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Un été brésilien
Groupe Sabia Brésil 2005
Écologie sans frontière
Le voyage en avion de 24 heures à partir de l'aéroport de Dorval jusqu'à
Recife, entrecoupé d'escales interminables aux États-Unis puis à São Paulo,
est une première étape difficile pour le groupe Sabia Brésil 2005. Une
fatigue extrême, car l'avion est ce moyen de transport pratique et efficace,
mais inconfortable, où il est impossible de dormir. Enfin, l'avion décrit
quelques boucles au-dessus de l'aéroport de Recife où nous pouvons déjà
avoir un avant-goût de ce qui nous attend. Des palmiers et des cocotiers
parsèment ici et là le paysage, et au loin, une ligne d'un bleu parfait
s'étend à l'infini : l'océan! Au sol, à la sortie de l'avion, une chaleur
étouffante, bien loin de l'hiver québécois! Ici, c'est l'été, et ce sera
aussi une période de festivités : le carnaval! Ça promet et notre
enthousiasme pour ce pays aux mille couleurs se confirme.
L'accueil brésilien
Les Brésiliens sont chaleureux, mais surtout d'une patience étonnante.
Notre courte expérience du portugais dans nos cours ne nous a pas encore
permis d'affronter les mille et un accents des gens unilingues. À combien de
reprises et avec combien de gestes a-t-on tenté d'expliquer et de nous faire
expliquer les choses les plus simples? Le tout sans perdre le sourire et
avec le temps qu'il faut pour le faire... car ici on comprend bien assez
vite qu'une chose ne vaut pas la peine d'être faite si elle ne demande pas
du temps à faire. Mais les retards et la lenteur sont des défauts qui
s'oublient bien vite avec ces gens d'une générosité et d'une bienveillance
incroyable! Ici, au restaurant par exemple, tous les plats se partagent, la
facture aussi! De cette façon, la gêne et la retenue sont punies par cette
autre maxime qui dit que là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir.
Et ici, le plaisir se boit et s'entend. La cachaça, cette boisson
nationale à base de canne à sucre, se jumelle parfaitement avec la
maracatu, une musique rythmée où des percussionnistes de tout âge se
rassemblent autour d'un meneur. Le mélange des rythmes tout à fait insolites
donne le goût de danser!
Après le plaisir : le travail
Le lendemain de notre arrivée : réveil à 5 h (3 h du matin au Québec) et
premier cours à 8 h sur les écosystèmes brésiliens, le tout en portugais :
une compréhension sommaire du discours, une fatigue encore plus profonde qui
ne nous lâchera pas de toute la semaine. Ces cours nous initient aux
merveilles que recèle la mata atlántica, mais surtout aux menaces qui
conduisent actuellement à sa dégradation. L'appellation mata atlántica
concerne toutes les sous-unités d'écosystèmes subtropicaux se trouvant dans
l'axe Rio Grande do Sul à Rio Grande do Norte (à ne pas
confondre avec l'Amazonie). C'est aussi l'endroit où habitent des millions
de personnes et où sont construites les mégapoles de Rio de Janeiro et de
São Paulo.
Repoussée vers l'intérieur par l'urbanisation de la côte atlantique,
exploitée pour son bois d'oeuvre et transformée en immense champ de canne à
sucre, la forêt atlantique suffoque actuellement sous l'action de la
fragmentation. Ce phénomène survient lorsqu'un écosystème se trouve à être
divisé en multiples fragments non reliés entre eux. Privées de tout échange
entre elles, les communautés biologiques de ces sous-unités s'appauvrissent
et certaines plantes et animaux disparaissent. On observe souvent une hausse
de la consanguinité, une augmentation des maladies et une altération des
processus écologiques en bordure des fragments. C'est sur ces sujets
touchant à la dégradation de la mata atlántica que notre groupe
travaillera.
Dès la deuxième semaine, nous partons avec les étudiantes et étudiants
des cycles supérieurs de l'Université fédérale du Pernambuco vers les terres
de Serra Grande, dans l'État d'Alagoas, prendre contact avec la forêt
tropicale et établir nos projets respectifs. Tous les jours, les discussions
s'animent avec ces étudiants qui nous partagent leurs nombreuses
connaissances sur cet écosystème.
Chaque soir, après le souper, c'est la période des séminaires où tous
présentent un article scientifique qui se rapporte à leur sujet et les
hypothèses de leur étude. Samuel et Miriam étudient les effets des fourmis
coupeuses de feuilles sur l'évolution de la forêt, Marianne décrit la
pollinisation par les colibris d'une espèce d'Heliconia et Philippe
étudie l'impact de la fragmentation sur l'apparition de gales d'insectes sur
une espèce de plante de la famille des Rubiaceae.
Le jour est réservé à la prise de données dans une forêt hostile, où
chaleur, carapatos (tiques), guêpes et plantes épineuses se côtoient
pour nous rendre la vie dure. Le retour à la civilisation après deux
semaines nous permet de cicatriser nos légères blessures, question d'être
fin prêts pour le carnaval... (à suivre)
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