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Liaison, 14 avril 2005

 

 
Une excursion avec quelques copains brésiliens sur la plage de Porto de Galinhas.

Une excursion avec quelques copains brésiliens sur la plage de Porto de Galinhas.

 


Du sucre pour les canadiens

Samuel Royer-Tardif
ESF Sabia 2005

Lorsque je suis arrivé au Brésil, la fatigue, la langue et la peur de l'inconnu ont dressé un mur qui me paraissait infranchissable. La langue était la plus grande de mes craintes : comment communiquer avec les gens si je ne les comprends pas moi-même? Or, j'ai été surpris de la rapidité avec laquelle j'ai réussi à m'adapter. Il faut dire que j'ai appris à faire répéter les gens, ce qui est fort utile... Aussi, j'ai vite compris que l'inconnu est en fait ce qui rend les voyages si excitants. Et pour la fatigue, je crois que j'ai eu amplement le temps de me reposer... du moins, mentalement.

Au Brésil, c'est comme si le temps était suspendu. Les gens ne s'inquiètent pas de prendre une heure ou deux pour dîner, ou encore de se reposer le matin avant d'aller à l'école. C'est pourquoi j'ai l'impression de me retrouver, ici. Depuis mon arrivée, j'ai acquis une tranquillité d'âme. Avec son soleil permanent, ses plages aux eaux magnifiques, sa forêt tropicale à la fraîcheur attirante, on a l'impression qu'il s'agit d'un pays parfait.

Mais le Brésil est aussi un pays où la pauvreté est omniprésente et les difficultés, réelles. Dans la ville de Recife, par exemple, des déchets jonchent les rues, des égouts à ciel ouvert répandent leurs odeurs et plusieurs immeubles sont en piteux état. La plupart des cours d'eau de la ville sont envahis de plantes aquatiques et dégagent des parfums peu agréables. Heureusement, la ville recèle des beautés : des plages paradisiaques, des rues aux immeubles parsemés de végétation luxuriante. Le Brésil est un pays de contrastes. On trouve des bidonvilles derrière de riches domaines.

Un soir, alors que j'étais avec un ami sur son balcon, il me dit : «Tu vois les édifices, en face? Ce sont des appartements que seulement 10 % de la population a les moyens de louer. Les autres vivent là, où tu vois les lumières.» Et ce faisant, il me montra du doigt la marée de petites lumières délimitant les quartiers les plus pauvres de la ville. C'est alors que j'ai réalisé la proportion de personnes qui vivaient dans de telles conditions.

Malgré la pauvreté, les gens sont immensément généreux et soucieux de leur prochain. Cependant, plusieurs n'hésiteront pas à dérober vos choses lorsque vous avez une minute d'inattention. Les Brésiliens sont très fiers de nous présenter leur pays, leur région et leurs coutumes, mais ils se découragent facilement en disant que leur pays est pauvre et qu'il est en grande difficulté. J'aimerais tellement pouvoir les persuader du contraire.

Il m'arrive d'échapper à l'effervescence de la ville lors des voyages dans la forêt atlantique. Il s'agit là de la plus belle région du Brésil que j'ai vue. Le matin, les premiers rayons de soleil percent le ciel et la canopée de la forêt, réveillant les cigales qui, dans un concert parfaitement synchronisé, émettent leur premier chant diurne. Mais ici, les cigales peuvent chanter autant qu'elles veulent étant donné qu'elles n'ont pas besoin de faire des provisions pour l'hiver. Le soir, lors du retour au campement après une dure journée de travail, le plus beau des spectacles s'étale devant nos yeux : le soleil qui se couche derrière les montagnes boisées et les champs de canne à sucre.

Lors de ces journées de travail, j'ai eu la chance de travailler avec un garçon de 13 ans qui se nomme Manuel. Si jeune, mais pourtant si débrouillard et d'une aide précieuse. Un adolescent peu bavard, mais qui a un sacré sens de l'orientation, une intelligence foudroyante et qui dans un milieu plus favorable, aurait pu s'assurer un brillant avenir. Malgré tout, il rentre chez lui le soir dans sa maison sans eau ni électricité.

Dans le hameau où nous travaillons, les enfants comme Manuel sont nombreux et curieux. Ils viennent souvent s'asseoir près de nos tentes afin de nous observer, regarder ces Canadiens qui parlent à peine leur langue. Lorsqu'on y réfléchit, on se rend compte que ces enfants ne sont en rien différents des autres enfants. Ils sont curieux, avides de connaissance et bien dégourdis. La seule différence est qu'ils vivent dans des conditions plus difficiles et doivent travailler afin d'aider leurs parents. Car en effet, le travail dans les champs de canne à sucre n'est pas facile. Les hommes se lèvent vers 4 h du matin pour aller travailler de leurs mains dans des champs dont l'inclinaison atteint parfois 60 degrés. Certains troquent leur santé pour un salaire plus élevé afin de donner plus à leurs enfants en traitant les cultures aux herbicides et ce, sans protection convenable. Mais encore ainsi, leur revenu est maigre.

Ainsi, il faut croire que la culture de la canne à sucre n'a pas que des effets sur l'environnement, mais aussi sur la vie des gens. Je crois que je ne regarderai plus jamais mon sucre de la même façon.

Marianne en plein travail.
Marianne en plein travail.

Un champ de canne à sucre avec en arrière-plan un fragment de la forêt tropicale atlantique.
Un champ de canne à sucre avec en arrière-plan un fragment de la forêt tropicale atlantique.

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