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Liaison, 10 février 2005
Rôle du père dans le développement de l’enfant
Avec papa, c’est différent!
STÉPHANIE RAYMOND
Les ateliers de stimulation précoce mère-enfant existent déjà depuis sept
ou huit ans. Alors pourquoi pas des ateliers père-enfant? Parce qu’avec
papa, c’est différent, Guadalupe Puentes-Neuman, professeure au Département
d’études sur l’adaptation scolaire et sociale, a voulu découvrir en quoi le
père jouait un rôle différent dans le développement précoce de son enfant.
Les ateliers de stimulation précoce paternelle Avec papa, c’est
différent! constituent une première au Québec. Le projet se réalise en
deux temps. Une étude est déjà commencée auprès de groupes de pères, afin
d’établir les conditions favorables à la participation de ceux-ci dans les
activités de stimulation de leurs enfants de un à deux ans. «Actuellement,
les pères ne participent pas, ou très peu, aux ateliers de stimulation déjà
existants, parce que la formule n’est pas adaptée pour eux, explique
Guadalupe Puentes-Neuman. Nous devons trouver autre chose que des séances de
chansons et comptines, marionnettes et bricolage. Les hommes se sentent trop
souvent exclus d’activités montées par des femmes. Ils veulent quelque chose
qui leur ressemble, des activités plus physiques, notamment.»
À Sherbrooke et en Montérégie, des groupes de discussion (focus groups)
se réunissent depuis l’automne. «Notre partenaire, Naissance-Renaissance
Estrie, a recruté des pères provenant de milieux habituellement plus
difficiles à rejoindre pour ce type d’ateliers», indique la professeure. Un
colloque aura lieu vers la fin avril, probablement à l’Université, afin que
tous les participants des groupes de discussion donnent leur opinion sur la
teneur préliminaire des ateliers.
Le recrutement des dyades mère-enfant et père-enfant commencera cet
hiver. «Nous tenterons d’avoir de part et d’autre des groupes de huit à dix
enfants, indique Guadalupe Puentes-Neuman. Nous aurons aussi des familles
dont les enfants ne participent pas à des ateliers de stimulation, afin de
pouvoir faire des comparaisons.»
Les ateliers père-enfant seront mis sur pied à l’automne 2005 dans
plusieurs CLSC et organismes communautaires de l’Estrie et de la Montérégie.
Les résultats de ces ateliers seront évalués, puis comparés avec ceux des
ateliers mère-enfant.
Papa plus physique que maman
«Les enfants ont besoin d’un père et d’une mère, affirme Guadalupe
Puentes-Neuman. Les pères doivent intervenir à leur façon auprès de leur
enfant, et pas nécessairement comme les mères le voudraient.»
Des hypothèses sur les résultats de la recherche? «Nous en avons, basées
sur la théorie selon laquelle les pères jouent davantage un rôle dans la
régulation des émotions de l’enfant telles que l’agressivité et
l’excitation, explique la chercheuse. Quand un père joue avec son enfant, il
le stimule physiquement. Mais il ne faut pas qu’il se rende jusqu’au point
où l’enfant se désorganise, et où le jeu devient une véritable bagarre.
L’établissement d’une limite aide l’enfant à contrôler son agressivité. De
plus, le père établit ainsi son autorité. Cela aidera l’enfant à mieux
traverser la période d’opposition et de crises qui survient vers l’âge de
deux ans.»
La mère, elle, agit davantage au plan verbal et cognitif, par des jeux de
rôles, des casse-tête, etc. «Ce qu’on ne sait pas, c’est comment axer nos
interventions auprès du père et de la mère dans les domaines où ils sont le
plus compétents.»
Plus de subventions, SVP!
Guadalupe Puentes-Neuman est membre du GIRDAS, un groupe
interdisciplinaire de recherche qui s’intéresse à l’apprentissage et au
développement de l’enfant. Deux étudiantes à la maîtrise, Stéphanie Breton
et Geneviève Dubuc, ainsi qu’une doctorante, Cynthia Blais, participent
également aux recherches.
Guadalupe Puentes-Neuman a reçu des subventions de 39 500 $ sur un an de
la Direction de la santé publique de l’Estrie ainsi que 76 000 $ sur deux
ans du Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture. Ces
montants ne sont par contre pas suffisants pour assurer le suivi des
familles à long terme, selon la professeure : «Nous aurions besoin de deux
fois plus.»
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Guadalupe Puentes-Neuman croit à l’importance du rôle paternel dans
le développement de l’enfant. Elle mène actuellement des recherches
pour comparer les résultats entre des ateliers de stimulation
précoce menés avec des mères et d’autres réalisés avec des pères,
une première au Québec.
Photo SSF : Roger Lafontaine |