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Liaison, 10 mars 2005

 

 
Photo de Simon Larouche au Caire

 

 


Un Québécois et le grand village du caire

Simon Larouche
Étudiant à la maîtrise en histoire 

Voilà deux semaines! Mon départ était le 7 février et il m'apparaît déjà bien loin. Depuis mon arrivée en Égypte, les aventures et les heureuses rencontres se succèdent sans répit, donnant des couleurs éclatantes aux premières semaines de mon long séjour de quatre mois. Je suis ici pour apprendre la langue arabe, mais aussi pour m'initier à la culture d'une nation plusieurs fois millénaire. J'ai eu la chance au cours des derniers jours de découvrir le mode de vie sans pareil des habitants d'une immense ville ou plutôt d'un «gigavillage», le Caire.

La cacophonie des klaxons

Le Caire est une mégapole qui se développe à un rythme effréné. Sa population est estimée à 20 millions d'habitants et ce chiffre ne cesse d'augmenter. Cette ville, fondée au Xe siècle, s'est historiquement déplacée vers le nord. Aujourd'hui, elle croît dans toutes les directions, bravant ainsi le désert qui l'entoure. Les fameuses pyramides de Gizeh sont désormais assiégées par des immeubles. Lorsqu'on se promène au Caire, il faut toutefois oublier les images romantiques des pyramides; le spectacle offert est d'un tout autre ordre. Sur l'immense carrefour de la place Tahrir, les automobiles se disputent l'asphalte avec une inquiétante indifférence des lignes blanches et des piétons. «Ici, les voitures ne freinent pas, elles klaxonnent!» disent plusieurs. Je fige! La cacophonie des «criards» se fait entendre du matin au soir sans que je m'y habitue. Aucune règle ne semble en vigueur. Pour le nouvel arrivant, ce lieu a tous les symptômes du chaos.

Le Caire n'a rien d'une métropole conventionnelle comme New York ou Berlin : la vie ici est celle d'un village où l'ensemble des habitants d'un quartier se connaît. Il y a d'abord l'île cossue de Zamalek et les régions appauvries d'Imbaba et de Boulaq. Depuis mon arrivée, je découvre peu à peu la vie agitée des habitants d'el-Dokki, et plus particulièrement de ceux qui parcourent quotidiennement l'une des importantes artères de ce quartier populaire, la rue marchande de Sulayman Gohar.

J'habite en effet en périphérie de cette rue qui traverse el-Dokki de la même façon que le Nil divise l'Égypte, c'est-à-dire du sud jusqu'au nord. Un grand nombre de rues secondaires et d'habitations dépendent de cette allée peuplée de commerces de tout acabit. Il y a d'abord les boulangeries et puis les différentes boucheries qui étalent sans souci leur viande sur les abords des trottoirs. On retrouve aussi de nombreux fermiers qui vendent fruits et légumes dans des kiosques rudimentaires enchâssés entre les voitures stationnées dans tous les sens. Des éleveurs marchandent également des dindons attachés vivants au sol ainsi que des poulets enfermés dans des cages de bois. Le joyau de Sulayman Gohar est certainement le marchand de jus d'orange, boisson préparée sous vos yeux avec des fruits frais pour un prix dérisoire.

Les journées ne se terminent jamais sur la rue Sulayman Gohar. Les femmes voilées y achètent le nécessaire pour les repas et les hommes se reposent au café du coin, fumant tranquillement le narguilé avec un thé. Les enfants quant à eux chassent sans relâche les chats de gouttière qui trouvent refuge dans les nombreuses ruelles. Chacune des heures de la journée est ponctuée par le chant du coq alors que les muezzins appellent cinq fois par jour les musulmans à la prière. L'antre des mosquées s'ouvre sur la rue, laissant voir ainsi la vive religiosité de ce quartier. Il y a parfois des bagarres sur Sulayman Gohar; la rue s'improvise alors en une arène populaire où les spectateurs hébétés se regroupent en silence pour observer le malheureux spectacle.

Dans ce petit quartier cairote oublié des touristes, je ne suis que l'agnab, c'est-à-dire l'étranger. La couleur de ma peau et mon accoutrement marquent ma différence indélébile! Mes quelques aptitudes en arabe classique ne me sont d'aucun secours puisqu'un dialecte est parlé ici. Ma présence dérange bien sûr certains dans ce quartier populaire, et ils n'ont aucune gêne pour l'exprimer. Ils ne représentent toutefois pas la majorité! Lorsque j'arpente les trottoirs de la rue Sulayman Gohar, il y a toujours quelqu'un pour m'offrir un sincère Welcome in Egypt!

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