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Liaison, 11 novembre 2004
Nouveautés disques
Critique invité : LOUIS-PHILIPPE GRÉGOIRE
Étudiant en communication, rédaction et multimédia
Prototypes,
Danse sur la merde
Titre accrocheur, et la formation Prototypes l'a compris. Fort de son
album sorti en mars dernier, ce trio en provenance de l'Hexagone surfe en
plein sur la vague hype du moment. Ses chansons se situent au cœur
d'un triangle ayant pour frontières le rock, l'électro et le pop. Des
riffs entraînants, une basse dans le tapis et le son marqué d'une boîte à
rythmes se conjuguent dans le but avoué de donner envie de danser sur
autre chose que le boum-boum habituel. On y reconnaît aisément les
influences de groupes phares des années quatre-vingt comme Blondie ou même
Les Rita Mitsouko.
L'album réussit à capter l'attention dès la première écoute et on se
demande pourquoi. Est-ce la voix aigre-douce à l'accent français
d'Isabelle Le Doussal qui pique la curiosité ou bien la simplicité des
textes qui tendent à une adaptation musicale facile? Quoi qu'il en soit,
le charme s'estompe rapidement. On en vient à se questionner quant à
savoir si se faire répéter «fils de bourge» (de la chanson du même nom)
41 fois consécutives sur une période de quatre minutes constitue
réellement une chanson. Pour certains, les textes minimalistes et blasés
que la chanteuse laisse tomber comme une énumération portent les éléments
d'une critique sociale, d'autres n'y voient qu'une lacune créative. Peu
importe la perspective, le tout devient vite redondant. L'amateur du genre
aura tôt fait de se lasser et de retourner à l'écoute de groupes autrement
plus intéressants tels les Franz Ferdinand et The Killers.
Ray Charles,
Ray
Véritable monument, le nom de Ray Charles est associé aux racines de la
musique américaine. On raccroche son style au jazz, au blues, au rock et
au soul. M. Charles s'est vu décerner 12 Grammy au fil de sa carrière et
la grandeur de l'homme dépasse le simple cadre musical. Porté au cinéma et
actuellement sur nos écrans, Ray Charles reprend vie sous les traits de
Jamie Foxx. La trame sonore dérivée du film Ray nous rappelle ou
nous permet de découvrir quelques-unes des plus grandes œuvres de
l'artiste.
Dès les premières notes, il est presque possible de recréer mentalement
l'époque des cabarets enfumés et mal famés où sévissait le jeune artiste
au début des années cinquante. La voix de Ray Charles est riche et
évocatrice. Ce sont les années de ségrégation, de la naissance du rock et
de la diffusion du blues à l'échelle de la planète. Les pièces offertes
proposent un éventail varié allant de la ballade aux arrangements
simplistes de Ray Charles au piano, comme sur Georgia on my Mind,
jusqu'aux gros ensembles de cuivres donnant aux chansons une saveur de
swing, comme en témoigne Let the Good Times Roll.
Bref, un amalgame diversifié qui assure une réécoute, que ce soit dans
un baladeur ou simplement en musique de fond. Toutes les pièces de l'album
sont chantées par Ray Charles et constituent un ensemble qui gagne à être
découvert ou simplement entendu à nouveau, que l'on soit néophyte du genre
ou amateur.
Phénomen,
Pas live à l'Olympia
«Oublié» pendant 14 mois sur les étagères d'une défunte compagnie de
disque, l'album Pas live à l'Olympia du groupe Phénomen nous arrive
finalement en 2004. Six artistes aux parcours des plus hétéroclites (le
chanteur, Vincent Aubry, ayant été affilié à CKMF et mix 96 et le D.J.,
Renzo, ayant donné dans le dance avec Kathleen) joignent leurs
forces pour produire un album de hip hop sans donner dans le côté
glamour à l'américaine. Des textes simples à prendre au premier degré,
ayant la maturité que l'on pourrait conférer à un adolescent de 17 ans
mi-délinquant, mi-bouffon.
Le disque, sans prétention, ressemble plus à un délire d'amis qu'à un
produit destiné à exprimer quoi que ce soit. Sur certaines pistes, des
chansons avec des violons et des airs de rigodon, alors que sur d'autres,
de la guitare avec un fond de tables tournantes. Pour un album qui se veut
sans doute relax, décontract et amusant, l'effet est manqué : on ne
rit pas et les sonorités ont tôt fait de taper sur les nerfs. Le produit a
le mérite d'être clair et bien enregistré, dommage que ce soit pour faire
entendre de telles inepties. Quelques arrangements arrivent à susciter un
intérêt mitigé comme Francofunk ou Le clone est dans ses
feuilles, mais somme toute, c'est bien peu comparé à l'ensemble, et le
disque aura tôt fait de rebasculer dans l'oubli sur une nouvelle étagère.
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