Marie-Andrée Beaudoin, étudiante en génie civil
Un stage révélateur au Mexique
Bientôt finissante en génie civil, Marie-Andrée Beaudoin aura au cours de
son baccalauréat effectué trois stages au Québec, un stage au Pérou et une
session d'études en Alaska, en plus d'être de retour depuis peu d'un stage
au Mexique. L'étudiante affirme que cette dernière expérience constitue l'un
des événements les plus révélateurs de sa formation universitaire.
Au Mexique, de pair avec une étudiante en génie chimique de l'Université
du Texas, Marie-Andrée Beaudoin a travaillé à la construction de latrines
écologiques sèches dans la communauté de Damasco. Loin d'être banal, le
projet visait à contribuer à l'amélioration de la qualité de vie de la
population. En effet, causé par les fréquentes pluies de grand débit de
cette région, le débordement des fosses sceptiques augmente le risque de
propagation de maladies virales et donne lieu à l'émanation d'odeurs
nauséabondes.
Le projet est une initiative d'Engineers for a Sustainable World (www.esustainableworld.org),
un organisme spécialisé dans l'organisation de stages volontaires
internationaux que Marie-Andrée Beaudoin a découvert lors de son séjour à l'University
of Alaska Fairbanks. L'étudiante a posé sa candidature au projet car elle
souhaitait revivre l'expérience d'un stage en Amérique latine. Avant de se
rendre au Mexique, elle a reçu une formation de trois jours à New York.
Pendant près de trois mois, Marie-Andrée Beaudoin a été accueillie dans
une famille mexicaine du village de Chiapas. De l'évaluation des besoins de
la communauté au choix du design de latrine adapté, en passant par
l'estimation des coûts, l'embauche de main-d'œuvre, la négociation des
matériaux, l'organisation, la construction et leur apport physique, les deux
étudiantes ont travaillé avec ardeur. Elles ont mis en place un système
sanitaire économique ne nécessitant aucun ajout d'eau, et dont le produit
final est inoffensif. Celui-ci devrait également durer de nombreuses années.
Marie-Andrée Beaudoin soutient que le côté humain du projet,
l'interaction avec les gens et la motivation de ces derniers sont notamment
des éléments qui ont rendu l'expérience des plus enrichissantes :
«L'adaptation culturelle et l'ouverture à d'autres façons de penser m'ont
fait grandir à travers ce projet.»
Cependant, le projet ne s'est pas déroulé sans embûche. La communauté
était très marquée par des valeurs traditionnelles, de sorte que les hommes,
souvent machistes, n'avaient pas l'habitude de travailler sur un chantier
avec des femmes. Des problèmes de communication entre les différents
intervenants sont également survenus, de même que les étudiantes ont éprouvé
des difficultés à engager un contremaître et à le garder. Ainsi, alors
qu'elles souhaitaient construire 15 latrines, seulement neuf ont vu le jour.
Mais Marie-Andrée Beaudoin considère qu'elle pourrait aujourd'hui en faire
25 en deux mois.
«D'autres volontaires partiront construire des latrines. Il reste encore
77 maisons à faire», affirme l'étudiante en rappelant que du financement est
toutefois nécessaire. Les deux stagiaires bénéficiaient d'une subvention de
4000 $ de l'Université du Texas. Marie-Andrée Beaudoin avait également reçu
une bourse de Chapeau les filles.
Le Département de génie civil de l'Université de Sherbrooke encourage
grandement les étudiantes et étudiants à effectuer des stages à l'étranger.
En ce sens, Marie-Andrée Beaudoin est d'avis qu'une nouvelle génération
d'ingénieurs est en train de se former, ouverte sur le monde. Dans son cas,
elle estime que le projet lui a permis de développer davantage ses capacités
de leader et d'organisatrice. Une révélation puisqu'elle a maintenant le
sentiment d'avoir les aptitudes nécessaires à l'accomplissement de ses
aspirations professionnelles : se consacrer à une carrière internationale.
La région du Chiapas. |
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