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Liaison, 13 octobre 2005

 

 
Julie Tremblay, entourée de collègues de chantier.

Julie Tremblay, entourée de collègues de chantier.

 


Carnets de voyage

Quillabamba, cité de l'été éternel

JULIE TREMBLAY

En compagnie des cinq autres membres du Groupe de collaboration internationale en ingénierie de l'Université de Sherbrooke, j'embarque pour ce long voyage en autobus de huit heures… salle de bain non incluse! Durant notre séjour de quatre mois, nous serons responsables de la gestion du chantier d'un édifice de 250 m2. Nous travaillons en partenariat avec le Carrefour de solidarité internationale de Sherbrooke et Ayni Salud, une ONG oeuvrant dans le domaine de la santé pour les femmes et soutenue par la centrale des coopératives de café Cocla. Nous construirons la première casa communitaria de servicios sociales dans la province de la Convencion, à Quillabamba au Pérou. Après un an de préparation, de financement et d'anticipation, la concrétisation de notre projet approche enfin.

De Cusco, la seule route se rendant à la cité de l'été éternel serpente à flanc de montagne la vallée sacrée de l'Inca. Le paysage de la cordillère des Andes est simplement magnifique et la végétation devient de plus en plus abondante, tropicale, durant la descente vers la cité. La nuit tombée nous laisse percevoir une toile plutôt sinistre… une série de feux de broussaille enflamme le ciel et menace les récoltes de la vallée. Rien à faire, ici, seule la pluie viendra à bout de lutter contre les feux de forêt faute d'équipement adéquat. Enfin, nous apercevons les lumières de la ville au loin.

Rencontre avec les coopérants locaux du projet

La première semaine est consacrée à la recherche d'un contremaître de confiance et à la rencontre des partenaires locaux. En respect avec les traditions locales, la cérémonie de la primera piedra est organisée pour l'inauguration du chantier. Au-dessus d'un trou pend une carafe de boisson locale nommée chicha, notre offrande à Pacha Mama, la mère terre, pour obtenir sa bénédiction. Une fois la carafe rompue, chaque collaborateur du projet ajoute une pierre et une pelletée de terre : Ayni Salud, Cocla, la radio locale, nos familles péruviennes et nous-mêmes. Chacun a ainsi pu lever son verre au début d'une collaboration lancée en 2003 et qui se poursuivra par nos confrères de l'édition 2006. !Salud!

La construction

À l'aube, le 12 septembre, le chantier débute réellement. En moins de deux heures, les débris de l'ancienne construction sont nettoyés et les trous d'excavation commencés. Après trois semaines de construction, le projet avance à vue d'œil! Les journées, généralement de dix heures, et les semaines de six jours sont quelque peu épuisantes. Très peu d'outils électriques sont disponibles, alors tout le travail est fait manuellement. Trente-six trous de deux mètres sont creusés à l'aide d'une masse, d'un pic et d'une pelle à même la roche et le ciment des anciennes fondations. Les 1700 barres de fer des premières armatures ont été sciées et assemblées à la main. Heureusement, nous comptons présentement 10 employés parmi nos rangs.

En tant que stagiaires en ingénierie, nous nous chargeons de la coordination des travaux, de l'achat des matériaux, de la supervision, du contrôle de la qualité, du suivi des plans, de l'échéancier, et nous participons à la construction. Toute une tâche quand la culture, les techniques et la langue sont différentes des nôtres. Grâce à l'expérience du contremaître et à un ingénieur péruvien, les technicités du travail de chantier au Pérou sont moins ambiguës. Évidemment, vigilance en affaire est de mise, car les gens ont tendance à hausser leurs prix en voyant nos airs de gringos, et ce malgré la vocation du bâtiment que nous construisons. Grâce au conseil d'amis péruviens, il est plus facile de connaître les prix du marché.

Initiatives locales et coopératives

Quillabamba est une ville en pleine effervescence, et ses citoyens s'efforcent d'améliorer leur situation sociale et économique. Cocla centralise les exportations de café et permet aux cultivateurs locaux d'écouler leurs produits. Malgré le principe d'équité des coopératives, les salaires dérisoires sont de 3 $CAN par jour.

Un concours gouvernemental donne un petit financement à des initiatives locales de développement économique. Un exemple de la réussite de ce type de projet est la coopérative Sumac Tanta : 230 femmes membres de la coopérative possèdent des installations pour cuire du pain et des pâtisseries. Elles vendent leurs produits et se divisent les profits annuellement afin d'accroître leur revenu familial.

Cette année, un groupe de femmes a demandé du financement pour installer des cages pour l'élevage du cuye, un animal domestiqué par les Incas et semblable au cochon d'Inde. Présentement, plusieurs familles élèvent ces animaux à même la cuisine familiale. Cette pratique peu hygiénique entraîne plusieurs maladies. Grâce à de petites subventions, la population installerait des cages pour accroître la quantité et la qualité d'élevage.

Malheureusement, peu d'investissement et de machinerie sont disponibles pour ouvrir les autres marchés et rendre l'économie de la ville réellement concurrentielle, sauf dans les coopératives de café membres de Cocla. On remarque le désir des gens d'améliorer leur condition, surtout chez les femmes, maintenues à l'écart de la vie économique. Dans plusieurs cas de violence conjugale, la femme accepte sa situation puisqu'elle se retrouverait seule sans le sou pour élever ses enfants en quittant son époux… L'éducation, l'accessibilité au travail, le développement de leur estime et de leur autonomie sont un premier pas pour l'amélioration de leur condition. La casa comunitaria offrira un lieu de refuge pour les femmes victimes de violence. Le bâtiment comprendra des salles de soins cliniques, d'hébergement et de formation. On y offrira également des services psychologiques et juridiques.

Vivre au rythme du pays

Avec cette chaleur, le rythme de vie des Péruviens est très détendu! De quoi rendre fou le Nord-Américain normal qui veut tout et tout de suite. La valeur de la ponctualité n'est pas tant ancrée dans la culture que l'importance de prendre le temps pour se saluer et s'apprécier.

La plage de Quillabamba ressemble à un paradis tropical! Les palmiers sur le bord de l'eau, la petite brise de vent sur le bord de la rivière et les nuages de moustiques qui vous dévorent… Pour se rendre à ce lieu exotique, un arrêt pour laisser les vaches traverser la rue et un détour par rivière sont de mise puisque le pont de la ville est fermé! Imaginez le tableau à Sherbrooke! Bref, ce projet nous passionne et draine une énergie positive et nouvelle chez nous. Nous sommes heureux de voir l'intérêt ressenti chez la population et l'utilité d'un tel projet.

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