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La réussite, un pas à la fois
ISABELLE HUARD
Avec l'intégration scolaire grandissante des élèves en difficulté
d'apprentissage et d'adaptation, le rôle des différents acteurs scolaires
gravitant autour de cette clientèle est appelé à se transformer. Bien que la
tâche des enseignantes et enseignants soit de plus en plus complexe, les
tendances actuelles en enseignement et en adaptation scolaire suggèrent une
collaboration de tous les instants pour aider les enseignants à intervenir
adéquatement auprès des élèves en difficulté et ainsi, prévenir l'échec
scolaire. À cette fin, des spécialistes de l'Université de Sherbrooke
accompagnent des intervenants de l'école Sainte-Famille pour un projet
novateur d'intégration.
Un projet novateur
L'organisation des services pour les élèves présentant des troubles
sévères de la communication a récemment été modifiée afin de répondre aux
besoins grandissants dans les écoles de la Commission scolaire de la
Région-de-Sherbrooke. Le projet Pour une meilleure préparation à
l'intégration se veut novateur puisque ce type d'intervention a été peu
étudié et qu'il répond à un besoin soulevé par les enseignantes et
enseignants en adaptation scolaire qui sont titulaires de classes spéciales.
De plus, l'intégration étant préparée, les chances qu'elle soit réussie
augmentent. C'est ainsi que dans un projet de collaboration, des élèves
scolarisés en classe spéciale ont, pendant la première année du projet,
intégré la classe régulière pour tous les apprentissages en mathématiques.
Cette intégration partielle a déjà des retombées très positives.
Pour l'école, une réelle collaboration s'est installée entre les
enseignantes et enseignants des classes d'adaptation scolaire et des classes
régulières, qui vivent l'intégration au quotidien. Pour les élèves
handicapés et en difficulté, toutes les conditions favorables pour une
intégration réussie ont été mises en place. Enfin, pour l'Université de
Sherbrooke, la formation des étudiantes et étudiants, en partenariat avec le
milieu scolaire, s'est avérée constructive au niveau de l'intégration
scolaire.
Le cas d'Anthony
Anthony est un enfant très dynamique qui aime apprendre et qui a un bon
support de ses parents. Il sait qu'il présente un trouble du langage et il
en est conscient. L'an dernier, il était scolarisé en classe spéciale, et il
a subi des moqueries de la part d'élèves du programme régulier. Cette
situation lui a fait de la peine, mais il a passé par-dessus et a recommencé
à lever la main en classe. Aujourd'hui, grâce à la collaboration de
différents acteurs de l'école, de ses parents, et surtout grâce à sa force
de caractère, Anthony a intégré la classe régulière de 3e
année à temps plein.
Une expérience d'intégration enrichissante
Pierrette Gendron, l'enseignante de la classe spéciale qui a vécu
l'intégration partielle avec Anthony, considère que cette expérience a été
extrêmement positive : «Le premier impact sur ma pratique enseignante a été
de voir évoluer un groupe du régulier et la façon dont les élèves cheminent
dans ce programme. J'ai apprécié de voir que les parents étaient «partie
prenante» de la décision, en sachant qu'ils allaient avoir à mettre beaucoup
d'efforts pour soutenir et encadrer Anthony. Ce n'est pas le fait de
s'intégrer socialement qui aide l'élève, c'est vraiment le fait de faire
partie d'une unité. Quand il s'agit de s'intégrer socialement, les enfants
ont le réflexe de se regrouper avec ceux qu'ils connaissent le plus. Selon
mon expérience, il faut vraiment vivre des choses dans la même classe pour
fraterniser.»
Nathalie Fortier, enseignante de la classe régulière dans laquelle
Anthony est maintenant intégré, est également très fière des résultats
obtenus : «Anthony a pris la routine comme tous les autres élèves. Le
travail à la maison est bien encadré par les parents et il n'a donc pas eu
besoin de mesures spécifiques depuis son intégration dans ma classe. Cette
année, il a été nominé au gala des Bravos, je l'ai beaucoup valorisé et nous
l'avons applaudi dans la classe. Il était très fier et les élèves le
trouvaient chanceux de vivre cette expérience. Le reste de la classe lui a
donc vraiment accordé son crédit. Anthony est l'un des élèves les plus forts
en mathématiques, et cette force permet de contrebalancer les faiblesses
qu'il peut avoir dans d'autres matières. Également, il a une excellente
mémoire, ce qui lui permet de se rappeler tout ce qui se dit en géographie
et en histoire. Je ne m'inquiète aucunement pour lui.»
Anthony est lui aussi très content d'avoir intégré sa classe régulière :
«J'aime ça travailler avec mes amis et avec Nathalie parce qu'elle est
gentille. Je trouve difficile la géographie, l'histoire, l'anglais, le
français, mais pas les mathématiques! Dans la classe de Nathalie, c'est
vraiment les mathématiques que j'aime le plus parce que je suis bon. Je sais
toutes les réponses tout de suite, des fois il y a juste deux ou trois
élèves qui peuvent dire la réponse avant moi. Je ne fais pas beaucoup
d'erreurs, j'ai même des A dans mon bulletin. J'aime aussi quand
l'école se termine parce que je peux jouer avec mes chats.»
Parce qu'après tout, il n'y a pas que l'école dans la vie, n'est-ce pas
Anthony?
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