7 juillet 2005 (no 20)
16 juin 2005 (no 19)
26 mai 2005 (no 18)
5 mai 2005 (no 17)
14 avril 2005 (no 16)
24 mars 2005 (no 15)
10 mars 2005 (no 14)
24 février 2005 (no 13)
10 février 2005 (no 12)
>27 janvier 2005 (no 11)
13 janvier 2005 (no 10)
9 décembre 2004 (no 9)
15 novembre 2004 (no 8)
11 novembre 2004 (no 7)
28 octobre 2004 (no 6)
14 octobre 2004 (no 5)
30 septembre 2004 (no 4)
16 septembre 2004 (no 3)
2 septembre 2004 (no 2)
19 août 2004 (no 1)
1993-1994 à 2004-2005

Les photos de l'année

Liaison région

Calendrier des parutions 2004-2005

L'équipe des publications Liaison
Liaison recherche
Liaison culturel
Liaison Longueuil
Liaison médias
Information sur Liaison
Pour nous joindre


 

 


 

Liaison, 27 janvier 2005

Les réflexions d’un célibataire

Psychologue invitée : Mélanie Thibault

Quand je vois mon grand ami, nous parlons de nos vies pendant des heures. Lors de notre dernière rencontre, il m’a partagé la difficulté d’être «encore» célibataire après quatre années. Non pas qu’il n’ait rencontré aucune femme durant cette période, mais ce furent souvent des rencontres brèves d’un soir ou de quelques jours qui ne débouchaient sur aucune relation durable. «Avant, j’aimais vraiment cette liberté de pouvoir rencontrer qui je voulais sans vraiment avoir à me poser de question, m’a-t-il expliqué. Mais maintenant que je me sens prêt à plus, je ne rencontre personne qui puisse vraiment m’intéresser et avec qui ça marche.» Nous avons donc exploré ce qui pouvait bien être la cause de cette difficulté qui le rendait triste.

Première prise de conscience

En parlant ensemble, nous avons constaté que mon ami a certaines craintes face à l’engagement sérieux avec quelqu’un. Au début, il me disait : «J’ai peur de me tromper, si jamais il y avait mieux ailleurs.» En creusant un peu plus loin, il a convenu que paradoxalement, il a justement peur de trouver la bonne personne. Cette réponse m’a d’abord étonnée. Puis mon ami m’a expliqué qu’au fond, s’il trouve la bonne personne, une personne qu’il aime beaucoup, il s’attachera à elle et prendra alors le risque de la perdre. «Perdre un grand amour, m’a-t-il dit, serait tellement dur à traverser!»

En fait, nous avons constaté que plus l’amour est grand, plus le risque de souffrir de la perte de cet amour est grand aussi. Alors je comprends pourquoi mon ami a peur de perdre quelqu’un d’important et de souffrir. Il a d’ailleurs perdu un proche ces dernières années, et cette perte lui a fait tellement mal qu’il ne veut pas revivre cette douleur. Depuis, il a développé plusieurs stratégies pour se protéger d’un véritable attachement à une femme et la laisser devenir importante pour lui : il choisit des femmes non disponibles ou déjà en couple. Quand ces dernières manifestent de l’intérêt pour lui, il devient tout à coup très occupé et distant. Bref, tout pour éviter d’être vraiment en relation.

Ça se confirme…

«Mais j’aime aussi ma liberté même si je veux une blonde! a ajouté mon ami. Il me semble que ce serait dur d’y renoncer après toutes ces années. C’est vraiment agréable de sentir que je peux charmer plusieurs femmes, vivre les moments pleins de frissons de la première rencontre sans jamais devoir quelque chose à l’autre.» J’étais un peu surprise, lui qui venait de me dire qu’il voulait vraiment s’engager. Je lui ai alors demandé : «Tu as l’impression que vivre en couple, c’est devoir quelque chose à l’autre?» Il m’a expliqué que la dernière fois qu’il s’était attaché à une femme, il s’est senti responsable de ses besoins et a cherché à lui faire constamment plaisir. Il n’arrivait plus à dire non et se sentait coupable de prendre du temps seul. Il ne se donnait pas le droit de répondre à ses besoins car il était trop occupé à répondre à ceux de sa copine. Toute sa vie tournait autour d’elle. À la fin, il a trouvé la relation lourde et s’est senti pris et étouffé. «Mais pourquoi faisais-tu autant de choses pour elle?» lui ai-je alors demandé. «Je voulais qu’elle reste. Je croyais que si je faisais tout pour elle, elle m’aimerait encore plus et ne me quitterait pas.» On revient encore à cette peur de perdre, d’être laissé. Mon ami se trouve donc devant deux options insatisfaisantes : éviter l’engagement pour être certain de ne rien perdre ou être en relation et se perdre lui-même pour ne pas perdre l’autre. Alors, rencontrer des femmes différentes de temps en temps sans pour autant aller plus loin est une sorte de bon compromis : mon ami comble ses besoins relationnels un minimum sans prendre le risque de s’attacher.

Et maintenant…

Je ne sais pas ce que mon ami fera de ces prises de conscience. Peut-être que le seul fait d’avoir démasqué sa peur de perdre un être cher l’aidera à faire le choix d’affronter cette peur plutôt que de développer toutes sortes de stratégies inconscientes d’évitement. Peut-être aussi découvrira-t-il qu’il porte en lui des blessures liées à des expériences d’abandon dans son enfance, et que sa peur d’être abandonné revit en lui lorsqu’il est en couple. Peut-être craint-il de souffrir autant que dans le passé. J’aurais alors envie de lui dire justement qu’il n’est plus un enfant et qu’il pourra survivre à une rupture. Il a davantage de ressources en tant qu’adulte, alors on ne peut plus vraiment l’abandonner. Fais-toi confiance, mon ami, et prends le risque d’aimer, ça vaut la peine!

En collaboration avec : Le Service de psychologie et d’orientation

Retour à la une

 

LIAISON est une
publication de
l'Université
de Sherbrooke

 

Rédacteur en chef :
Charles Vincent

Local F1-113,
Pavillon J.-S.-Bourque

(819) 821-7388

Liaison@USherbrooke.ca