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Liaison, 26 mai 2005

 

 

 


La merveilleuse expérience guinéenne

Isabelle Huard est adjointe au vice-doyen au développement à la Faculté d’éducation et responsable du volet vie sociale et communautaire du Projet d’appui à la mise en œuvre de la réforme de l’enseignement technique et professionnel en Guinée. Entre le 7 et le 14 mai, elle a participé à une mission en sol africain, au cours de laquelle elle a eu le privilège d’assister les artisans de ce projet mené en collaboration avec l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Elle nous livre ici ses impressions de voyage.

Isabelle Huard

Je suis bien arrivée en sol guinéen et mon expérience est déjà extraordinaire. Le vol s’est franchement bien passé. L’arrêt dans la capitale Nouakchott en Mauritanie, en plein désert sur le bord de l’océan, est impressionnant. Le ciel et la terre ne sont que beige à perte de vue, c’en est éblouissant. L’activité principale se rapporte au forage de pétrole. Il fait 40 degrés, avec un fort vent qui fait virevolter le sable. C’est presque incroyable et surtout dépaysant. Je dis «merci la vie» tout haut.

Le dernier droit vers Conakry se fait rapidement, environ une heure. La ville compte maintenant plus de deux millions d’habitants. Dès ma sortie de l’avion, je vois l’un des étudiants venus à l’UdeS l’an dernier. Il m’accueille les bras ouverts, tout sourire. Heureusement qu’il est là car le passage aux douanes est confus et loin d’être fonctionnel. En attendant les bagages, j’aperçois le doyen du groupe, qui a pu lui aussi entrer à l’intérieur de l’aéroport (c’est un privilège qui n’est pas donné à tous). À la sortie, je vois le chauffeur du Bureau d’appui à la coopération Canada-Guinée pour consultants reliés aux programmes de l’ACDI, qui m’accueille avec une affiche à mon nom.

Il y a aussi mon étudiante «préférée», magnifiquement habillée avec son chic boubou jaune et ses bijoux en or, et un autre qui s’exclame :«Maman est enfin arrivée!» Il faut dire que j’arrive ici en pays de connaissance, car nous avons développé une relation privilégiée lors de leur passage à Sherbrooke. Comme c’est bon de les retrouver en sol guinéen, voilà déjà presque un an qu’ils sont revenus à la maison! Je monte dans le 4 x 4 avec le chauffeur et deux des Guinéens en direction de l’hôtel.

Je suis immédiatement plongée en pleine action, il y a tellement d’animation, la circulation est dense et complètement désorganisée, je ris de bon cœur car le chauffeur est vraiment habile dans tout ce boucan! Des klaxons, des gens qui crient dans la rue, attention, ça traverse n’importe où, les enfants, les chèvres, les chiens, wow, j’aime ça! C’est tellement pauvre mais si coloré, il y a des vendeurs partout, des meubles et du matériel sur le trottoir.

Il y a beaucoup de pollution. Je pense à la conscience environnementale qui n’est pas intégrée ici et à toute l’éducation qui reste à faire. La terre est argileuse et c’est très poussiéreux. La pauvreté et la saleté de la ville sont évidentes, nous frappent en plein visage. Mes collègues qui étaient déjà venus avant moi m’avaient prévenue. Le choc est moins pire que prévu. Des pare-brise brisés, ou carrément rafistolés avec du plastique, c’est chose courante ici. Personne ne semble nerveux et les gens sont si élégants dans leurs boubous impeccablement propres. Comment font-ils?

Au rond-point, il y a un attroupement qui déborde dans la rue autour d’un stade extérieur, c’est un match de foot, le sport national. Quel entrain, le Vert & Or serait aux oiseaux d’avoir tant de fans pour l’une de ses parties! Bref, une balade fort animée et divertissante!

Paradoxalement, l’hôtel est une oasis en lui-même. Les chambres et le restaurant donnent directement sur l’Atlantique. J’y ai mangé un délicieux plat africain, avec une bonne bière pression locale, la Guiluxe.

