne qui s'installe, le moment est déjà venu de remiser les
voiliers pour l'hiver. Mais Marc Drouin n'attendra pas le retour de l'été
pour renouer avec sa passion. Il s'enfuira dans les Caraïbes à la relâche du
printemps, où il passera une dizaine de jours sur un voilier de 43 pieds
qu'il a loué avec quelques amis. Il pourra alors mettre ses nouvelles
connaissances à profit, et ce dans une ambiance beaucoup plus détendue que
lors de son périple mémorable sur le Saint-Laurent.
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