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Liaison, 11 novembre 2004
Faculté de médecine
Quand le défi est de gérer la croissance
Charles Vincent
La Faculté de médecine connaît une croissance sans précédent. Les
contingents étudiants ont atteint cette année un nombre record, tant aux
programmes en médecine et en sciences infirmières qu'aux études supérieures,
et le budget consacré à la recherche est en hausse constante depuis 1998,
atteignant 23,5 M$ cette année. Comme le souligne le doyen Réjean Hébert :
«La pression exercée sur nos infrastructures est très forte. La Faculté doit
se développer et c'est précisément ce à quoi nous travaillons actuellement.»
En janvier, le doyen présentera un plan stratégique qui donnera les balises
de ce développement, mais déjà plusieurs actions ont été posées.
C'est pour répondre à la demande du gouvernement du Québec, qui depuis
quelques années cherche par tous les moyens de pallier la pénurie
d'effectifs de médecins et d'infirmières, que la Faculté de médecine a admis
cette année plus d'étudiants au programme de médecine et de sciences
infirmières. Elle en a reçu 160 nouveaux, comparativement à 148 l'an passé,
ce qui signifie un total de 550 étudiants aux études médicales prédoctorales,
comparativement à 496 en 2003. L'an prochain, on s'attend à accueillir
170 nouveaux étudiants et étudiantes. Puis, aux études médicales
postdoctorales, le nombre de résidents a crû de 8 % entre 2003 et 2004, le
portant à 420 cette année.
Cette croissance a eu un impact direct sur la demande en locaux. Au cours
des cinq dernières années, la Faculté a dû procéder à des agrandissements à
trois reprises. Mais il n'y a pas qu'au niveau des locaux que l'impact de
l'accroissement des cohortes s'est fait sentir. C'est le cas aussi de la
formation en milieu clinique. «Les organismes d'agrément encouragent les
programmes à offrir une partie de la formation en région et le Ministère
incite les universités à offrir en région plus de 10 % de la formation en
spécialités et plus de 30 % de la formation en médecine familiale», indique
le doyen.
Chaque faculté de médecine à travers le Québec a donc dû accroître le
nombre de milieux de stages dans les établissements régionaux, ce qui ne
s'est pas fait aléatoirement, mais dans le cadre de ce que l'on appelle les
réseaux universitaires intégrés de santé, les RUIS. Suivant cette
organisation, chacune des quatre facultés québécoises s'est vu attribuer un
«corridor de formation» où elle doit veiller à la constitution d'une offre
de formation adéquate.
Le corridor sherbrookois a comme pôle principal l'Estrie et les
territoires adjacents du Centre-du-Québec et de la partie sud-est de la
Montérégie, avec comme institution-phare le Centre hospitalier universitaire
de Sherbrooke. Les pôles secondaires s'articulent autour des Centres
affiliés universitaires, le Centre hospitalier Charles-Lemoyne, à Longueuil,
et le Complexe hospitalier de la Sagamie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean (voir
autre article en page 9).
Par ailleurs, des ententes inter-RUIS assurent à la Faculté de médecine
la conservation de milieux de stages en Mauricie et en Abitibi-Témiscamingue.
Une collaboration qui se fait dans les deux sens, les établissements du RUIS
en Sagamie et en Montérégie pouvant recevoir des stagiaires de l'Université
Laval ou de l'Université de Montréal. Au total, le RUIS de Sherbrooke
possède un bassin de desserte de près de deux millions d'habitants.
Au Département des sciences infirmières, la croissance des cohortes est
devenue une constante. Depuis 2001, l'augmentation de la clientèle et des
programmes représente une croissance des activités de l'ordre de 38 % en
plus de maintenir les différents programmes de perfectionnement pour les
infirmières en exercice. Ainsi, le nombre d'inscriptions est passé de 417
à 486 au cours de la dernière année, tous programmes confondus. À l'instar
des études médicales, cette croissance en sciences infirmières commande un
recrutement accéléré des ressources enseignantes en plus de planifier des
milieux de stage, notamment en Estrie, mais aussi en Montérégie et en
Beauce-Appalaches.
Il n'y a pas qu'au 1er cycle où la pression s'est fait sentir. Cette
année, ils sont 321 à être inscrits dans l'un ou l'autre des 22 programmes
d'études supérieures, comparativement à 279 l'an dernier : 154 à la maîtrise
et 116 au doctorat. Selon le doyen Hébert, cette situation s'explique
principalement par l'embauche de nouveaux professeurs et par le «revampage»
de plusieurs programmes, qui offrent aujourd'hui de nouvelles orientations,
plus attirantes.
Un essor de la recherche
La Faculté de médecine compte 124 chercheuses et chercheurs spécialisés
dans l'un ou l'autre des sept créneaux stratégiques de la Faculté, soit la
pharmacologie, l'imagerie et radiation, la protéomique/génomique/génétique,
la physiologie endocrinienne/digestive/pulmonaire/ostéo-articulatoire, la
gérontologie/gériatrie et la santé communautaire. Au cours de la dernière
année, ils ont cumulé plus de 23,5 M$ en subventions, soit plus du double
des montants recueillis il y a trois ans alors qu'elles totalisaient 9,5 M$.
Selon la vice-doyenne à la recherche, Nicole Gallo-Payet, cette
croissance phénoménale s'explique en grande partie par la cohérence et
l'ancrage au sein de l'institution de deux des trois missions que sont
l'enseignement et la recherche, l'intégration à la recherche clinique
restant encore à développer et à consolider. «Les succès en recherche
fondamentale reposent entre autres sur le regroupement des thèmes de
recherche, de façon à en diminuer le nombre, ce qui améliore les masses
critiques, et donne lieu à plusieurs créneaux d'excellence», ajoute-t-elle.
En effet, ces mesures se traduisent par une croissance sans précédent des
subventions, avec une croissance marquée et soutenue à l'intérieur de
certains domaines de recherche considérés dès lors comme de véritables
créneaux d'excellence. Ces créneaux servent de levier pour attirer nombre de
jeunes chercheurs très performants (plus de 10 en trois ans qui ont obtenu à
la fois leur bourse salariale des IRSC ou du FRSQ et des subventions de
recherche des IRSC et autres organismes prestigieux, ainsi que des
subventions FCI-relève).
Ces succès reposent sur la réunion de conditions gagnantes, notamment
l'accessibilité à des facilités qui offrent un support à la recherche, par
exemple, une animalerie de haute qualité, la collaboration, l'entraide et
l'interaction entre les différents laboratoires, le soutien du Centre de
recherche médicale de l'Université de Sherbrooke et une rémunération
compétitive des chercheuses et chercheurs comparativement aux autres
facultés du Québec.
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