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Liaison, 11 novembre 2004
Première mondiale dans
le traitement des plaies
Moment historique dans le traitement des plaies : Isabelle Reeves,
professeure au Département des sciences infirmières, et sa collègue
infirmière Marthe Plourde, de l'Hôpital Charles-LeMoyne de Greenfield Park,
ont mis au point un traitement unique au monde qui s'est avéré d'une
efficacité remarquable pour le soin des plaies.
STÉPHANIE RAYMOND
Grâce à cette première mondiale, elles ont pu accélérer la guérison des
plaies en réduisant de façon significative les souches de bactéries
associées à tous types de plaies et réduire de façon significative la
morbidité et la mortalité des patients.
Cette révolution leur a valu le Grand Prix Innovation clinique 3M de
l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, reçu le 2 novembre lors du
congrès annuel de l'Ordre des mains du ministre de la Santé et des Services
sociaux, Philippe Couillard. «Nous avions déjà la reconnaissance des
patients; c'est intéressant de recevoir maintenant la reconnaissance de nos
pairs. Ce prix, on le doit à la formidable collaboration de tous les membres
de notre équipe interdisciplinaire en soin des plaies», a affirmé Isabelle
Reeves.
Combinaison de deux traitements
Le traitement développé est en fait une combinaison de deux traitements
déjà existants. Le premier est un pansement d'argent appelé Acticoat. Les
particules d'argent de ce pansement pénètrent dans la plaie et tuent les
bactéries de toutes souches. Au début des années 2000, l'Acticoat n'était
utilisé que chez les grands brûlés. Le deuxième traitement, appelé Vacuum
Assisted Closure (VAC), est un système de succion à pression négative, qui
stimule mécaniquement la fermeture des plaies en accélérant la guérison.
«L'idée de combiner ces deux traitements m'est venue pour un patient de
l'hôpital qui avait une énorme plaie sur le siège, explique Isabelle Reeves.
C'était un patient qui avait déjà reçu de nombreux traitements aux
antibiotiques et qui ne pouvait plus en prendre, selon les microbiologistes,
en raison du très haut risque qu'il développe une souche de staphylocoque
aureus résistant à la vancomycine. Nous avions déjà commencé à utiliser le
VAC avec un résultat positif mais limité par l'infection de la plaie. Comme
j'avais travaillé en recherche chez les grands brûlés, il m'est venu l'idée
de proposer à l'équipe d'utiliser l'Acticoat pour contrôler l'infection.
Suite à l'utilisation combinée de ces deux traitements, le patient s'est
amélioré de façon très significative.»
C'était à la fin 2001. Depuis, les cas de réussite se sont multipliés.
«Nous avons par exemple évité l'amputation pour deux patients qui
souffraient de plaies diabétiques aux pieds. Nous avons aussi évité la
mortalité de patients qui étaient à haut risque de septicémie associée à une
plaie béante.»
Ce traitement s'applique à tous types de plaies : plaies de pression,
plaies chirurgicales, plaies traumatiques, plaies diabétiques et ulcères des
membres inférieurs. Il est d'autant mieux accueilli que les plaies
constituent un problème de santé grandissant en raison du vieillissement de
la population et de l'importance des maladies chroniques. Entre autres, les
infections de plaies inhibent la cicatrisation, accroissent la perte de
tissus sains et augmentent l'utilisation des antibiotiques, ce qui mène à
l'émergence de bactéries multirésistantes.
Une première mondiale
«Nous avons présenté notre traitement pour la première fois aux
États-Unis lors d'un congrès international en 2002. Nos communications sous
forme d'affiches ont été largement reprises par les compagnies qui
fabriquent le VAC et l'Acticoat. Le milieu médical est de plus en plus au
courant et commence à l'utiliser, que ce soit en Amérique du Nord ou en
Europe», indique Isabelle Reeves, qui a déjà intégré le traitement à son
programme d'enseignement en sciences infirmières.
La professeure termine en soulignant la collaboration interdisciplinaire
qui a permis la mise sur pied du traitement : «La direction générale, la
direction des finances et celle des soins infirmiers de l'Hôpital
Charles-LeMoyne ont tous collaboré, de même que nos collègues médecins,
assure-t-elle. Sans ce support, le traitement n'aurait jamais existé.»
L'équipe d'Isabelle Reeves et de Marthe Plourde comprenait également
Francine Benoît, Angèle Bergevin, Chantal Doddridge, Liette Saint-Cyr et
Lyne Tremblay.
Le concours Innovation clinique de l'Ordre des infirmières et infirmiers
du Québec vise à mettre en valeur la contribution clinique des infirmières
québécoises à la qualité des soins offerts à la population, à l'efficacité
des services de santé et à l'avancement de la profession d'infirmière. Les
gagnants régionaux ont mérité une bourse de 500 $, et étaient admissibles au
Grand Prix Innovation clinique assorti d'une bourse de 2000 $. Le concours
bénéficie du soutien financier de la compagnie 3M Soins de santé.
Les critères de sélection des projets sont les suivants : être
nouveaux et originaux en regard de la pratique clinique des soins
infirmiers; démontrer la créativité, le leadership et la contribution des
infirmières en matière de soins dans le contexte actuel des services de
santé; avoir eu des effets tangibles sur la qualité des soins infirmiers,
sur l'efficience des services de santé et sur la satisfaction des clientèles
visées; avoir atteint des résultats en 2003; et finalement, avoir un
potentiel d'exportabilité vers d'autres clientèles ou milieux de soins.
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Isabelle Reeves, professeure au Département des sciences infirmières
et infirmière à l'Hôpital Charles-LeMoyne, a remporté avec son
équipe le Grand Prix Innovation clinique 3M de l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec pour le développement d'un
traitement unique au monde des infections de plaies qui permet de
réduire le nombre d'amputations et de mortalité chez les patients.
Photo : Jacques Frenette |