Liaison région, 15 décembre 2005
Un véritable voyage à travers
les cultures du monde
ETIENNE SAMSON
Et si vous deviez voir au bon roulement de la vie en communauté de
1100 personnes? Et si ces personnes provenaient de 37 pays différents,
amenant avec elles leurs coutumes, leurs différences culturelles? Voici
sommairement le mandat de Mercédès Maltais, coordonnatrice de la vie en
résidence de l’Université de Sherbrooke.
En mettant les pieds dans le bureau de Mercédès Maltais, on remarque
immédiatement un mur tapissé de cartes postales provenant de partout sur la
planète. Dans son petit village planétaire, comme elle l’appelle, Mercédès
Maltais est responsable depuis cinq ans maintenant d’étudiantes et
d’étudiants de passage à Sherbrooke. Qu’ils soient Québécois, Libanais ou
Polonais, en résidence pour un an ou quatre, ils doivent s’adapter
rapidement à une culture parfois fort différente de la leur. Et encore
faut-il qu’ils sachent à quel niveau s’ajuster.
Quelques différences
Observons simplement les habitudes alimentaires. «Les Français mangent
presque toujours en groupe, illustre Mercédès Maltais. Ils ne soupent jamais
à 18 h, avant leur cours du soir. Comme ils aiment manger tard, ils se
réuniront plutôt au retour, vers 23 h, et festoieront jusqu’à minuit ou
plus.» Qu’y a-t-il de mal là-dedans? À prime abord, rien!
«Le Ramadan s’est terminé au début du mois de novembre, poursuit-elle.
Durant un mois, les étudiants musulmans, qui représentent près du dixième de
la population des résidences, mangeaient exclusivement en l’absence du
soleil. Certains se réveillaient pour cuisiner!» Ce n’est toujours rien de
catastrophique, mais ça peut devenir assez contraignant pour les étudiants
qui habitent près des cuisines.
Faut-il rappeler que les résidences E de l’Université de Sherbrooke, par
exemple, regroupent 40 personnes par étage et qu’ils sont parfois 60 à
partager la même cuisine?
Un déterminant majeur de la culture d’un peuple est sans contredit sa
conception des relations homme-femme. «Une fois, un étudiant étranger m’a
questionné sur le fait qu’ici les femmes essaient d’être égales aux hommes,
alors j’ai éclaté de rire, explique Mercédès Maltais. Je lui ai répondu
qu’elles n’essaient pas, mais bien qu’elles sont égales aux hommes. C’est
lui qui s’est mis à rire!»
En pratique, ces différences peuvent donner lieu à des malentendus entre
résidents, même à des confrontations. «C’est une question d’information. Les
nouveaux résidents fonctionnent de la manière qu’ils connaissent, admet
Mercédès Maltais. C’est à nous de leur fournir les explications
nécessaires.»
Adaptation
C’est ainsi qu’en septembre et en janvier, les résidents de l’Université
de Sherbrooke sont invités à assister à des sessions d’information. On y
traite de relations homme-femme, de protection des non-fumeurs, de
consommation d’alcool, des règles administratives et bien d’autres, en plus
d’indiquer qui sont les personnes-ressources en cas de besoin.
À ce sujet, la coordonnatrice s’entoure d’une équipe de 28 responsables
de secteur et d’un agent en relation d’aide. Chaque bloc des résidences G et
chaque étage des E compte son responsable. Les résidences du Campus de la
santé à Fleurimont, dont la vie communautaire relève également de la
responsabilité de Mercédès Maltais, compte également ses quatre responsables
de secteur.
Aussi, pour faciliter l’intégration des résidents étrangers, on les
disperse parmi les Québécois et les autres étrangers. On souhaite ainsi
qu’ils adoptent des habitudes nuancées, adaptés à la vie communautaire.
Collaboration
La vie en résidence apporte bien entendu son lot d’avantages. On découvre
une multitude de facettes des cultures étrangères. On y développe des
amitiés qui n’auraient jamais vu le jour autrement. Et il n’est pas rare
qu’un étudiant ait recours à l’expertise d’un autre pour le dépanner. «Si tu
as besoin d’une ressource, il y a toujours quelqu’un sur ton étage qui peut
t’aider, précise Mercédès Maltais. Des réseaux d’aide se développent en
informatique, en français, en anglais…»
Sans qu’il n’y paraisse à première vue, Mercédès Maltais occupe donc un
poste d’une importance primordiale. En veillant à ce que la liberté de
chacun ne nuise pas à celle des autres, elle contribue certainement à
améliorer la qualité de la vie en résidence et à l’Université de Sherbrooke.
Retour à la une
|