Liaison, 28 octobre 2004

Recevoir une mauvaise nouvelle
Psychologue invitée : LUCIE GAUTHIER
Qu'est-ce que qui se passe?
De manière générale, qu'est-ce qui se passe en nous au plan
psychologique lorsqu'on reçoit une mauvaise nouvelle? A priori, ça nous
surprend et nous déstabilise. Marco a été secoué et déprimé lorsqu'il a
obtenu son résultat d'examen; contrairement à ses habitudes, il recevait
cette fois tout juste la note de passage. Francis, lui, a perdu le nord
lorsqu'il a su que sa nouvelle copine le trompait. Et Marthe s'est
refermée sur elle-même lorsqu'elle a reçu le diagnostic d'une MTS.
L'impact d'une mauvaise nouvelle sur soi est pratiquement toujours en
lien avec la gravité des conséquences que l'on perçoit et, fait étonnant,
c'est rarement la mauvaise nouvelle en soi qui est souffrante. Ce sont
plutôt nos perceptions et nos anticipations par rapport à la mauvaise
nouvelle qui nous perturbent le plus.
Ce n'est pas la faible note de Marco qui est particulièrement
affligeante, mais plutôt son sentiment de ne pas être à la hauteur et son
état déprimé. Francis aurait pu saisir que sa copine n'avait pas les mêmes
valeurs de couple et que le sens de son implication avec elle était à
revoir; il a plutôt décodé qu'on l'avait trahi. Et Marthe a interprété
qu'une MTS était honteux et que dorénavant, les gars se désintéresseraient
d'elle.
La signification que l'on accorde à une mauvaise nouvelle est ce qui
nous perturbe le plus et, souvent, l'effet choc déclenche une attitude
défensive où la tendance première est de rendre les autres ou les
situations responsables du malheur que l'on vit. C'est humain. Cependant,
cette attitude ne nous sert aucunement à tirer la leçon de vie qui nous
serait bénéfique et qui éviterait de répéter continuellement des scénarios
semblables.
Quelle attitude adopter?
Quelle serait la meilleure attitude à adopter lorsqu'on reçoit une
mauvaise nouvelle? Une fois la réaction choc passée, si l'on veut rendre
l'expérience profitable, il faut d'abord accepter l'idée qu'une épreuve
n'est pas uniquement un symbole de malheur, mais qu'elle existe pour nous
apprendre ou nous indiquer quelque chose. Alors, pour tenter de comprendre
le sens constructif de la mauvaise nouvelle, on a avantage à faire une
introspection personnelle honnête afin de percevoir quelle est notre part
de responsabilité dans ce qui arrive. «Pourquoi est-ce que je me fais
subir cela?» «Quelles sont les pensées, attitudes ou décisions prises qui
ont pu occasionner le problème?» On obtient ainsi les réponses dont on a
besoin pour dépasser véritablement la difficulté.
Marco a saisi qu'il prenait ses études trop à la légère : il se fie
uniquement à sa mémoire pour retenir l'information transmise lors des
cours et ne se préoccupe pas d'organiser son temps. Francis a perçu que
son attrait sexuel pour sa copine l'avait aveuglé et qu'il n'avait pas
saisi les signes pourtant évidents chez elle de son manque d'implication
dans le couple. Et Marthe a compris que ne pas oser s'affirmer face à un
homme qui l'attire par peur de lui déplaire ou de le vexer pouvait avoir
des conséquences fâcheuses pour elle.
Comment se reconstruire après une épreuve?
Comment se reconstruire après une épreuve? Y a-t-il une démarche à
suivre? D'abord, recadrer le sens du problème et y percevoir son propre
rôle nous donne d'emblée le pouvoir de le régler et même de le surpasser.
On passe ensuite à l'étape suivante : la métamorphose d'une pensée juste
en une action juste. On peut se demander : «Comment puis-je renverser la
situation?» ou «Comment puis-je faire en sorte que ma situation se
transforme en quelque chose de bénéfique?»
Marco croyait que les cours de méthodes de travail intellectuel
n'étaient pas pour lui. En s'y inscrivant, il s'est offert une chance de
mettre en pratique les stratégies proposées dans ces cours. Il a
maintenant la sensation sécurisante qu'il maîtrise beaucoup mieux sa
matière et la gestion de ses différentes tâches. Francis a vécu la tempête
intérieure avant de trouver l'action juste. Sa peur de se retrouver seul
et de ne plus rencontrer une fille aussi attirante l'amenait à utiliser
toutes les stratégies pour tenter de changer sa copine. Plus il poussait
dans cette direction sans résultat, plus son insécurité et son sentiment
de ne pas être assez aimable ou valable grandissait. Il lui a fallu
réaliser que cette relation le rendait souvent malheureux pour comprendre
qu'il faisait fausse route. Il a alors pris le risque de dire à sa copine
que la fidélité était pour lui une valeur incontournable dans la
complicité amoureuse qu'il recherche; et finalement, il a lâché prise. Il
a perdu sa copine, mais il s'est retrouvé, lui et son amour-propre. Il se
sent en accord avec ses valeurs. Et Marthe a décidé qu'il est important
qu'elle se sente à l'aise de communiquer avant de s'impliquer sexuellement
avec quelqu'un.
Si nous adoptons la bonne attitude – faire ce qui est en notre pouvoir
pour améliorer ou modifier la situation et lâcher prise sur le reste – les
échecs apparents se transformeront manifestement de succès en succès à
plus longue portée.
Et maintenant la récompense. Une fois l'obstacle ou l'échec surmonté,
posez-vous la question suivante : «Est-ce que je peux dégager de cette
expérience une leçon ou un message constructif pour mon évolution?»
Écrivez cette découverte et conservez-la précieusement. Si une autre
mauvaise nouvelle survient, ressortez ce trésor. Relisez-le. Ce sera
peut-être votre porte-bonheur!
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