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Liaison, 10 mars 2005
À mi-chemin entre le début et la fin du bac :
à la recherche de la motivation perdue
PAULINE LEBLANC, conseillère d'orientation
Tout porte à croire que les trois étudiants que j'ai rencontrés en
consultation dans la même demi-journée dernièrement se connaissaient ou du
moins, s'étaient parlé avant de me voir, j'en suis certaine! Coup sur
coup, ils sont entrés dans mon bureau avec le même air découragé, le dos
rond, les yeux cernés et le teint blême, le sac à dos lourd de volumes et
de cartables bien remplis. L'un après l'autre, ces étudiants de deuxième
année, des Sophomores, comme on les appelle dans les universités
anglophones, ont débuté l'entrevue par quelque chose du genre : «Je ne
sais pas si je veux continuer ou non dans mon programme, je ne sais pas où
ça mène, je ne veux pas occuper le même emploi toute ma vie, j'ai perdu
l'intérêt dans mes études, je remets mon choix de carrière en question.»
Décidément, il y a de la démotivation dans l'air… Mais quelles sont les
causes de ce malaise fréquent au quatrième trimestre et comment y
remédier?
J'pu capable!
À les voir, on devine que ces étudiants en manque de motivation sont
fatigués, tout comme vous, peut-être. Et cela s'explique : on vient de
traverser une semaine d'examen, on a déjà trois sessions ou plus (au
régime coop entre autres) dans le corps, on est tanné de l'hiver qui n'en
finit plus d'avoir l'air du printemps qui lui, n'en finit plus de se faire
attendre. Sans oublier que les découvertes de la première année à
l'université se sont transformées en préoccupations sur l'avenir et le
devenir. Le bac vient à peine de commencer et on se surprend à imaginer
qu'à pareille date dans un an tout sera terminé. Curieuse position, la
mi-chemin… tout bascule du blanc au noir si facilement.
Bien souvent le manque de temps crée une surcharge et un éparpillement
qui, à la longue, démotive aussi. Ma première cliente du matin trouvait
ses semaines tellement chargées qu'elle n'arrivait pas à faire les
lectures demandées.
Un malaise au niveau des méthodes d'études affecte la motivation
également, parlez-en à mes collègues Ginette et Luc qui côtoient
régulièrement des étudiants aux prises avec des difficultés semblables
dans leurs ateliers sur les méthodes de travail intellectuel, les MTI,
comme on dit chez nous.
Quel but?
Un objectif professionnel flou n'aide pas à donner un sens à ses
études. Il n'est pas aisé de se mobiliser quand on se projette
difficilement dans l'avenir. Je rencontre quotidiennement des étudiantes
et étudiants qui cherchent à clarifier leurs choix de carrière.
Inévitablement, quand l'inquiétude de ne pas obtenir un emploi relié à nos
études nous envahit, la motivation en prend un coup. Difficile d'avoir le
goût de se mettre le nez dans les livres quand on a perdu de vue les
raisons personnelles qui nous poussent à étudier. Les effets du manque de
motivation se font vite sentir : on est porté à tout remettre à plus tard
et à plus long terme, c'est l'estime de soi qui en prend un coup.
Aux grands maux les grands remèdes
Dormir, bien s'alimenter, faire des activités sportives et avoir des
loisirs, bref, rétablir un certain équilibre dans votre vie redonne de
l'énergie. Tous ces gestes ont un impact direct sur la façon dont on voit
les choses. Ça marche, je vous en donne ma parole!
Une bonne gestion du temps est la clé pour ne pas se sentir submergé.
Planifier ses activités, respecter un horaire, se donner des objectifs
clairs et réalistes, savoir dire non, établir ses priorités, voilà
plusieurs trucs pour s'aider. À court terme, mettez tout en place pour
terminer la session en beauté. Mon fils vous suggère de «compter les
dodos» avant les finaux, les congés de Pâques, les vacances d'été. Allez-y
étape par étape, ça passe plus vite! Et n'hésitez pas à vous récompenser
pour avoir atteint vos buts, ç'est motivant!
Prendre des notes de façon efficace et se préparer adéquatement aux
examens aide à se sentir à la hauteur. Revoir ses façons de faire, se
regrouper pour étudier et aller chercher de l'aide au besoin contribue à
retrouver le plaisir d'apprendre.
Les blues de la mi-bac vous hantent toujours? Prenez un temps
d'arrêt pour faire le point. Quelles étaient vos motivations à vous
inscrire dans ce programme? Qu'avez-vous aimé de votre formation jusqu'à
présent? Retrouver en soi ce qui donne un sens aux études aide à
poursuivre jusqu'au bout. Explorez le marché du travail, parlez avec des
professionnels dans votre discipline lors de vos stages, qu'est-ce qui
vous plaît dans leur travail? Avoir en tête des images plus claires de ce
qui vous attend sur le marché du travail est, en général, assez stimulant.
Et mes trois étudiants? L'un après l'autre, au bout de 60 minutes
d'entretien chacun, leur lourd sac à l'épaule, ils sont repartis courageux
et confiants, le pas plus léger, ayant réalisé qu'ils avaient le pouvoir
de donner un sens à leurs études, à leurs choix, à leur avenir.
En collaboration avec : le
Service de psychologie et d'orientation
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