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Liaison, 24 février 2005
Conférence de Jean Nicolas
Préparer les chercheurs
aux réalités postdoctorales
ETIENNE SAMSON
À l'occasion de l'ouverture de la 5e Journée de la recherche,
qui s'est tenue au Centre culturel le 9 février, Jean Nicolas, professeur de
génie mécanique et instigateur de l'événement, a livré dans une conférence
ses propositions d'amélioration de la formation et de l'encadrement des
chercheuses et chercheurs des cycles supérieurs.
«Les étudiantes et étudiants au doctorat ne peuvent plus compter comme
autrefois sur un poste de chercheur à l'université à la fin de leurs
études», explique-t-il. Il existe maintenant plus d'emplois à l'extérieur
des universités pour les titulaires de doctorat. Ce sont en effet quelque
70 % d'entre eux qui occuperont un poste en entreprise après leurs études.
Il faut donc dès maintenant, selon lui, que leur formation développe les
qualités recherchées par les employeurs afin qu'ils se démarquent du lot de
finissants qui n'auront à offrir que la connaissance approfondie de leur
sujet de recherche.
Universités et entreprises, des différences
Dans les milieux universitaires, les travaux des doctorantes et
doctorants émanent souvent des demandes de leur directeur de recherche. «On
veut que tout le monde creuse au même endroit!» lance le conférencier. Les
doctorants se retrouvent alors à travailler sur un sujet très précis d'une
recherche plus large, celle de la directrice ou du directeur. Les
entreprises, quant à elles, font appel à des groupes multidisciplinaires
pour se pencher ensemble sur l'élaboration de découvertes répondant à des
besoins précis. Les chercheuses et chercheurs en entreprise doivent donc
collaborer entre eux et trouver eux-mêmes où creuser. Jean Nicolas suggère
donc de décloisonner les disciplines, de faciliter la communication entre
les chercheurs et de développer les processus de collaboration. Il faut
aussi dès l'université habituer les chercheuses et chercheurs à déterminer
les usages pratiques de leurs inventions.
En entreprise, les recherches sont commandées, financées par des sources
auxquelles on doit rendre des comptes et livrer la marchandise dans un délai
prédéterminé. Ce n'est présentement pas le cas des recherches faites sur les
campus. Selon le professeur, si l'on obtient une subvention de trois ans, on
lancera quand même une recherche qui nécessiterait quatre ans d'étude pour
établir des conclusions scientifiques. Aussi, certains étudiants ne se
fixent pas d'échéancier, ce qui entraîne un manque de rigueur dans leurs
travaux. Il faudrait leur donner les moyens d'évaluer les facteurs qui leur
permettront d'établir cet échéancier et les contraindre à le respecter. Jean
Nicolas recommande également de ne pas commencer une recherche si l'on sait
à l'avance que son financement n'est pas complet. On éviterait ainsi le
travail inutile, le découragement, voire le décrochage d'un chercheur qui
aboutit dans une impasse et dont l'obtention du diplôme est retardée.
Comité-conseil
Jean Nicolas propose également d'amener les chercheuses et chercheurs à
élargir leurs horizons et à lever le nez de leurs travaux, ce qu'ils ne font
pas assez, faute de temps. Pour ce faire, il propose la mise en place d'un
comité-conseil dont ferait partie le directeur ou la directrice de
recherche. Ce groupe serait constitué de chercheuses et chercheurs provenant
d'autres disciplines, de travailleurs de différents milieux et d'anciens
étudiants, par exemple, qui apporteraient une vision globale et fraîche sur
la recherche. Le professeur recommande aussi que le comité ne soit pas
présidé par le directeur de recherche, qui risquerait d'orienter les
rencontres selon les intérêts de ses propres recherches.
Ainsi, Jean Nicolas mène depuis quelques années un projet visant à former
une nouvelle génération de chercheurs. Il souhaite développer et implanter
une méthode de formation et des moyens d'encadrement mieux adaptés à la
réalité qui attend les diplômés sur le marché du travail. Les buts
poursuivis visent à former des chercheuses et chercheurs plus compétents
qu'une grande quantité de chercheurs déficients. Ses travaux se basent
notamment sur des problèmes observés à la suite de la collecte
d'informations en 2003 dans les facultés de sciences, de médecine et de
génie. Jean Nicolas a remarqué que les problèmes relevés chez les étudiantes
et étudiants de l'Université de Sherbrooke correspondent à ceux qu'on
observe partout ailleurs. À nous, donc, de prendre les devants en proposant
des solutions efficaces.
Journée de la recherche
La Journée de la recherche représente une belle occasion pour les
étudiantes et étudiants de 2e et de 3e cycle de
partager les fruits de leurs efforts de recherche avec leurs pairs.
L'événement, qui regroupe des chercheuses et chercheurs de bon nombre de
facultés, permet à ses participants de recueillir des commentaires
constructifs, de mesurer l'intérêt du public pour leurs projets et surtout
d'ouvrir leurs esprits sur ce qui se fait ailleurs.
En plus de la conférence de Jean Nicolas, les visiteurs ont pu assister à
la conférence de Sonia Morin, directrice adjointe du Service de la recherche
et de la création, études supérieures et recherche, intitulée Être ou ne
pas être auteure, auteur d'une publication scientifique. Des
présentations orales, des matchs d'improvisation et une exposition
d'affiches de vulgarisation scientifique étaient également au programme. La
journée s'est conclue par une remise de prix et un coquetel.
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Jean Nicolas a su captiver son auditoire à la conférence d'ouverture
de la 5e Journée de la recherche.
Photo SSF : Jacques Beauchesne |