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Liaison, 7 juillet 2005

 

 
La ville de Concepción Huista, à 2000 m d'altitude, disparaît souvent dans le brouillard. C'est le chef-lieu de la région où les stagiaires travaillent.

La ville de Concepción Huista, à 2000 m d'altitude, disparaît souvent dans le brouillard. C'est le chef-lieu de la région où les stagiaires travaillent.

 


Pétards, mayas et chicken bus

Myriam Luce

J'ai toujours voulu voyager. Jusqu'à il n'y a pas si longtemps, c'était seulement un projet, celui de partir un jour pour aller découvrir un autre pays. Le fait que j'adore ma Côte-Nord natale et le reste de notre belle province n'a jamais changé ce besoin que je ressentais de connaître la vie dans d'autres parties du monde.

Cette chance m'est offerte en ce moment, doublée d'une autre chance qui est celle de travailler en coopération internationale dans un pays en voie de développement. Avec trois amis étudiant comme moi en écologie (Cédric Frenette-Dussault, Karine Lavallée, Noémie Lebel et moi, Myriam Luce) et quatre étudiantes en psychologie (Anne-Marie Voisard, Ana Gavrancic, Doreen Perreault et Stéphanie Thivierge) que nous avons appris à connaître depuis, nous formons le groupe Guatemala 2005 d'Écologie sans frontières. Comme le nom l'indique, Écologie sans frontières est un organisme qui regroupe habituellement des étudiants en écologie afin d'apporter un support technique à des projets dans des pays en voie de développement. Cette année, grande première, Écologie sans frontières se trouve multidisciplinaire, ce qui nous permet d'aborder les problématiques que nous rencontrons avec deux visions différentes et complémentaires.

Les visions nouvelles ne sont d'ailleurs pas ce qui manque au Guatemala. Dès la sortie de l'avion, après avoir quitté un Québec printanier, froid et pluvieux, on se retrouve sous le soleil des tropiques avec un thermomètre approchant les 30 degrés. À l'aéroport, une foule de gens attend, entassée aux portes, premier avant-goût des marchés et rues bondées de la ville de Ciudad de Guatemala, la capitale.

Le pays est très coloré et animé. Il est peuplé de 14 millions d'habitants parlant plus d'une vingtaine de langues et portant au moins autant de types de costumes traditionnels mayas. La civilisation maya tient une part importante dans l'histoire du pays, visible jusqu'à aujourd'hui par les ruines, les langues et la culture maya. La région des Hautes Terres de l'Ouest, que nous connaissons mieux pour y avoir voyagé, est une région montagneuse où les paysages accidentés à couper le souffle abondent (la route et la façon de conduire des gens doit contribuer en bonne partie au fait d'avoir le souffle coupé…!). Nous nous trouvons dans une région où la majorité de la population est d'origine indigène, mais même ici, les Mayas sont peu visibles dans les villes, où les travaux bien rémunérés, les centres d'éducation, les soins de santé et les Ladinos (gens de descendance espagnole et maya) sont concentrés.

Là où nous travaillons, dans des petits villages d'un genre de «MRC» guatémaltèque qui se nomme Concepción Huista, juchée à flanc de montagne à plus ou moins 2000 mètres d'altitude, la majorité de la population est maya. Ici, beaucoup de gens portent encore les costumes traditionnels, mais surtout les femmes; les hommes s'habillent plus souvent à l'occidentale. Chaque région du pays compte son costume traditionnel particulier et unique, ce qui permettait à l'origine aux Espagnols de contrôler le mouvement des Mayas dans le pays, en reconnaissant leur région d'origine par leurs vêtements.

Les gens des villages sont très chaleureux et généreux. Il suffit de monter dans un chicken bus et de ne pas trop avoir l'air de savoir où on veut aller pour que spontanément quelqu'un qui se rend au même endroit se propose d'être notre guide. Les gens sont toujours très curieux de savoir d'où nous venons (inutile de dire que nous sommes assez faciles à remarquer) et quelle langue nous parlons. Beaucoup de gens connaissent très mal le Canada et ont bien de la difficulté à s'imaginer que nous ne venons pas des États-Unis et que nous ne parlons pas anglais.

Les voyages en autobus de troisième classe sont d'ailleurs des expériences culturelles intéressantes… L'idée de reprendre un vieux bus scolaire, de le repeindre de couleurs brillantes, de lui ajouter un klaxon tonitruant, des autocollants à l'intérieur et des sièges à trois places a déjà quelque chose de déconcertant pour un Québécois moyen. Ajoutez à cela la façon de conduire guatémaltèque, le bagagiste, le crieur qui annonce la destination à tous les arrêts et les poulets sur le toit, et vous obtiendrez un voyage palpitant (et peut-être un peu terrifiant).

Autre chose d'un peu inquiétant la première fois que cela se produit, c'est la coutume de faire éclater des pétards pour toutes les célébrations, comme par exemple pour la fête des mères, vers cinq heures du matin, ou pendant la messe de bénédiction d'une maison neuve.

Les gens des communautés sont aussi accueillants et toujours souriants malgré des conditions de vie véritablement difficiles. L'eau du village manque régulièrement même en période de pluie; l'agriculture de subsistance ne fait pas gagner assez d'argent pour envoyer les enfants au secondaire dans la ville la plus proche; les sols sont fragiles, l'agriculture est difficile et les glissements de terrain nombreux. Il existe dans Concepción Huista des villages où il n'y a ni route, ni eau, ni électricité. Les gens labourent la terre avec une bêche ou des bœufs quand la pente est assez faible pour le permettre. Les forêts sont constamment repoussées de plus en plus haut sur la montagne à la suite des pressions de l'être humain pour du bois de construction ou pour faire la cuisine. Pourtant les gens connaissent l'importance de leur forêt, mais ils ne peuvent pas arrêter de cuisiner pour protéger les arbres. L'esprit de communauté est fort; les gens s'entraident les uns les autres, et nous aident nous aussi.

Nous tentons de faire notre part pour leur rendre cette bonté du mieux que nous le pouvons, mais en voyant tout ce que nous apprenons d'eux, il semble difficile d'accomplir suffisamment en trois mois pour compenser la richesse de l'expérience que nous aurons vécue.

Nous travaillons à la protection des sources d'eau et tentons ainsi de repayer du mieux que nous le pouvons les gens qui nous accueillent si chaleureusement dans leurs villages. Nous travaillons principalement sur quatre aspects : la formation de commissions régionales de gestion des ressources naturelles de façon durable, la reforestation, la gestion des déchets et les barrières à l'érosion. Nous nous sentions bien dépourvus, au début du voyage, avec nos études universitaires très théoriques, mais nous réalisons que ce ne sont pas de nos connaissances que les gens ont le plus besoin. Ils ont surtout besoin d'une influence extérieure pour mettre en œuvre des pratiques qu'ils savent nécessaires et qui ne sont tout simplement pas appliquées.

C'est ce rôle que nous jouons ici, celui de l'influence extérieure qui aiguillonne la volonté des gens de faire quelque chose. Il est parfois difficile d'accepter la petite part que nous accomplirons ici en si peu de temps, au regard des besoins des gens qui sont si grands dans bien des aspects de la vie. Ce que nous pouvons réaliser et la connaissance de nos limites font aussi partie de notre apprentissage.

Un voyage à l'étranger et particulièrement un travail dans un pays en voie de développement sont des expériences très riches. Nous vivons chaque instant quelque chose de nouveau et d'important, dont nous tentons de profiter au maximum. Bien sûr, on s'ennuie du Québec un peu aussi, mais on ne s'ennuie pas au Guatemala.


 

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