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Liaison, 26 mai 2005

Santé publique

Contrer les îlots de chaleur urbains

SOPHIE PAYEUR

Les changements climatiques se manifestent de plus en plus et par des événements météorologiques extraordinaires. Au Québec, on observe depuis quelques décennies une hausse marquée des températures. La terrible canicule qui a frappé la France en 2003 a démontré que ce phénomène peut avoir des impacts dévastateurs sur la santé humaine, particulièrement dans les villes. Une enquête réalisée par une diplômée de la maîtrise en environnement montre que les autorités québécoises en santé publique se préparent à s'adapter au pire.

En août 2003, la température maximale à Paris s'est maintenue au-dessus de 35°C pendant plus d'une semaine. Ce grave épisode a fauché la vie de 15 000 personnes, le plus souvent âgées et vulnérables. À Montréal, on estime que 36 personnes décèdent chaque année à cause de la chaleur. Entre 1988 et 2003, neuf travailleurs des domaines de la construction, de l'agriculture et du milieu forestier sont décédés au Québec des suites d'un coup de chaleur.

Malheureusement, les prévisions climatiques des prochaines années laissent présager une augmentation de la fréquence et de l'intensité des vagues de chaleur. L'Organisation météorologique mondiale définit ces vagues comme un «réchauffement important de l'air (…) de quelques jours à quelques semaines». Or, les vagues de chaleur accentuent un phénomène particulièrement menaçant pendant la saison estivale : les îlots thermiques urbains. «Les villes sont couvertes de grandes surfaces asphaltées et remplies d'infrastructures faites de matériaux qui absorbent l'énergie du soleil», indique Mélissa Giguère, auteure d'une étude sur les initiatives québécoises d'adaptation aux impacts des vagues de chaleur et des îlots thermiques. Cette étude a été réalisée sous la supervision de Pierre Gosselin, affilié à l'Institut national de santé publique du Québec. «Aujourd'hui, les infrastructures ont remplacé la végétation naturelle du territoire et agissent comme des puits qui captent la chaleur, explique la chercheuse. Dans ces conditions, les centres-villes peuvent connaître des températures jusqu'à 5°C plus élevées qu'en milieu rural.» L'utilisation des véhicules routiers, le manque de végétation en milieu urbain et le recours aux systèmes de climatisation contribuent également à l'effet d'îlot thermique dans les villes. De plus, l'effet combiné d'une augmentation de la température et de la combustion de carburants fossiles par les véhicules encourage la concentration malsaine d'ozone troposphérique. La mauvaise qualité de l'air et la chaleur accrue en milieu urbain ont des conséquences sur la demande en eau dans les villes et engendrent des problèmes de santé pouvant être mortels. Le phénomène est inquiétant, compte tenu du fait que 80 % des Québécois vivent en milieu urbain et que la population québécoise est vieillissante.

Lorsqu'il est survenu en 2003, le triste épisode de chaleur à Paris avait fait ressortir de graves lacunes dans la prévention et la réponse aux épisodes de canicule. Les personnes vulnérables n'étaient pas protégées de la chaleur, tant dans les établissements de santé qu'à leur domicile. D'autres lacunes importantes en santé publique avaient été mises en relief : les réseaux d'information étaient déficients, la capacité de réaction était faible et les mécanismes d'intervention rapide brillaient par leur lenteur. Inquiet de ces constatations, l'Institut national de santé publique du Québec a voulu savoir si la province était prête à réagir à de tels événements. Bonne nouvelle : malgré le travail qui reste à faire, le drame semble avoir servi de leçon aux autorités de santé publique du Québec. «J'ai été étonnée de constater que plusieurs initiatives ont déjà été mises en place ou sont initiées dans diverses régions du Québec», dit l'auteure.

Les mesures d'adaptation les plus répandues sont sans aucun doute les plans de mesures d'urgence en cas de canicule. L'auteure a aussi noté l'existence de guides de sensibilisation produits par la CSST ainsi que des outils plus spécifiques pour les secteurs professionnels particulièrement vulnérables à la chaleur : les secteurs forestiers et agricoles. Mélissa Giguère relève également que les personnes âgées vivant sur l'île de Montréal sont relativement bien protégées car la majorité des CHLSD y sont pourvus de systèmes de climatisation.

D'autres mesures, timides dans plusieurs régions, devraient aussi être implantées plus massivement. «La végétalisation des villes peut diminuer considérablement l'effet d'îlot thermique, indique Mélissa Giguère. La foresterie urbaine est gérée par les municipalités, mais actuellement, aucune mesure n'exige qu'elles se dotent de politiques de l'arbre.» L'instauration de toits végétaux n'est pas très prisée au Québec, contrairement à ce qui se fait dans les pays européens tels que l'Allemagne, où 10 % des toits sont végétalisés. Même chose pour les matériaux utilisés en construction. En dépit du fait connu que les surfaces noires peuvent atteindre des niveaux de chaleur dépassant la moyenne de 40°C, aucune norme québécoise en bâtiment n'exige l'utilisation de matériaux plus clairs et réfléchissants.

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Diplômée de la maîtrise en environnement, Mélissa Giguère est l'auteure d'une étude sur les initiatives québécoises d'adaptation aux impacts des vagues de chaleur et des îlots thermiques.
Diplômée de la maîtrise en environnement, Mélissa Giguère est l'auteure d'une étude sur les initiatives québécoises d'adaptation aux impacts des vagues de chaleur et des îlots thermiques.

 

 

 

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