Liaison, 1er septembre 2005
Winfried Siemerling à la défense de
la diversité culturelle des Amériques
STÉPHANIE RAYMOND
Il n'y a pas qu'une Amérique, celle des États-Unis, il y a des
Amériques. Cette réalité, Winfried Siemerling l'a comprise et en porte
fièrement le flambeau. Ce professeur en littérature comparée au
Département des lettres et communications de la Faculté des lettres et
sciences humaines n'hésite pas à prôner l'étude des littératures et des
cultures américaines, aussi bien hispaniques que francophones. Son audace
lui a valu une invitation pour organiser le deuxième colloque de
l'International American Studies Association.
Winfried Siemerling est membre de l'International American Studies
Association (IASA) depuis sa formation en 2003. «Lors du premier colloque
de l'Association (qui se concentrait sur les études américaines) au
Pays-Bas il y a deux ans, j'ai présenté la revue québécoise Vice-versa,
pour montrer que lorsqu'on parle d'études américaines, on parle d'études
des Amériques», raconte le chercheur. Cette action, qui en était un peu
une de provocation, a porté son fruit. «Aux États-Unis, personne ne
s'intéresse à la littérature canadienne et québécoise. Ce fut une
découverte pour les chercheurs.» L'engouement l'a emporté sur la
résistance de certains «américanistes», à tel point que Winfried
Siemerling a été invité à organiser le deuxième colloque de l'IASA cet
été.
Deuxième colloque de l'IASA
Le deuxième colloque de l'IASA a eu lieu à Ottawa du 18 au 20 août.
Winfried Siemerling était membre de deux comités organisateurs, au niveau
national et international. Qu'à cela ne tienne, il a fait venir des
chercheuses et chercheurs de toute l'Amérique, qui ont présenté leurs
travaux en anglais bien sûr, mais aussi en français, en espagnol et en
portugais. Plus de 300 participants du monde entier étaient présents,
malgré le désistement de certains chercheurs américains arrêtés par la
barrière de la langue et la nouveauté de l'approche. «Je voulais que ce
colloque représente les Amériques, alors que le premier colloque s'était
déroulé en anglais seulement», indique le professeur. Le titre du colloque
en disait long à lui seul : Les mondes des Amériques et les Amériques
du monde.
Winfried Siemerling a tenu deux tables rondes intitulées Canada and
its Americas (Le Canada et ses Amériques). «On a discuté de ce que
représentait l'Amérique pour le Canada. Des chercheurs ont entre autres
parlé de la littérature québécoise. La deuxième table ronde portait sur
les avantages et les désavantages d'étudier les littératures et cultures
américaines avec une vision plus large, d'un point de vue comparatif. Les
perspectives sont alors plus intéressantes, mais certains affirment que
cela mène les chercheurs à négliger l'étude des littératures propres à une
culture. Je soutiens qu'il faut les deux : des études spécifiques et des
études transversales.»
Logique d'étudier la littérature ainsi
Pour le professeur qui enseigne la littérature canadienne comparée aux
2e et 3e cycles, il est logique d'étudier les
phénomènes littéraires et culturels d'un point de vue comparatif. «En plus
de produire de la littérature en anglais et en français au Canada, nous
avons aussi beaucoup d'auteurs d'origine latine qui écrivent en espagnol,
explique celui qui s'est mis à l'étude de cette langue. On parle donc des
Canadas, comme on parle des Amériques.» Son livre qui vient de paraître,
The New North American Studies, présente d'ailleurs ses résultats
de recherche sur les cultures étasunienne, canadienne anglaise et
québécoise. Il y montre que le modèle unique de la culture nord-américaine
est un mythe, et qu'il existe plusieurs modèles.
Winfried Siemerling prévoit maintenant publier deux livres sur les
sujets traités dans ses tables rondes du colloque de l'IASA.
Retour à la une
|