Le soleil se couche vite et tôt surtout, vers 19 h 30 il fait nuit. Le croissant de lune se présente ici en forme de sourire, car nous sommes au tropique du Cancer. Les adaptateurs de prise de courant fonctionnent bien dans ma chambre d’où j’écris ce texte. Heureusement car mon portable me sera utile toute la semaine pour aider les étudiantes et étudiants à synthétiser l’état de leurs recherches sur support informatique. Il manque souvent d’électricité et la connexion Internet avec le reste du monde demeure fragile.

Tous les jours, on a droit à de la pluie et à de forts coups de tonnerre. Premières manifestations de la saison des pluies. J’ai vu plus tôt deux magnifiques pélicans survolant la mer, quel tableau exceptionnel.

J’ai eu droit à une très belle fête dimanche. Mes étudiants m’ont fait un vibrant hommage devant plusieurs membres de leurs familles. Nous avons partagé un beau buffet avec des plats traditionnels, comme du riz gras, du poulet dans une sauce aux tomates et arachides, du manioc (genre de semoule locale), des poissons entiers grillés, des bananes plantain, des ananas, des mangues. C’était la fête, il y avait même de la musique africaine dans la cour d’à-côté, car il y avait un mariage. J’ai reçu en cadeau un beau collier africain, que j’ai mis sur-le-champ.

J’avais pensé leur apporter deux copies du dernier Liaison pour les tenir au courant des nouvelles de leur université. C’était vraiment spécial de les voir lire avec attention ce journal en pleine cour intérieure, à l’ombre des manguiers regorgeant de grosses mangues qui seront prêtes à cueillir et à manger bientôt…

Avec mes yeux de mère, j’ai vu beaucoup de choses qui m’ont secouée. Ici, toutes les mamans portent leurs bébés derrière leur dos dans un bagne, un tissu noué astucieusement qui les retient bien. Beaucoup de gens transportent des choses sur leur tête, des chaudières rayées jaune et bleu remplies de mangues orange, des tas de tissus colorés empilés sur la tête. Les images sont fortes et on se laisse imprégner rapidement.

Je suis allée donner mes premiers cours à l’École normale des professeurs d’enseignement technique et professionnel. Avant d’y arriver, il faut passer par le marché public, ce qui est en soi très difficile et compliqué car il y a des gens, des détritus et de la boue partout, ça parle fort, il y a des poulets vivants dans des paniers, des fruits trop mûrs, du poisson et de la viande crue à ciel ouvert. Ça sent fort et c’est la vraie misère. Je me sens un peu nauséeuse. J’ai pris quelques photos de l’intérieur du 4 x 4. Je suis bouche bée, la larme pas très loin au coin de l’œil. C’est comme «trop» pour moi qui ai le cœur sur la main, naturellement. Le profil-type de la jeune missionnaire en Afrique qui voudrait donc changer ce monde paradoxal et injuste…

Dans la modeste classe de l’école au tableau usé et vétuste, il fait une chaleur suffocante, mais tous les profs sont si attentifs à ce que je leur dit que c’en est touchant. Je leur ai donné un cours sur les techniques de base d’une présentation Power Point (avec ordinateur et projecteur multimédia) et j’appréhendais les résultats car la veille, le courant avait manqué plusieurs fois. Heureusement pour nous, tout a bien fonctionné, je les sentais si friands de NTIC. Nous avons beaucoup à leur apporter et ils nous le rendent bien. J’ai un programme fort chargé en tutorat avec chacun d’eux jusqu’à la fin de la semaine.

Je crois que ce type d’expérience nous permet, à nous universitaires, de réaliser l’importance de notre contribution internationale. L’Université de Sherbrooke est constituée d’une communauté de personnes motivées à changer le monde… Même si cet apport ne constitue qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins de ces gens, il peut faire la différence!

Diaram! (bonjour en peul)

 

Photos : Isabelle Huard

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