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Liaison, 18 août 2005
Étudiante à la maîtrise en enseignement
Jenny Alejandra Sanchez Salgado cherche les outils pour
aider les Colombiens
ETIENNE SAMSON
Du 8 au 11 juin, Jenny Alejandra Sanchez Salgado, étudiante en éducation,
s'est rendue en Colombie, son pays d'origine, pour présenter le résultat de
ses recherches en enseignement des langues étrangères au congrès de
l'Association colombienne des professeurs de français. Quelque 400 personnes
y étaient réunies : des professeurs et étudiants universitaires qui ont à
cœur d'ouvrir le peuple colombien à la culture étrangère.
Établie au Canada depuis près de cinq ans, Jenny a été forcée de quitter
son pays afin d'assurer sa propre sécurité. Le climat sociopolitique qui
règne en Colombie n'est pas clément pour les gens qui travaillent à défendre
les droits humains et qui expriment librement leurs opinions politiques.
Depuis bon nombre d'années, un conflit armé sévit dans ce pays d'Amérique du
Sud. On persécute les militants pour les droits de l'homme, et Jenny en
faisait partie au cours de ses études de baccalauréat.
Arrivée au Canada, elle s'est inscrite à la maîtrise en enseignement à
l'Université de Sherbrooke. Elle travaille actuellement à l'élaboration d'un
projet visant l'acquisition d'une langue étrangère à l'école en étudiant les
fondements et avantages d'une approche pédagogique utilisant l'expression
artistique et le jeu. «En Colombie, l'enseignement est très méthodique,
explique Jenny. Les professeurs se contentent de transmettre des
connaissances aux élèves, mais on ne laisse pas de place aux enfants pour
qu'ils s'expriment, pour qu'ils acquièrent des savoirs, le savoir-faire et
le savoir-être, compétences fondamentales à la vie courante.»
Le désintérêt sème la misère
Selon l'étudiante, les méthodes d'enseignement trop méthodiques
entraînent un désintérêt des jeunes envers l'école. «Il faut s'amuser à
l'école, il faut avoir du plaisir, soutient Jenny. Ce ne doit pas être comme
une punition.» Malheureusement, trop d'élèves quitteront les bancs d'école,
séduits par l'opportunité de toucher de l'argent facile en participant à
l'une ou l'autre des activités illégales du pays.
Chaque personne pense à son propre intérêt, un comportement sans doute
normal dans un pays rongé par la pauvreté et par un conflit armé qui dure
depuis des années. On cherche à trouver l'argent pour se nourrir, à assurer
un peu de sécurité à court terme pour sa famille.
Élan de solidarité
Tout sauf égoïste, Jenny Alejandra Sanchez Salgado vient chercher à
l'Université de Sherbrooke les clés qui lui permettront d'ouvrir son peuple
sur le monde, des clés pour lutter contre la violence. Elle souhaite que les
jeunes développent un sentiment de solidarité entre eux et avec le reste du
monde. «Il faut que les gens découvrent comment ça se passe ailleurs, qu'ils
comprennent qu'il est inacceptable que de jeunes enfants travaillent et
n'aient même pas un toit sous lequel dormir.» Idem pour les enlèvements et
les demandes de rançon qui servent à financer les activités des groupes
armés. Inacceptables également les menaces de ces mêmes groupes aux familles
qui habitent en campagne, qu'on force à quitter leurs terres et à satisfaire
toutes exigences.
La seule manière de parvenir à conscientiser le peuple : l'éducation,
l'ouverture aux langues étrangères permettant de diversifier les sources
d'information du peuple. «L'éducation est une façon de lutter contre la
pauvreté, la violence et la soumission des peuples, soutient Jenny. Voilà
pourquoi je considère comme important d'instaurer une éducation de qualité
comme base de notre société, incitant l'élève à demeurer en classe pour se
forger une mentalité critique, découvrir et exploiter son plein potentiel,
ses habiletés, et en conséquence élargir ses horizons.»
Un projet de longue haleine
Une fois la maîtrise terminée, Jenny compte s'inscrire au doctorat en
éducation. Elle souhaite évoluer comme professeure et chercheuse en
éducation dans une université de la Colombie. Une fois en poste, elle espère
former plus adéquatement les futurs enseignants, qui sauront mieux
intéresser les jeunes à l'acquisition des savoirs.
Il s'agit d'un projet de longue haleine que l'étudiante a bien
l'intention de réaliser. Elle possède suffisamment de noblesse, d'espoir et
d'amour de son pays pour y retourner même si, une fois au Canada, elle
aurait bien pu choisir de faire sa vie à l'abri de la misère de son pays
d'origine. Or elle y retournera, convaincue qu'elle doit intervenir afin
d'améliorer la situation d'un peuple qui ne peut se prendre lui-même en
main, faute de ressources et de savoirs.
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Jenny Alejandra Sanchez Salgado s'est rendue en Colombie pour
présenter le résultat de ses recherches en enseignement des langues
étrangères au congrès de l'Association colombienne des professeurs
de français.
Photo : Roger Lafontaine |