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Liaison, 25 novembre 2004

Nouveauté livre

Critique invitée : MarIE-HÉLÈNE DESROSIERS
Étudiante en médecine

Les Bruits, Reine-Aimée Côté

Tout d'abord, je me suis heurtée à la couverture. Vert pâle. Une petite image d'oiseaux volant dans ce qu'on imagine être un parc. Sans artifices, d'accord, mais sans âme non plus. J'accroche au passage le nom de l'auteure : Reine-Aimée Côté. Née en Abitibi, elle a publié Le bal des miséreux(1996), recueil de nouvelles, et Haillons de Lune (1997), poésie, aux éditions JCL. Les Bruits est son premier roman, couronné du prix Robert-Cliche 2004. Ça promet, alors je plonge dans l'inconnu.

Disons immédiatement les vraies choses. Les Bruits ne bouleverse pas. Tout au mieux, ce roman dépeint une vie misérable due à une enfance brisée par l'abandon d'une mère, la violence d'un beau-père et le silence d'un demi-frère muet et dépendant. Tout cela avec moult élucubrations littéraires… dont on se passerait bien. Ce roman aurait été poignant avec simplicité. Ici l'auteure a voulu impressionner par de la prose poétique. Le contenu du récit n'est jamais venu m'émouvoir, trop occupée que j'étais à ingurgiter les effets de style.

L'histoire est obscure et ne se dévoile que lentement dans un jeu de kaléidoscope irritant : multiples facettes de la sombre existence de Paul Lajoie. A priori, un lourd mystère semble se tisser autour des divers protagonistes. Puis, après quelques dizaines de pages, on réalise amèrement que ce casse-tête forme en fait une histoire familiale certes ordinaire mais surtout déjà vue.

Les personnages? Paul le narrateur, étouffé par sa rage envers tous ceux qui ont détruit sa vie. Il travaille de nuit, comme concierge. Il lave sa conscience en même temps que les planchers, mais le nettoyage est tout sauf efficace. Pour son ménage intérieur du moins. Les planchers eux étincellent. Léa la mère, à la fois adorée et détestée, aujourd'hui pensionnaire d'un hospice. Du matin au soir, elle découpe des mannequins dans des catalogues en bavant, assise dans sa chaise roulante. Pas qu'elle n'arrive pas à marcher, elle s'en fout c'est tout. Ou peut-être qu'elle est juste folle. En remontant dans le passé à travers les amers souvenirs de Paul, on revit sans émotion véritable l'enfance de celui-ci. On découvre Léa sous un autre jour : la maman ratée devenue la catin d'un homme vieux et riche et la traînée du village, puisqu'elle ne se privait aucunement des plaisirs de la chair avec les autres hommes. Il va sans dire que le jeune garçon se sent abandonné chaque fois que sa mère disparaît avec un de ses amants le temps d'un orgasme. Puis, il y a l'Homme au peu de mots, le beau-père froid. Il est violent, on s'y attendait. Lui aussi, comme les autres hommes, lui vole sa mère pour quelques indécences. Pour Paul, les bruits dans la chambre sont de ceux que l'on n'arrive pas à faire taire, même en se bouchant les oreilles, car l'imaginaire les entretient. Et c'est bien pire. Finalement, naît le fruit de cette union destructrice : Marc-Émile, demi-frère muet qui décédera dans des circonstances douteuses. Paul doit s'occuper de son demi-frère qu'il déteste, puisque Léa les néglige. C'est à ce moment que la haine naît dans le cœur du jeune enfant. Portrait classique.

La conséquence qui découle de ce mal-être intense est sans grande surprise. N'ayant pas reçu d'amour dans sa jeunesse, Paul n'a jamais appris à aimer qui que ce soit. Cliché typique à bailler d'ennui. On comprend aisément pourquoi toutes les relations interpersonnelles de Paul sont dysfonctionnelles, mais ça ne rend pas le personnage plus sympathique pour autant. La suite de l'histoire? Paul développe et entretient une obsession envers une danseuse nue, Cloé. Cette jeune femme devient, sans le savoir, le fruit de fantasmes mortels et soyeux. Dans un de ses délires macabres, Paul trouve une solution pour se libérer de son enfance : tuer la haine qui le gruge en se vengeant de sa catin de mère. Le moyen : assassiner Cloé, alors que des foulards de soie multicolores caresseront son maigre corps. Ce que Paul ne réalise pas encore, c'est qu'aucune mort ne pourra lui rendre sa propre vie à lui! Or, cela est une évidence pour le lecteur qui s'exaspère rapidement de la suite psychologique et prévisible.

N'empêche, si vous appréciez les envolées de mots ainsi que les mélodrames familiaux, ce bouquin vous touchera probablement plus qu'il ne m'a atteint. Il n'a pas gagné le prix Robert-Cliche pour rien, n'est-ce pas?

À lecteur averti, lecture agréable.

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