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Liaison, 18 août 2005
François Courcy, le chercheur pacifiste
Vaincre la violence au travail
Karine Vachon
Violence physique ou verbale, intimidation et harcèlement sexuel sont des
comportements de violence qui surviennent dans divers milieux de travail.
Professeur en psychologie, François Courcy consacre notamment ses recherches
à comprendre les facteurs de risque poussant un individu à manifester des
conduites violentes envers ses collègues ou l'organisation.
Titulaire d'un doctorat en psychologie industrielle et organisationnelle
de l'Université de Montréal, François Courcy est au Département de
psychologie de l'Université de Sherbrooke depuis trois ans. Auparavant, il a
été consultant pendant cinq ans dans les domaines pétrolier, financier et
hospitalier ainsi que dans des sociétés d'État. Son travail consistait à
établir des diagnostics pour améliorer le climat de travail en situation de
conflit. Il accompagnait ensuite un comité de pilotage mis en place par
l'organisation afin d'implanter des changements.
Le chercheur affirme que parmi les facteurs qui influencent les
comportements de violence chez les employés, le climat de travail y compte
pour les deux tiers de la cause. Son expérience pratique, et les recherches
qu'il poursuit, l'amène à affirmer qu'il faut environ de trois à cinq ans
pour modifier l'atmosphère d'une organisation.
À l'Université, deux étudiantes au doctorat, Adèle Rochon et Annie
Marceau, travaillent avec François Courcy sur la problématique de la
violence au travail. Le professeur collabore également avec des chercheuses
et chercheurs d'autres universités ainsi qu'avec des professionnels. En
2004, le livre Violences au travail – Diagnostic et prévention est
publié sous la direction de François Courcy ainsi que de Luc Brunet et André
Savoie, professeurs au Département de psychologie de l'Université de
Montréal. Cinq autres auteurs ont participé au projet : une spécialiste en
gestion des ressources humaines, une autre du domaine administratif, une
juriste, une psychologue et un professeur à l'École des hautes études
commerciales.
Un livre qui suscite de l'intérêt
Le livre Violences au travail – Diagnostic et prévention est le
fruit de deux ans de collaboration, où six mois intensifs ont été consacrés
à la rédaction. L'ouvrage se veut la synthèse de ce que l'on sait
actuellement sur la santé et la sécurité au travail.
«L'objectif était d'offrir une bonne vulgarisation couvrant tout le
sujet. Les livres sur la violence au travail ne traitent souvent que d'un
aspect du problème, ou ils sont trop scientifiques, ou ils présentent plutôt
des anecdotes…», explique le professeur.
Le livre, qui jouit d'une excellente diffusion francophone, s'adresse
d'abord aux porteurs du dossier des moyens de prévention dans les
organisations, mais le grand public peut aussi être sensibilisé par le
sujet. De plus, l'ouvrage s'avère utile pour des étudiants dans le cadre
d'un travail de recherche ou pour les études supérieures. «Chaque semaine,
je reçois des courriels d'étudiants français qui souhaitent avoir des
articles complémentaires», souligne le chercheur.
Le travail, toujours le travail
À l'Université, outre la violence au travail, François Courcy se consacre
également à d'autres sujets de recherche. D'une part, une subvention du
Fonds québécois de recherche sur la société et la culture – volet individuel
pour l'établissement de nouveaux professeurs-chercheurs – lui permet de
travailler sur la santé psychologique dans les milieux hospitaliers. Il
tente de lier les comportements de violence qui mènent à l'épuisement
professionnel.
D'autre part, pour l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en
sécurité du travail, François Courcy évalue les meilleures pratiques
organisationnelles en matière de santé psychologique au travail. Pour ce
faire, il travaille avec Mike Teed, chargé de cour à l'Université Bishop's,
et avec deux étudiants au baccalauréat qu'il qualifie d'exceptionnels,
Header Desane (Bishop's) et Olivier Loiselle (Sherbrooke). Ensemble, ils
travaillent au développement d'un guide et d'une documentation. Et ils
organiseront ultimement un colloque pour les entrepreneurs, les
scientifiques ainsi que quiconque intéressé par la santé psychologique au
travail.
S'ouvrir à la multidisciplinarité
Dans un proche avenir, François Courcy aimerait mettre sur pied un
nouveau centre de recherche multidisciplinaire qui regrouperait des
chercheuses et chercheurs du Pôle universitaire de recherche de Sherbrooke
ainsi que des facultés d'administration, de droit et de lettres et sciences
humaines. Tous auraient en commun de travailler sur diverses problématiques
entourant les systèmes organisationnels et sociaux, telles la société, les
famille, les organisations.
Au-delà de la recherche, le partage du savoir
En plus de ses activités de recherche, François Courcy enseigne le cours
Psychologie de l'organisation, au premier cycle, et il supervise des
étudiantes et étudiants au baccalauréat en stage. Dans les programmes
d'études supérieures, il offre un cours sur l'organisation en collaboration
avec Alexandre Morin, et il anime un séminaire sur la problématique de la
santé dans les entreprises. Qui plus est, il encadre des candidats au
doctorat en rédaction de thèse.
François Courcy se plaît à l'Université de Sherbrooke : non seulement lui
qui n'aime pas particulièrement les grands centres urbains apprécie la vie
en Estrie, mais il savoure avant tout la liberté universitaire dont il
bénéficie, «tant la liberté de recherche que la liberté de pensée»,
précise-t-il.
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François Courcy, professeur au Département de psychologie.
Photo : Roger Lafontaine
Violences au travail – Diagnostic et prévention, le livre dont
François Courcy est coauteur, connaît une excellente diffusion
francophone. |