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Liaison, 11 novembre 2004
La musique (pas toujours) gratuite sur Internet
Chroniqueur : BRUNO LEVESQUE, édimestre
Jusque-là, rien n’avait ébranlé mes convictions. J’étais du camp des
Richard Desjardins et Guy A. Lepage (www.radio-canada.ca/television/toutlemondeenparle)
qui étaient d’accord, lors du Gala de l’ADISQ 2003 (www.adisq.com),
pour dénoncer toute forme de «piratage» des œuvres musicales.
Mais le doute a commencé à poindre lors d’un spectacle des Zapartistes
(www.leszapartistes.com).
Dans un sketch, un jeune se sent coupable et honteux parce qu’il a
téléchargé de la musique sur Internet. Il se traite d’écœurant et de
voleur parce qu’il a privé EMI, Warner Bros. et autres Universal Music de
quelques dollars de redevances... De grandes questions ont alors surgi
dans mon cerveau fertile : qui exploite le plus un artiste, ceux qui
téléchargent sa musique sans lui payer ce qui lui revient ou la ribambelle
de gens d’affaires (imprésarios, gérants, compagnies de disques, agences
de publicité, magasins...) qui privent cet artiste d’un large public en
faisant en sorte que le moindre disque coûte maintenant 20 $? Pourquoi
sont-ce les artistes qui viennent nous faire la morale alors que, au fond,
c’est Pierre-Karl Péladeau (Québécor est propriétaire d’Archambault) et
Ted Turner, le richissime grand patron de l’empire Warner, qui devraient
être les porte-parole de la lutte contre le piratage?
Je ne dis pas qu’il faut télécharger toute la musique qu’on veut. En
fait, je dis simplement que la question est complexe et que la solution
n’est pas évidente. Et que, de toute façon, le phénomène est là pour
rester. Actuellement, un milliard de fichiers musicaux sont disponibles
sur Internet. Il existe environ 100 millions d’internautes qui font 2,6
milliards de téléchargements par mois. Ce n’est sûrement pas avec son
discours moralisateur que l’industrie de la musique va renverser la
vapeur. Elle devra sans doute changer ses façons de faire. C’est
d’ailleurs déjà commencé avec des sites comme iTunes de Apple (www.apple.com/itunes)
et e-Music (www.emusic.com),
où il est possible d’acheter de la musique en ligne.
De la musique gratuite
En attendant, beaucoup de musique continue de circuler sous
le manteau. Il y a d’abord les sites appelés P2P (peer to peer),
comme KaZaA (www.kazaa.com),
Gnutella, (www.gnutella.com)
Morpheus (www.morpheus.com)
et quelques milliers d’autres. Le principe est le même : vous téléchargez
un logiciel qui vous permet d’être en réseau avec des millions d’autres
internautes qui mettent de la musique mais aussi des films, des vidéos,
des logiciels à la disposition de tous.
Depuis janvier 2004, cette pratique ou plutôt la moitié de cette
pratique est illégale au Canada. La justice a légalisé le téléchargement
descendant (download), mais pas le téléchargement ascendant (upload).
Vous pouvez donc aller chercher tout ce que vous voulez, mais vous ne
pouvez rien mettre à la disposition des autres, à moins bien sûr d’être
propriétaire des droits sur l’œuvre que vous offrez.
Il existe aussi des milliers de sites qui mettent de la musique à la
disposition de tous. Quelques-uns possèdent les droits, la plupart ne les
ont pas. Tapez «Madonna mp3» dans Google, vous verrez... Et un conseil :
installez-vous un bon logiciel antivirus! Il y a plus de mauvaises
surprises que de bonnes sur ces sites...
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