Liaison, 10 février 2005
Chants pour une lune qui dort
Tu respires à peine. Je peux presque entendre le temps déposer sa patine
sur les meubles. La poussière s’immiscer partout. Entre les touches de mon
clavier d’ordinateur. Dans les tiroirs fermés à clé où reposent nos lettres.
Celles, enflammées et lancinantes, que je t’envoyais sur du papier orné d’un
arc-en-ciel.
Pourquoi les gardes-tu? Je suis certaine que tu ne les relis pas. Tu les
préserves rien que pour me compromettre. Un jour. Plus tard. Sait-on jamais.
Je n’ai pas encore osé les récupérer et c’est dommage. Mais les photos
polaroïd, elles, ont été retracées. Et détruites. Personne ne doit voir
jusqu’où je suis descendue pour me faire aimer de toi.
Christiane Lahaie est professeure au Département des lettres et
communications, où elle a dirigé le Centre Anne-Hébert, de 1998 à 2003.
Christiane Lahaie, Chants pour une lune qui dort, Les Éditions
TROIS, 2004, 186 p.
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